Un amant très vétilleux
de Alberto Manguel

critiqué par Elya, le 14 juillet 2010
(Savoie - 34 ans)


La note:  étoiles
Biographie originale et humoristique
Lorsque j'ai emprunté ce livre, son titre et sa couverture m'ont fait croire qu'il s'agissait d'un court roman. Un roman où il était question d'amour, sans doute.
Quelle surprise de découvrir dans les premières pages une description de la ville actuelle et passée de Poitiers, largement référencée par des livres d'histoire.

Peu à peu, l'histoire glisse sur la biographie d'un photographe du 19ème siècle, Vasanpeine. Cet homme taciturne s'initie à cet art grâce à un libraire japonais de la cité de Poitiers, et l'exercera dans la pénombre des bains de la ville, jusqu'à ce qu'il croise celle qu'il considérera comme l'amour de sa vie.
Là aussi, la biographie est très référencée, on a même droit à la citation de certains passages du journal intime de Vasanpeine que Manguel nous a sélectionné.

A nouveau, Manguel fait d'un personnage qui pour beaucoup semblerait anodin et insignifiant une personne atypique et curieuse. On pourrait penser que Manguel n'est qu'un intermédiaire entre nous lecteur et le journal du photographe, mais cet intermédiaire a toute sa place puisqu'il ponctue le récit de beaucoup d'humour, ce qui ne paraitrait pas peut-être sans son intervention, tant les retranscriptions paraissent mornes.

Comme d'habitude, la maitrise de la langue que possède Manguel suffirait à faire de ce livre un petit bijou dont on se délecte.
"L'appareil photographique portable lui permettait de matérialiser sa relation au monde en un geste de possession visuelle concrétisé par l'usage de la pellicule, technique qui conférait une réalité physique à l'objet de sa contemplation, le rendant tangible et permanent au lieu de brièvement perçu et toujours évanescent."

Plutôt qu'un roman, un récit biographique qui se rapproche plus de Kipling ou Stevenson sous les palmiers du même auteur que de ses essais révélant la grandeur de la littérature.