América
de T. Coraghessan Boyle

critiqué par Ori, le 7 juin 2010
(Kraainem - 89 ans)


La note:  étoiles
L’Amérique des riches et des pauvres
T.C.Boyle met à profit ses talents de passionnant conteur pour nous décrire, dans une riche banlieue de Los Angeles, une tranche de vie de deux groupes de héros se côtoyant sans jamais se rencontrer (encore que …)

D’une part, une famille bourgeoise américaine composée du mari, correspondant d’un journal du type nature-écologie, de son épouse, agent immobilier, d’un garçonnet, d’un chat et de 2 chiens.

D’autre part, un couple de mexicains sans-papiers vivant en marge de cette société opulente, dans un dénuement pathétique, à la recherche de petits boulots pour survivre.

En nous déroulant cette histoire, tout à fait contemporaine, l’auteur nous décrit dans une subtile alternance des contraires, la vie quotidienne de chacun de ces deux groupes vivant au voisinage l’un de l’autre : les riches, qui réalisent toute la contradiction existante entre leur idéal de générosité à l’égard du vivant et la nécessité de protéger leur propriété, par grillages et puis mur, contre les possibles incursions de rôdeurs mais aussi du chacal américain, le coyote, tueur de chiens !

Quant au couple qui littéralement crève de faim, dort dans des abris de fortune (buissons, roches de canyon), s'alimente aux poubelles, guette la moindre possibilité de vendre sa faible force de travail à l’abri des contrôles de l’immigration, va jusqu’à laisser naître son bébé dans la boue et le vent, il est également aux prises avec une autre malfaisance, celle des voleurs, violeurs, exploiteurs.

Jusqu’au bout du roman, le lecteur souhaitera la possible rencontre pacifique entre ces deux mondes qui, par nécessité, non par intention, sont si antagonistes …

Une belle et lucide réflexion sur l’insoutenable misère du monde.
Est-ce que les gens naissent égaux en droit? 8 étoiles

T.C Boyle avec ce très beau roman nous raconte la coexistence de deux mondes opposés dans un seul et même lieu Topanga Canyon prés de Malibu: celui des bons citoyens de la classe aisée californienne dans leurs villas hyper-sécurisés et celui nettement moins rose des mexicains immigrés clandestins qui vivent dans des abris de fortune.
On y retrouve l'éternelle injustice, celle des WASP face à de pauvres immigrés clandestins nés sous la mauvaise étoile, de l'autre côté de la frontière, prêts à tout pour obtenir un peu de décence dans leur quotidien (un toit, de quoi manger, etc...).
De chaque côté à cause d'un accident assez grave et de plusieurs incidents regrettables se dressera l'incompréhension, la crainte, la colère, l'impossibilité de communiquer alors que fondamentalement les deux personnages principaux auraient pu être d'excellents amis.
Très bien traité sans aucun angélisme prévisible que l'on pourrait naturellement soupçonner au début, T.C Boyle réussit complètement à transmettre son message humaniste en touchant réellement le lecteur.

Pats60 - - 64 ans - 12 février 2015