Les détectives sauvages
de Roberto Bolaño

critiqué par CptNemo, le 30 juin 2010
(Paris - 50 ans)


La note:  étoiles
De la littérature Sud Américaine, de la bonne
Un livre impossible a résumer, une enquête sur les fondateurs d'un obscur (et fictif) mouvement littéraire mexicain

"Les détectives sauvages" c'est un fascinant roman polyphonique divisé en trois parties : le journal intime d'un poète mexicain Juan Garcia Madero, suivie d'une longue enquête, le coeur du livre, fait de multiples témoignages (53 narrateurs) sur les deux fondateurs du réal viscéralisme puis retour au journal de Juan Garcia Madéro

Dès la première phrase j'ai été capté

"J'ai été cordialement invité à faire partie du réalisme viscéral. Evidemment, j'ai accepté"

et c'était parti pour 900 page d'errance et de quête improbable à travers le Mexique. Toujours à la recherche de quelque chose mais allez savoir quoi.

Poétique, déjanté, drôle, sexuel, désespéré, alcoolisé, fulgurant sont les quelques qualificatifs qui me viennent pour essayer de cerner l'écriture qui porte ce formidable roman.
Une évasion libertaire 8 étoiles

Ce long roman à divers angles de vue nous transporte sur plusieurs pays et continents, pour finalement tenter de trouver un sens à la création littéraire, thème cher à l'auteur, comme j'ai pu le constater à la lecture de 2666. Aussi certains noms, souvent fictifs, sont présents dans les deux oeuvres.
Le réalisme viscéral serait une méthode, et tout à la fois un mode de vie, en vue de maîtriser les arcanes de l'écriture et de la recherche d'un certain type de bonheur. Les personnages sont assez ouverts d'esprit et ne rechignent pas à la découverte, dans tous les domaines.

Ce livre ressemble quelque peu à une traversée initiatique à plusieurs entrées, où la lectrice et le lecteur peut tour à tour se muer en découvreur, témoin d'expérimentation, censeur des bonnes moeurs, militant libertaire, théoricien de la littérature. Il est donc loin d'être inintéressant, même s'il peut déconcerter, à bien des aspects.

Veneziano - Paris - 46 ans - 19 juillet 2012


Un pavé... mais certes pas indigeste 8 étoiles

Roman polyphonique qui retrace le chaos et la quête effrénée d'un jeune poète Juan Garcia Madeiro, accompagné de ses acolytes, poètes réals-viscéralistes, de leur petit nom.

900 pages constituées du journal de Garcia Madeiro à travers le Mexique, entrecoupé de longs témoignages nous faisant entrevoir à plusieurs niveaux la longue errance d'Ulises Lima et Arturo Bellano, fondateurs de ce mouvement poétique.

Un roman - mais est-ce finalement le terme exact de cette oeuvre - qui se lit avec délectation, voire même j'ose le dire, jouissance, dans chacun des mots, chacune des phrases. Une oeuvre que l'on prend le temps de savourer, parce qu'on ne sait pas bien où elle nous emmène, mais on s'y laisse volontiers emporter.

Un livre dans lequel Roberto Bolano nous livre aussi un peu de lui, de son parcours. N'y retrouve-t-on pas une parodie à peine masquée de l'infra réalisme, mouvement poétique mineur dont il sera le fondateur dans les années 70.

4 étoiles pour ce style inimitable.

Lolita - Bormes les mimosas - 38 ans - 22 décembre 2010