Le contraire de la mort
de Roberto Saviano

critiqué par Septularisen, le 22 juin 2010
(Luxembourg - 56 ans)


La note:  étoiles
SCENES DE LA VIE NAPOLITAINE...
On ne présente plus Roberto Saviano, l’auteur du livre «Gomorra» (livre porté à l’écran par Matteo Garrone) et qui depuis la publication de cet implacable reportage sur la Camorra, la terrible Mafia napolitaine, vit sous protection policière permanente.

Dans «Le contraire de la mort», il jette un nouveau pavé dans le jardin de la Mafia napolitaine, cette fois-ci sous forme de deux courts textes (que l'on peut lire presque comme des nouvelles) parus dans le journal «Corriere della Sera» en 2007. Les deux courts récits réunis ici, nous plongent dans l’intimité d’un pays «en guerre», où pour échapper à la misère, et au chômage, les hommes n’ont que deux choix : s’engager dans l’armée ou dans la Camorra.

Dans le premier récit «Le contraire de la mort, retour de Kaboul», l’auteur saisit le deuil, la souffrance et la peine de Maria, une toute jeune fille de 17 ans qui pleure la mort de son fiancé, Enzo, tué en Afghanistan. Enzo qui à 21 ans s’était engagé dans l’armée afin de gagner de quoi s’acheter une maison et pouvoir se marier.
En effet, pour lui, comme pour beaucoup de jeunes sans emploi de la ville de Naples, il n'y a que pas beaucoup de solutions pour échapper à la misère... La seule solution est la Camorra et pour échapper à la Mafia, la seule solution est de s’engager comme militaire dans la guerre «légale», la vraie, la professionnelle, au risque bien sûr de ne jamais en revenir…

Dans le second récit, «La bague», Saviano nous présente l’histoire absurde et intolérable de deux jeunes garçons victimes des «escadrons de la mort camorristes». Alors qu’ils sont complètement innocents et ont refusé de faire le jeu de la Mafia deux frères menuisiers, Vincenzo et Giuseppe, se font assassiner à la place d’un autre mafieux dealer de drogue, avec une violence aveugle...
Un crime tout à fait ordinaire et «banal» pour la ville de Naples, dont aucun journal, aucune radio, aucune télévision ne parlera... Comme le fait dire SAVIANO à un de ses personnages : «Il est des lieux où le simple fait de naître est une faute…».

L’auteur de «Gomorra» nous révèle une fois encore, si cela était nécessaire, la férocité de ce monde, et nous fait voir l’insaisissable, le tout dans un style et avec une langue tranchante et visionnaire.

A lire absolument!
Putain de pieuvre 10 étoiles

Quand on pense à Naples, on pense football, Vésuve et mafia. Dans ces deux récits, il n'est question que de mafia.

Dans le premier récit, Roberto SAVIANO nous explique que pour les jeunes napolitains, il n'y a que deux manières pour s'en sortir: S'ENGAGER.

S'engager soit dans la camorra, soit dans l'armée pour alimenter les contingents qui partent pour les conflits (Sarajevo, Liban, Afghanistan). Il montre avec efficacité l’absence d'avenir pour un jeune qui veut juste vivre par son travail.
Il évoque aussi, bien entendu, le sud pauvre par rapport au nord riche, et le besoin des napolitains de quitter le sud pour trouver un semblant de dignité.

Dans le deuxième récit, il montre l'incompréhension qui existe entre le nord et le sud de l'Italie. Une jeune journaliste qui vient à Naples et qui ne peut pas comprendre comment et pourquoi on rentre dans la camorra. A Naples, l'impression que quel que soit son choix de vie, on n'échappe pas à la mafia.

Roberto SAVAIANO signe, à mon avis, une oeuvre majeure sur Naples et son cancer.

Thierry13 - - 52 ans - 11 décembre 2011