Le sommeil d'Eve
de Mohammed Dib

critiqué par FranBlan, le 17 mai 2010
(Montréal, Québec - 82 ans)


La note:  étoiles
Se perdre dans ses rêves...
«Le sommeil d'Eve, c'est la nuit de Loup qui viendra prendre possession de Faïna, l'héroïne de ce roman. Elle croit aimer Solh. Mais c'est ce loup qu'elle aime, car Solh n'a rien de commun avec un loup. (Sait-on jamais ce qu'on est? Mais le loup, sait-il qu'il est un loup?) Et Faïna rencontre la folie. Ils parlent chacun, elle ou lui, pour soi et en l'absence de l'autre. Parfois ils se perdent dans le labyrinthe de leur parole. Parfois sa parole à elle fait de loin écho à sa parole à lui, ou vice versa. Ils se sont parlé aussi, à des moments, mais non pas au moment où ils disent leur histoire. Le sommeil d'Eve, c'est le roman d'une possédée.»

Ce texte de quatrième de couverture fait référence à une édition épuisée ou non disponible de ce titre. Aussi obscure et hermétique cette description puisse-t-elle être, elle ne l'est pas plus ou moins que l'oeuvre qu'elle dépeint...
J'ai aussi lu parmi les recherches que j'ai effectuées dans le but de trouver une formulation exprimant tant soit peu les impressions retenues de cette lecture, une analyse exhaustive d'Aguicha Hilliard intitulée: Le Sommeil d'Ève de Mohammed Dib: Une anatomie de l'amour, de laquelle je cite:
"Certains critiques ont lu Le Sommeil d'Ève comme un roman d'amour-passion, qui va jusqu'à l'obsession destructrice. D'autres, soulignant l'aspect mystique de cet amour, considèrent le roman comme une forme d'initiation mystique dans la tradition soufie, où la femme joue un rôle décisif dans le salut de l'homme."

Je cite ce passage car j'acquiesce avec le fait qu'il s'agisse du récit minimal et tragique d'un amour-passion; l'histoire banale en somme, d'une femme finnoise, mariée, enceinte et qui vit donc parallèlement à cette obsession proche de l'envoûtement, les jouissances et les affres d'une première maternité et qui sombre finalement dans la folie...; et d'un homme, mathématicien travaillant à l'étranger, ostracisé de par ses origines arabes ou musulmanes, de ses yeux sombres... et qui fume le cigare. J'acquiesce aussi avec l'impression, pour moi, agaçante, souvent déplaisante d'un propos soutenu, même si sous-entendu, teinté de mysticisme religieux..., sauf une ou deux allusions littéralement directes à la religion.

Le Sommeil d'Ève, un livre en prose très poétique, d'une grande intensité...,  la rencontre d’une femme avec son destin.
Une héroïne qui se perd dans ses rêves, abandonnant progressivement la réalité et une humble lectrice qui se heurte encore une fois, à un propos trop obscur, trop énigmatique pour être véritablement accessible et apprécié.