Je crache sur le christ inné - Etre christ n'est pas être Jésus christ
de Antonin Artaud

critiqué par Jules, le 8 février 2002
(Bruxelles - 80 ans)


La note:  étoiles
Un texte particulier, mais beau !
Ces deux textes ont été écrits en 1947. Ils ont été offerts par Antonin Artaud à un peintre géorgien chez qui il avait logé un certain temps.
Dans une lettre écrite à un ami datant d’octobre 47, Artaud dit s'être occupé d'une « Histoire vraie de Jésus-Christ. »
Vous dire que j’ai tout compris à ces deux textes serait très prétentieux de ma part. Pourquoi j'en fais la critique ? Parce que peut-être quelqu’un de plus intelligent ou de plus érudit saura nous aider à les comprendre. Les ayant découverts la semaine dernière à Paris, j’ai estimé intéressant de signaler leur existence.
Ces textes sont écrits sous la forme de poèmes. D'emblée Artaud nous dit qu'être Christ n'est pas être Jésus-Christ.
Dans l’idée de christ il voit deux choses : un mythe et une histoire. Le mythe vaut ce que de grandes histoires poétiques peuvent valoir, mais il est faux si on l’applique à ce christ vrai qui vécut en Judée.
Il nous dit aussi que l'histoire racontée par ce Jésus-Christ est sans doute vraie, mais elle représente un esprit et non un homme et vient alors un passage que je ne comprends pas, vu qu'un mot essentiel m’échappe tout à fait. Il dit : « car le fond de toute psychurgue magique réside dans son irréductibilité absolue à toute incarnation matérielle possible » Renseignements pris, personne n’a trouvé « psychurgue » où que ce soit.
Une autre belle série de vers dit :
« Si le christ est dieu Il n’a pas besoin de L’utérus d'une Vierge Pour faire le signe Qu'il était
Il était là mais personne N'y avait jamais regardé »
Il poursuit en se disant que ce qui reste de cette histoire chrétienne est que Jésus-christ a peut-être fondé un culte, mais qu'il s’est enfui avant la crucifixion et qu'il a été remplacé par un autre sur la croix. Qui était cet homme ? Un homme qui pensait que la mort n'existait pas, ni dieu, et qu’il n'existait que l’homme qui, lui, avait fait toutes les choses.
Je terminerai ici par une dernière citation :
« Car les choses en sont toujours au même point elles n’ont pas changé, ce sont les
prêtres qui tiennent toujours entre leurs sales mains le gouffre de l'immortalité »
A celui qui me lirait, je voudrais ajouter ceci, qui me semble très important : je ne voudrais pas que l’on puisse interpréter le fait de mettre ce texte sur le site comme une quelconque intention de ma part de vouloir heurter qui que ce soit dans ses convictions. Ce texte n’engage que son auteur et je le mets sur ce site car Antonin Artaud n'était pas n'importe qui, même s'il a pas mal fréquenté les asiles. Nous sommes sur un site de littérature et je pense qu’il peut donc y être comme n’importe quel autre livre.