Les Passions interdites
de Blanche de Richemont

critiqué par Dirlandaise, le 19 juillet 2010
(Québec - 69 ans)


La note:  étoiles
Ils ont volé le feu des dieux
Qu’ont en commun des personnages comme Camille Claudel, Diane Arbus, Isabelle Eberhardt, Reinhold Messner, les moines de Tibhirine, Aung San Suu Kyi, Galilée, Oppenheimer, Sade, Gabriel Matzneff, Dostoïevski, Stu Ungar, Arletty, Gabrielle Russier, Rimbaud et Verlaine ? Ce sont tous des êtres qui ont connu une passion dévorante dans leur vie et qui, souvent, se sont laissés consumer par elle. Certains ont survécu mais plusieurs en sont morts, foudroyés par l’intensité avec laquelle ils ont vécu leur vie.

Presque tous ont été ostracisés, condamnés et rejetés par la société des bien-pensants et ils ont essuyé humiliations et injures pour ne pas avoir voulu se conformer aux normes de leur époque et avoir vécu selon leur cœur et leur nature profonde. Car les êtres passionnés ne connaissent pas de limites. Ils suivent leur chemin sans tenir compte du qu’en-dira-t-on, en foulant aux pieds des valeurs respectées par la majorité, s’attirant ainsi les foudres de leurs contemporains. Cette passion qui les consume détruit leur vie et les précipite en enfer dont ils ont bien du mal à revenir quand ils en reviennent.

Blanche de Richemont ne juge pas, elle consacre quelques pages pour chacun et rédige une courte biographie accompagnée de suggestions de lecture. L’article que j’ai préféré est bien sûr celui sur Gabriel Matzneff, rédigé avec une belle pudeur et un soupçon de complaisance. Toutefois, comme je connais bien le personnage, la fin de l’article comporte quelques erreurs d’interprétation que seul un connaisseur peut déceler. Le chapitre sur Dostoïevski, un homme dominé par la passion du jeu, est aussi fort intéressant malgré sa brièveté. J’ai été impressionnée par l’audace d’Isabelle Eberhardt qui a toujours refusé de vivre comme les femmes de son époque. Elle se déguisait en homme pour faciliter ses voyages et assouvir ses fantaisies multiples. La tumultueuse histoire d’amour entre Verlaine et Rimbaud vient clore ce livre consacré à la passion sous toutes ses formes.

Même si les textes sont très courts, Blanche de Richemont a su retenir les faits les plus marquants de ces vies exceptionnelles. L’auteur retranscrit de nombreux extraits de documents, de poèmes et de lettres authentiques ce qui ajoute à la qualité de l’ouvrage. Il reste cependant que c’est trop court mais ce n’est qu’un premier pas vers la découverte de ces êtres uniques, habités par un feu intérieur, un bouillonnement de sentiments, d’excès et d’émotions qui ont rendu leur vie parfois intenable mais souvent tout à fait merveilleuse !

Je suis un peu déçue cependant ce n’est pas tout à fait le genre d’ouvrage auquel je m’attendais.

« Sade est un cri lancé à la face de Dieu. Vingt-sept ans de prison pour avoir buté contre la forteresse morale. Condamné pour son libertinage et ses romans à scandales, son œuvre complète est désormais dans la Pléiade. Après avoir été un proscrit, il est devenu un classique. »

« Gabriel Matzneff a été mis au banc de la société pour avoir aimé des adolescents. Or pour lui, chaque histoire est une aventure sacrée. À travers son penchant pour les moins de seize ans, il revendique la passion de la beauté, de la chair, de l’absolu. Perversion ou esthétisme ? Un amant Pygmalion. Un amoureux sulfureux. »