Un animal doué de raison
de Robert Merle

critiqué par Frunny, le 26 juin 2010
(PARIS - 59 ans)


La note:  étoiles
L'Homme n'est pas bon .........
Voilà en quels termes Bi - un dauphin savant - répond à son dresseur .
Oeuvre d'anticipation basée sur l'apprentissage du langage humain à 2 dauphins ( Bi et Fa ) à des fins peu avouables .
Ce roman a des qualités pédagogiques importantes ( le comportement des dauphins , leurs qualités intellectuelles troublantes , leur proximité avec l'homme ,...... ) mais nous font principalement poser un oeil " noir " sur l'Homme et la finalité du dressage.
Dans un contexte de " 3 ième guerre mondiale " ; nous réalisons rapidement que ces dauphins deviendraient de redoutables armes de guerre ( capables de poser une bombe sous la coque d'un navire ennemi....... )
On peut s'interroger sur l'intérêt d'un apprentissage du langage aux animaux et sur nos rapports avec la nature.
A découvrir impérativement !
Fa et Bi 9 étoiles

De Robert Merle, je n’avais jamais lu -dans ma jeunesse- que le seul « Malevil ». Non pas parce que ce classique m’avait déplu -que du contraire si je me souviens bien- mais parce que la concurrence des grands auteurs du XXe siècle et des classiques avait été trop forte.

L’autre jour, en quête d’une nouvelle lecture, je trouvai dans ma bibliothèque deux tomes (édités chez Folio) l’un à côté de l’autre sur lesquels les titres « Un animal doué de raison I » et « II » m’ont attiré. Quelle trouvaille !
Car ce roman est vraiment un très bon et beau roman !

Se basant sur des données scientifiques, historiques et techniques, Merle « invente » une série de recherches sur les cétacés, qui auraient été effectuée par un scientifique et toute une équipe. Les buts de Sevilla, le professeur, sont tout d’abord de comprendre les dauphins par leur langage par sonar puis leur apprendre à leur tour à comprendre les humains et leur langue puis apprendre à ces animaux surdoués à parler l’anglais … Là, en effet, nous entrons dans la SF…du moins, on peut toujours le croire en 2018.

Car le challenge de ce roman écrit en 1967 est de nous faire croire à cette « réalité » et ce, dans un contexte d’époque proche de celui qui était lors de la « guerre froide » entre les 2 grands blocs existant après la 2e guerre mondiale. De guerre, il en est justement question car Merle estime que le Monde est proche de sa 3e, celle qui va l’anéantir complètement.
Le professeur Sevilla va donc voir ses recherches subsidiées, orientées, surveillées, espionnées puis finalement utilisées à des usages militaires dramatiques.

L’œuvre est pleine de détails vrais, de personnages historiques connus du lecteur et de théories sur les animaux avérées mais d’autres sont de la pure imagination de créateur et c’est surtout en cela que le roman est intéressant. De plus, il est bourré d’humour, agrémenté de procédé littéraires excellemment attrayants et passionnants. Les références à ces animaux doués (de raison ?) sont magnifiquement mises en valeur.
Pour moi, les moments les plus agréables ont été ceux où les scientifiques sont en train de tenter d’entrer en contact avec les dauphins, quand Sevilla et son équipe jouent, travaillent avec les dauphins Fa et Bi dans le respect et l’amour mutuel. Mais la raison d’Etat va-t-elle l’emporter ?

Donc « à lire », naturellement, même dans une nouvelle édition en 1 seul tome car de plus, certaines théories avancées et certains faits rapportés par l’auteur ne sont pas très éloignés des préoccupations actuelles de notre monde du XXIe siècle. Espérons qu’il n’avait pas vu trop juste !

Ardeo - Flémalle - 77 ans - 19 septembre 2018


Delphino homus. 10 étoiles

Cela faisait une dizaine d'années que je n'avais pas lu un livre de Robert Merle, en l'occurrence le monumental " La mort est mon métier ". Unanimement reconnu comme un inévitable de la culture littéraire, j'avais quelques angoisses à passer à un autre ouvrage. Les aléas m'ont amené à prendre en main et à me réjouir de ce livre. Merle mêle une verve inouïe et une sens du romanesque qui, il me semble font un peu défaut de nos jours. La maîtrise littéraire est indéniable, les portes ouvertes dans l'ouvrage sont saisissantes d'anticipation et de réalisme. Outre l'hypothétique apprentissage de notre langue à un couple de dauphins, Merle anticipe en 1967 les affres de nos démocraties modernes. Les complots, la politique, la religion, la science et l'amour. Merle donne dans cet ouvrage une vision pleine d'espérance de l'homme. Un homme qui ne se courbe pas, qui est digne de ses idées et c'est Sevilla qui incarne le savant désintéressé et humaniste. Merle fait une littérature populaire d'une incroyable intelligence, elle rend plus grand, ouvre l'esprit et donne à réfléchir. Cela verser par une musicalité douce et apaisante. Vraiment emballé par ce livre qui en amènera d'autres sans doute. " Un roman total" comme le dit si bien la quatrième de couverture de l'édition folio de 1989.

Hexagone - - 53 ans - 27 octobre 2010