Souper mortel aux étuves
de Michèle Barrière

critiqué par Neovir, le 14 juin 2010
(Lyon - 46 ans)


La note:  étoiles
Pas assez relevé à mon goût !
L'histoire débute à Paris, le 6 janvier 1393. Un certain Jehan Du Four, riche bourgeois du royaume de France est retrouvé mort égorgé dans les étuves de la rue Tirechappe. Sa jeune épouse, Constance, dévastée par la la perte de son mari (dans un lieu de débauche qui plus est), décide alors de tout faire pour retrouver le meurtrier et le livrer à la justice. Pour ce faire, elle se fait embaucher comme cuisinière par la mère maquerelle qui tient les étuves où Jehan est mort afin d'espionner le trafic qui s'y déroule. S'organise aussitôt un duel culinaire entre la jeune femme et le cuisinier officiel des étuves, Guillaume, qui craint pour sa place et sa réputation...

Voilà pour la petite introduction. Je n'en dirai pas plus, pour ne pas vous gâcher le plaisir de la découverte.

Pour être tout à fait franc, je ne peux pas dire que j'ai aimé ce roman, tout comme je ne peux pas dire que je l'ai détesté non plus. Il possède des qualités qui rendent sa lecture enrichissante, ainsi que des défauts qui finissent par franchement agacer.

Sur le plateau « positif » de la balance, on trouve le voyage initiatique que nous fait faire l'auteur dans le monde culinaire du Moyen-Âge. Au menu : fiches de cuisine et étude historique des mœurs et coutumes gastronomiques de l'époque, avec de précieuses références bibliographiques pour ceux qui auraient envie d'en apprendre plus en allant directement aux sources.
Sur ce point, le lecteur n'est pas floué, on sent que l'auteur connaît bien ce sujet. Si j'ai choisi de lire ce roman, c'est avant tout pour ce retour aux sources de la gastronomie française. J'aime découvrir et surprendre avec des mets qui sortent de l'ordinaire, certes, mais je suis par ailleurs un grand amateur d'Histoire (et d'histoires)... ce qui m'amène au plateau « négatif » de la balance.

On y trouve : une intrigue squelettique, voire fantomatique, et des personnages principaux creux dotés d'une psychologie totalement anachronique (chose rédhibitoire pour moi). L'héroïne, au départ assez sympathique, devient peu à peu au cours de l'histoire un personnage de roman moderne à l'eau de rose, assez niaise et irritante. En un clin d'œil, on assiste à la transformation d'un femme pieuse et dévote qui cherche vengeance en utilisant ses talents culinaires, en une bécasse fascinée par les belles étoffes et obsédée par son jeune amant vigoureux qui sait si bien "satisfaire son intimité soyeuse" au point d'en oublier tout désir de justice... pitié, on sombre dans les clichés les plus misogynes, ce qui est un comble venant de la part d'une romancière.

Comme l'ouvrage dont je parle ici est un roman, et non un précis de gastronomie historique, la balance penche à la fin très fortement du côté négatif. Je me suis ennuyé à la longue, à un point tel que ce petit roman de 300 et quelques pages a traîné 4 semaines sur mon bureau, jusqu'à ce que je me force enfin à le finir... (le dénouement est totalement plat et prévisible qui plus est).

Si vous êtes un passionné de cuisine, et que les saveurs de cette époque vous intéressent, allez directement acheter le « Viandier » de Taillevent ; et si vous êtes amateurs de romans policiers/historiques un peu fidèles aux époques qu'ils prétendent décrire avec de solides intrigues, tournez vous plutôt vers des auteurs comme Paul C. Doherty, Danila Comastri Montanari, ou encore, l'exotisme en plus, Robert Van Gulik.

Ceci n'est pas un polar, mais bien un "roman gastronomique". Amateurs d'énigmes, passez votre chemin.