Les grands singes
de Will Self

critiqué par Dhom, le 18 juin 2010
( - 37 ans)


La note:  étoiles
L'autre planète des singes
C’est une histoire qui paraîtra familière à tous ceux qui ont lu le fameux livre de Pierre Boulle. Jugez plutôt. Après une soirée bien arrosée, Simon Dykes, peintre londonien en vogue, se réveille chimpanzé dans un monde dominé par les chimpanzés. Les humains ? D’exotiques animaux visibles seulement dans les zoos ou sous les tropiques. La véritable espèce dominante copule en pleine rue, parle avec les mains, mange avec les pieds et montre son cul en signe de soumission à un supérieur.

A part ça, rien n’a changé : Simon reste un artiste reconnu, ses amis, sa compagne sont toujours là… en plus velus. Forcément perturbé, le protagoniste s’engage dans une longue psychanalyse sous la houlette du Dr Busner, un vieux singe persuadé de tenir là une intéressante forme de névrose et de pouvoir aider Simon à assumer sa « chimpanité »…

Où placer la limite entre humain et animal ? Cette limite sépare-t-elle différents types d’êtres vivants entre eux, ou passe-t-elle à l’intérieur de chacun de nous ? Telles sont les questions qui animent ce roman. Comme d’habitude, Will Self se plaît à jeter son personnage dans des situations où ses repères fondamentaux sont brouillés, le forçant ainsi à les remettre en question. Un processus douloureux pour Simon, burlesque et touchant pour le lecteur. Bien sûr, le monde des singes est aussi un miroir inversé du nôtre, support d’une excellente satire des rapports humains et des milieux scientifiques et artistiques.

On pourra néanmoins relever quelques longueurs, et, par moment, certaines facilités de la part de l’auteur (l’énième description d’un accouplement public chimpanzé, certes toujours truculente). Un lecteur exigeant regrettera également que la mise en scène de la société simienne tienne parfois lieu de scénario. Reste un le récit déjanté d’un parcours initiatique, et une bonne réflexion sur ce qui fait l’humain –et le défait.
Houaaa Graaaa ! 10 étoiles

Le plus "punk" des écrivains anglais signe ici une fantastique satire de notre société. Le pauvre Simon Dykes, artiste de renom, se prend soudain pour un humain ! Pauvre chimpe ! Il est confié aux bons soins du professeur Busner qui va tout faire pour lui faire retrouver toute sa chimpanité. Roman truculent et qui, sous des airs de farce, nous donne à réfléchir sur notre monde. Ces singes là ressemblent furieusement à des hommes. Au passage, on remarquera le clin d'oeil appuyé à la Planète des Singes de Pierre Boulle et aux différents films qui en ont été tirés. Un vrai bon moment de lecture à ne cependant pas mettre entre toutes les mains, certaines scènes étant un peu "crues".

Patman - Paris - 62 ans - 13 avril 2012