Infrarouge
de Nancy Huston

critiqué par Jules, le 15 juillet 2010
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Une histoire très bien menée et intéressante
Il se fait qu’il y a un mois j’ai passé cinq jours à Florence et dans la campagne toscane. Je connais bien cette région pour y avoir passé de très nombreux séjours pour mon boulot et cela pendant sept ans environs. A mes yeux une des plus belles régions du monde !

Ceci explique en grande partie la raison pour laquelle j’ai acheté ce livre. Bien m’en a pris ! Il en vaut vraiment la peine.

Renate doit y faire un séjour avec son père et sa belle-mère, Ingrid, la seconde femme de celui-ci . Renate était Canadienne avant que de devenir Française par mariage et photographe de profession pour un journal parisien. Elle a un frère aîné, Rowan, dont elle ne nous parle que peu et tard. Sa mère, Lisa, une Australienne, a quitté son père et ses enfants suite à une histoire pour le moins particulière pour retourner en Australie.. Tout comme elle, avocate spécialisée dans la défense des prostituées ou des femmes en général, elle deviendra une mère et une femme bien souvent absente. Son père, Simon, est un chercheur qui a raté sa carrière. Il vit toujours à Montreal.

Son mari du moment, elle en aura plusieurs, sait à quel point elle redoute ce voyage. Si son père peut apprécier ce séjour et toute la richesse culturelle de la région, il n’en ira pas autant de sa belle-mère avec laquelle elle s’entend plutôt mal tellement elle est inculte et formaliste.

Le titre du livre nous vient de la technique photographique.

Tout au long de celui-ci Nancy Huston va nous donner des chapitres qui auront pour titre des œuvres essentielles de très grands artistes de la renaissance, de bâtiments et de villages. Dans chacun de ceux-ci Renate va se livrer à un dialogue intérieur avec un être abstrait au nom de Subra à qui elle livrera tant ses principaux souvenirs que ses impressions et désillusions familiales devant ces merveilles.

Elle nous parlera des religions, de l’âme, de ses impressions sur les hommes, des civilisations perdues, du rapport mère fils, de la sexualité etc.. Renate est une prédatrice dans ce dernier domaine dont elle profite de la moindre occasion qui se présente ou qu’elle suscite.

Ce dernier point constitue peut-être le seul aspect que l’on puisse un peu critiquer dans le livre. Il prend un peu trop de place et l’entraîne dans des longueurs et des répétitions. Et cela malgré certains passages très bien écrits.

Cela reste cependant un très bon livre !
Un périple florentin qui tourne au cauchemar 9 étoiles

Pour fêter les soixante-dix ans de son père, Rena quarante-cinq ans exerçant le métier de photographe, l’accompagne, lui et sa seconde épouse Ingrid, lors d’un voyage à Florence qui s’annonce bien mais tourne rapidement au cauchemar car Rena a du mal à supporter l’inculture d’Ingrid et le manque de volonté de son père dont elle accepte mal le vieillissement.

Nancy Huston raconte en détail chacune des huit journées de cet affreux périple qui s’avère une véritable torture pour Rena qui compense ses frustrations en discutant avec Subra, une amie imaginaire. Elle lui raconte des souvenirs de son enfance et de son adolescence et aussi, essaie d’analyser ses rêves et de les rendre cohérents.

Un excellent roman qui entraine le lecteur dans un périple florentin fort instructif. L’auteure analyse les relations hommes/femmes avec brio avec ce personnage de Rena, véritable croqueuse d’hommes et très libre sexuellement. Le thème de la maternité, du vieillissement et de la mort font également partie des préoccupations de l’écrivaine. Tout cela est traité avec une touche d’humour et une écriture très vivante et fort colorée. Les anecdotes se succèdent et le voyage est truffé de situations plus ou moins pénibles, de coups de téléphone inattendus, de larmes, de discussions amères, de non-dits, d’amour et de tendresse.

J’ai beaucoup aimé.

Dirlandaise - Québec - 68 ans - 18 avril 2013


Un roman sexuel pénible et décousu 4 étoiles

Ce roman est déconcertant par la non-linéarité de son propos, du caractère avant tout sexuel, voire pornographique, par le prétexte culturel relégué en arrière-plan, par l'évocation d'engagements livrées en vrac, un peu au petit bonheur.

Cette auteure, que j'apprécie pourtant d'habitude pour sa force, sa faculté d'indignation et de conviction, s'est ici fourvoyée dans la facilité et la provocation. Mêmes ses fantasmes semblent multiformes, donc peu précis, outre l'ouverture à une sexualité débridée.

C'est dommage, et assez navrant. Je ne trouve pas quoi spécifier de plus.

Veneziano - Paris - 46 ans - 25 juillet 2012


ENTRE FANTASMES ET VOYAGE 6 étoiles

Rena Greenblatt est reporter-photographe, elle rejoint son père Simon à Florence, ainsi que sa belle-mère Ingrid pour profiter des splendeurs de la Renaissance et de l’art toscan.

Rena, tout au long du récit, est accompagnée d’une compagne féminine imaginaire, Subra, qui joue alternativement les rôles de conscience et de confidente. La visite de Florence se passe plutôt mal, Simon et Ingrid n’éprouvant qu’un intérêt limité pour les sites artistiques florentins.
Durant ce voyage, Rena en accomplit un autre, un voyage intérieur, un passage en revue de ses souvenirs d’enfance, de ses amants, de ses compagnons récents ou plus lointains. Elle expose à Subra, la confidente imaginaire, ce qu’ont été ses rapports familiaux, avec son frère Rowan, qui la contraint à des humiliations diverses, et lui fait subir à l’occasion quelques tortures …

Son père, Simon Greenblatt, a été dans sa période estudiantine, disciple de Timothy Leary, apologue de l’usage intensif du LSD, pour élargir les consciences.
Pourtant, dans ce roman, les vraies victimes, les maillons faibles, ce sont les hommes, dont l’auteure souligne la domination : « Ô, ces voix hommes ! Ces voix d’hommes ! A toute heure du jour et de la nuit, du haut des balcons, des chaires et des minarets du monde entier, elles ont le droit de nous haranguer, de nous harceler, de nous bassiner les oreilles … »
Les quatre compagnons successifs de Rena occupent une place plus équilibrée dans sa vie .Tour à tour, concrétisation d’espoirs de fraternité humaine, composants d’une harmonie planétaire, ils occuperont une place décisive durant ce voyage, celle du dévoilement de la vérité personnelle de Rena, de sa quête : « Fabrice l’Haïtien, Khim le Cambodgien, Alioune le Sénégalais et Aziz l’Algérien sont tous, de par l’insigne générosité de la colonisation française, francophones. »
Ce roman a le mérite d’explorer et de décrire l’origine des conflits familiaux, la complexité des relations entre hommes et femmes.

TRIEB - BOULOGNE-BILLANCOURT - 72 ans - 5 juillet 2012


A mettre de côté 2 étoiles

J'emprunte toujours les livres de Nancy Huston avec une certitude : je vais passer un agréable et divertissant moment de lecture, et j'aurai peut-être même droit, avec un peu de chance, à un style d'écriture simple mais époustouflant.
Cette fois-ci, avec Infrarouge, ça ne s'est malheureusement pas passé ainsi. Les allusions fréquente à l'art de la photographie sont pourtant sympathiques et instaurent un fil conducteur au récit agréable. Mais cela est le seul point positif. On retrouve pourtant l'image chère à N Huston qu'elle exploite et met en scène habituellement si bien : la femme excentrique en quête de liberté et d'épanouissement. L'écrivain accorde trop d'importance aux scènes de sexe entre les 2 amants. C'est souvent peu crédible et surtout passablement ennuyant. Le séjour raté à Florence censé illustrer les différences entre les générations et le mal-être qui peut exister entre les membres d'une même famille est tout autant longuet et sans suspense. Un livre de N Huston à oublier.

Elya - Savoie - 34 ans - 13 avril 2012


À oublier... 4 étoiles

Je ne suis pas fan de Nancy Huston, je ne me suis jamais procuré de livres de cette auteure, ce que j'ai lu d'elle, je l'ai lu de livres empruntés...
Grâce à l'érudition culturelle de l'auteure, j'ai apprécié le survol de la Toscane, la visite de Florence et quelques-uns de ses fabuleux trésors culturels, malgré le peu de plaisir que le guide, elle, y a trouvé!
J'ai surtout apprécié les chapitres vifs et brefs qui ont accéléré la lecture de ce livre que j'ai peu aimé..., un livre qui raconte deux voyages: celui assez désopilant de vacances ratées et celui très sombre, qui explore les liens et les conflits familiaux, les codes féminin et masculin, les archétypes trompeurs, les vérités inavouées...
Le style de l'écriture ne se définit que par une recherche d'effets de style qui m'ont tout simplement horripilée et qui ont annihilé toute émotion, en ce qui me concerne, et d'un érotisme débridé, souvent "hard" qui n'a pas réussi à masquer le traitement superficiel du propos.
Une lecture à oublier...

FranBlan - Montréal, Québec - 81 ans - 3 avril 2011


Bien déçue ……. 5 étoiles

Je me délectais à l’avance de la lecture du dernier opus de Nancy Houston, dont les autres romans avaient toujours suscité chez moi intérêt et émotion .

Las…..j’en sors bien déçue ….. Je n’ai vu dans INFRAROUGE qu’un roman qui , sous couvert de références culturelles , se révèle comme un patchwork alternant avec une régularité pendulaire , scènes du présent de la visite en Toscane et scènes d’un passé douloureux et plein de traumatismes quand il s’agit du passé familial , ou scènes hard quand il s’agit du passé des relations amoureuses .

L’intervention récurrente de Subra , « cette grande soeur imaginaire qui, depuis des décennies, approuve tous ses dires, rit de toutes ses blagues, avale tous ses mensonges et calme toutes ses angoisses » , m’est apparue comme une ficelle littéraire permettant de passer arbitrairement , sans justification, de l’aujourd’hui à l’ hier, et de l’ici à l’ailleurs . Il suffit d’un « raconte …. » pour que se dévide le fil du souvenir .

Le dénouement , certes dramatique, mais qui voit réunies dans une même anxiété Rena et Ingrid, paraît bien romanesque …..

Il reste le portrait d’une femme moderne, libre, proie avant de devenir prédatrice , et l’image négative de la famille, source de mal-être et de névroses .

Bien déçue, mais, heureusement, subsistent le souvenir d’autres romans comme INSTRUMENT DES TENEBRES ou L’EMPREINTE DE L’ANGE ……et l’espoir de retrouver la Nancy Huston , créatrice de personnages écorchés, poignants et pleins d’humanité dans une prochaine œuvre .

Alma - - - ans - 18 mars 2011


infrarouge ou plutot la vie sexuelle de Rena? 2 étoiles

mon titre est provocateur, je l'avoue, mais je n'ai absolument pas accroché! je me suis ennuyée car dans les premiers chapitres, j'ai eu l'impression de ne lire qu'un livre sur la vie sexuelle d'une photographe.
pourtant, on a envie de plus en savoir mais j'ai vite abandonné peut être....

Titia - - 45 ans - 3 janvier 2011


Déception 3 étoiles

J’ai souvent trouvé la production de Nancy Huston irrégulière dans sa qualité. Après un très bon « Lignes de faille » dans la veine de « Dolce Agonia » ou « La virevolte », son dernier roman « Infrarouge » est plutôt à mettre dans la liste des « ratés » !

La trame est mince : un voyage programmé avec père et belle mère, pour les 70 ans de celui-ci, sous les cieux de Florence, par Rena, photographe parisienne, et où la jeune femme affiche son ennui dès le début du séjour.

Nancy Huston nous offre une histoire décousue, dans une Italie superficiellement évoquée, avec des personnages principaux et secondaires sans épaisseur. Cette histoire semble être essentiellement un prétexte à une sorte de « vie sexuelle de Rena G. » qui nous ramène toutes les dix pages à ses souvenirs de maris, amants, amis, frère, souvenirs réduits à leurs seules prouesses ou perversions sexuelles détaillées, ou aux fantasmes actuels de Rena, vite assommants pour le lecteur.
Hormis quelques pages assez réussies sur la condition féminine ou les rapports mère-fils, qui feraient mieux l’objet d’articles journalistiques et qui s’emboîtent là maladroitement à l’histoire, rien de bien passionnant.
Enervante aussi cette petite voix intérieure personnalisée sous le nom de Subra (inversion d’Arbus : Rena est photographe !), procédé maintenant éculé car déjà utilisé dans « Professeurs de désespoir » !..
Quant au style : évoquer platement le changement de protections périodiques dans des toilettes de Toscane ou décrire un banal repas dans un boui-boui italien n’apportent pas grand-chose à la littérature !

J’ai persévéré, toujours dans l’espoir d’un « un peu mieux plus loin ». Ce qui est un peu le cas. La fin du roman est un peu plus intéressante, bien que plombée par trop d'évènements négatifs en quelques pages... pas très crédibles.

Dans l’ensemble ce roman m’a déçue. Je m’y suis ennuyée autant que Rena à Florence !

Francesca - - 69 ans - 20 juillet 2010


je suis fan... 8 étoiles

... de Nancy Huston, qui, comme d'habitude, ne me déçoit pas, au contraire!
Dans ce livre passionnant, elle s'inspire de la figure de la photographe Diane Arbus, Subra dans le roman, la voix intérieure de Renate, avec laquelle elle discute et justifie ses choix.

Elle revient inlassablement, dans ses écrits, sur le thème des relations filiales, la maternité, l'abandon, qui apparemment ont dû la marquer dans son enfance.
Elle structure toujours ses romans de la même façon, par cases, par journées ou par références culturelles dans ce cas, en visitant Florence, dans lesquels elle analyse les situations familiales.
Elle prend une grande liberté (jamais vulgaire) dans les descriptions sexuelles, que son personnage féminin très affranchi
concrétise par des photos prises en "infrarouge".

J'ai aimé la promenade en Toscane, les difficultés relationnelles avec des parents vieillissants et le côté très affranchi de son écriture.

Sottovoce - Bruxelles - - ans - 16 juillet 2010