Il était une fois l'URSS : Le fantastique raid automobile de deux jeunes couples français sur les routes interdites du pays des Soviets
de Dominique Lapierre

critiqué par CC.RIDER, le 22 juillet 2010
( - 66 ans)


La note:  étoiles
La Croisière Rouge
En 1956, deux jeunes reporters de Paris-Match, Dominique Lapierre et Jean-Pierre Pedrazzini, rêvant d'égaler les exploits des grands raids automobiles du début du siècle (Croisière jaune, Larigaudie etc...) décident de traverser l'URSS en pleine guerre froide alors que le rideau de fer s'est abattu à l'Est et qu'aucun touriste ne peut y circuler en voiture individuelle hors des circuits prévus et encadré par des agents de l'Intourist. Ils réussissent à arracher une permission exceptionnelle de Nikita Kroutchev qui vient juste de dénoncer les crimes de Staline et souhaite donner une meilleure image de son pays. A bord d'un magnifique break Simca Marly bicolore 8 cylindres en V, ils vont vivre en compagnie de leurs épouses une aventure exceptionnelle qui les mènera de la Pologne à Moscou, à Kiev en Ukraine et jusqu'au fond du Caucase (où ils seront les premiers et uniques campeurs étrangers) et même à Yalta au bord de la mer Noire. Partout l'accueil du peuple russe sera des plus chaleureux. Nos journalistes, accompagnés de Slava, leur alter ego russe et de son épouse, découvriront la misère et la souffrance des gens du paradis soviétique. La Simca, qui fait l'effet d'une soucoupe volante partout où ils passent, souffrira mille morts par manque d'essence convenable. Nos aventuriers rentreront à Paris juste avant le soulèvement de Budapest et la répression sanglante pratiquée par l'armée Rouge dans laquelle le malheureux Pedrazzini trouvera d'ailleurs la mort.
Un beau livre d'aventures passionnant et palpitant qui nous fait revivre une époque difficile, le temps où les communistes russes croyaient qu'ils allaient rattraper leur retard sur les économies capitalistes, celui où les stakhanovistes faisaient des concours de zèle productif pour hâter la venue du socialisme et malheureusement aussi celui de la pénurie, de l'absence de liberté, des appartements collectifs, des salaires de misère et de la répression sauvage par le KGB. Un arménien, né en France et retourné là-bas par naïveté, embrasse devant eux le fanion tricolore de la Simca, le lendemain, il est envoyé au Goulag au delà du cercle polaire. Il mettra des années avant de pouvoir rentrer en France. Slava qui devait faire le voyage parallèle chez nous ne pourra pas emmener sa femme, gardée en otage pour qu'il ne passe pas à l'Ouest. A son retour, il se retrouvera également déporté en Sibérie pour avoir trop laissé de liberté à ses hôtes. Un livre pour se rappeler un régime qui réussissait à persuader tout un peuple enchaîné qu'il était le plus heureux de la terre. Sans information, sans possibilité de comparaison et dans une sorte de prison à ciel ouvert, ce n'était pas trop difficile. On sait comment tout cela s'est terminé. Souhaitons que cela ne se reproduise plus nulle part, quel qu'en soit l'avatar.