La route de Los Angeles
de John Fante

critiqué par Chene, le 7 juin 2010
(Tours - 54 ans)


La note:  étoiles
La bourlingue américaine
La saga Bandini commence avec « la route de Los Angeles ». Arturo Bandini c’est ce jeune type mal élevé qui habite avec sa mère et sa sœur et qui vit de petits boulots où il se fait irrémédiablement virer parce qu’il lit dans les toilettes. C’est ce fils d’immigré italien qui veut absolument réussir malgré sa condition de catholique modeste sans avenir. C’est ce bourlingueur amoureux de littérature à la recherche de la liberté et l’amour.

Bien sûr Bandini c’est John Fante. On rit de sa mauvaise foi, de ses colères, de ses échecs, et de ses révoltes qu’il tourne lui-même en dérision.

La route de Los Angeles est le premier roman de John Fante écrit en 1933 et refusé à l’époque par les éditeurs. Il annonce déjà le chef d’œuvre de John Fante « demande à la poussière ».

Mais c’est son grand admirateur, Charles Bukowski, qui nous en parle le mieux : « Un jour j’ai sorti un livre, je l’ai ouvert et c’était ça. Je restais planté un moment, comme un homme qui a trouvé de l’or à la décharge publique ».

Un livre culte pour tous les amateurs de John Fante.
vive Ubu alors vive Bandini 9 étoiles

J’ai pris 15 jours de vacances à la fin août et apporté avec moi un certain nombre de livres qui avaient « un souffle », dont celui-ci que je n’avais pas encore lu malgré tout le bien que je pense de son auteur. En effet il s’agit du premier roman de l’auteur qui avait été refusé et qui est à présent publié pour permettre au fan d’étudier le cheminement intellectuel de l’auteur et à la maison d’édition de faire un peu d’argent. Du moins, c’est comme cela que je l’avais perçu. Erreur !

Si « la route de Los Angeles » a été refusé à l’époque, ce n’est pas parce qu’il n’était pas assez bon, mais seulement trop précurseur ! Il arrive aujourd’hui parfaitement à son époque écrasant tous les autres livres que j’avais amenés avec moi devenus bien fadasses.

Arthuro Bandini a 18 ans, mal à l’aise dans son milieu social et dans son désir des femmes, il répond par de l’arrogance déclenchant en retour le mépris chez les autres. Toujours en porte à faux, se faisant passer pour un écrivain auprès des ouvriers et pour un leader communiste auprès des autres il passe son temps à s’inventer des excuses et des aventures où il tient le beau rôle. Mais ne supportant pas d’être découvert dans ses supercheries, il répond par la violence et des phrases péremptoires qui finissent par « ainsi parlait Zarathoustra ! » ou « je parle au nom de la liberté ! ».

Fante par son écriture instinctive et très orale annonce la Beat Generation.

Extrait : "Un matin, au réveil, j'ai eu une idée. Une idée fumante, grosse comme une maison(...) J'allais trouver un boulot de veilleur de nuit dans un hôtel-voilà une idée. Cela me donnerait l'occasion de lire et de travailler en même temps. J'ai sauté au bas de mon lit, avalé mon petit déjeuner, puis descendu l'escalier six à six. Sur le trottoir, je me suis arrêté quelques secondes pour ruminer mon idée.(...) Je ne pouvais pas trouver de boulot pour cette simple raison qu'aucun hôtel n'employait de veilleur de nuit."

Je regrette que Sundernono n'ait pas apprécier ce livre, je ne dirai pas du mal de sa critique puisqu'il n'est plus là pour se défendre mais lui répondre que ce personnage assez infâme pour notre époque doit être replacé dans le contexte des années 30, soit il y a presque un siècle.


Fante se racontant à travers ses romans, on peut considérer que ce roman est la première partie de « Demande à la poussière ».

Yeaker - Blace (69) - 51 ans - 27 août 2014


Amère déception 2 étoiles

Bon… comment dire… ce livre m’a laissé plutôt dubitatif. Après avoir bien aimé Demande à la poussière et grandement apprécié Rêves de Bunker Hill j’attendais pas mal de choses de cet autre « épisode » de la saga Bandini et quelle ne fut pas ma déception.
Un Arturo détestable, bête, misogyne, mythomane, délirant, voilà ce que nous offre John Fante. Nous le suivons dans sa petite vie minable, ses galères pour trouver du travail, ses délires absurdes. Le chapitre sur ses « femmes de papier » en est le meilleur exemple : grotesque. Sa relation avec sa mère et sa sœur ne le rend que plus détestable. Il est raciste et prétentieux. Son personnage m’a fait penser à Ignatus de la Conjuration des imbéciles mais en plus bête et méchant. Quand on vient de terminer Rêves de Bunker Hill, un roman si humain, si prenant et que l’on enchaîne sur ça, c’est à se demander s’il s’agit du même auteur…
Certes le livre se lit facilement mais franchement est-ce que cela fait de ce livre un bon roman : assurément pas.
J’ai grandement été influencé par les deux critiques précédentes mais je me rends compte que la critique principale parle finalement peu du livre et vante plutôt Demande à la poussière. Quand à la seconde, chacun ses goûts, mais considérer ce livre comme un chef d’œuvre c’est à se demander si nous avons lu la même chose.
Honnêtement pour ceux qui voudraient commencer l’œuvre de John Fante, à mon humble avis il y a bien mieux que ce roman.

Sundernono - Nice - 41 ans - 21 novembre 2013


Parcours initiatique 9 étoiles

Un nouveau chef d'œuvre de la part de l'écrivain américain. Certaines pages sont en effet sidérantes de beauté, la plume de Fante était déjà plutôt affirmée et mon dieu que c'est beau.
Ce roman prend place et a été écrit avant que Fante n'ait une quelconque reconnaissance par ses pairs. Il relate sa relation ambiguë avec sa mère faite de haine et d'amour mais aussi sa sur-sensibilité au monde qui l'entoure, son incompréhension des codes sociaux de la société américaine.

Des passages exceptionnels et un style incomparable, on n'est clairement pas déçu de cette lecture.

Pour moi, et c'est apparemment comme cela que Fante se considère lui-même, cet homme est un écrivain de génie.

Rafiki - Paris - 33 ans - 24 avril 2012