Poèmes et poésies
de John Keats

critiqué par Toinou, le 16 mai 2010
( - 32 ans)


La note:  étoiles
"Ici repose celui dont le nom était écrit sur l'eau".
La préface de Marc Porée finit ainsi :
« Ma poésie ne sera jamais bonne à quoi que ce soit ; elle ne couvre pas bien son territoire », confie-t-il le 22 septembre 1819. C’est ainsi qu’il meurt à vingt-cinq ans, s’imaginant n’avoir même pas commencé sa vie.
A son insu, il avait franchi tous les paliers, conquis tous les prix : « Bien écrire est tout de suite après bien agir ce qu’il y a de plus haut en ce monde. »

Keats nait en 1795 à Londres, il se retrouve orphelin à l’âge de 15 ans, son père meurt d’un accident de cheval, sa mère de la tuberculose. Le contexte est posé, Keats sera habité par un mal être, une souffrance inimaginable.
Il découvrira par lui-même la littérature. Il fait également des études de médecine, qu’il abandonne ensuite pour se vouer à l’écriture. A partir de cet instant il fréquente les cercles littéraires, rencontre Shelley et Hunt (avec lequel il entretiendra une longue correspondance). Il doit s’occuper de son frère, atteint de la tuberculose, celui-ci en mourra.
Keats entreprend un voyage en Ecosse avec son ami de toujours Charles Brown. Puis vient l’instant où il rencontre Fanny Brawne, jeune adolescente à laquelle il se voua entièrement, laissant couler sa jalousie maladive, son amour incommensurable (il existe le recueil des lettres adressées par Keats à Mrs Brawne, où on retrouve toute sa poésie, et son goût de l’impossible). Ils se fiancent en 1819, avant que la maladie de Keats prenne le dessus, il est obligé de partir, en Italie, accompagné de John Severn, un peintre (qui réalisera son portrait). Il meurt à Rome, par de terribles souffrances.

John Keats est considéré comme l’un des plus grands poètes romantiques anglais. Je le considère comme l’un des plus grands poètes qu’il m’ait été possible de lire. On y retrouve tout, l’amour de la nature, l’amour des sentiments, de l’antiquité, des passions..
Ses Odes sont magnifiques, exprimant le mal être de Keats, tout comme le mal être universel (mélancolie, amour..).
Endymion, dont on retrouve le premier livre dans le recueil, est superbe, homme amoureux de la déesse de la lune. Le goût de l’impossible.

Je ne saurais vous parler de Keats tellement sa poésie m’a touché. La maladie l’a frappé, l’obligeant à se cloitrer et à regarder le monde à travers les vitres, à regarder Fanny pour qui il éprouve un amour sans limites. Mais son écriture est flamboyante.

« Mon esprit inquiet ne supporterait jamais
De couver si longtemps une volupté,
S’il n’épiait, quoique craintivement
Une espérance derrière l’ombre d’un rêve. »
Tiré d’Endymion.

Keats est mort, mais il résonnera toujours à travers ses mots une passion pour la mélancolie, digne des immenses poètes.
(Il s’est beaucoup inspiré de Shelley, et ce dernier à la mort de Keats lui dédia un poème, Adonais, superbe.)
L'intimité et la grandeur des mots 10 étoiles

Ce que j'ai apprécié le plus dans ce recueil, c'est l'aspect intime qui s'en dégage.
Mon sentiment a été accentué par le fait que beaucoup de poèmes sont des autobiographies déguisées. Ainsi on a l'impression qu'il parle de lui mais aussi de nous, on en éprouve d'autant plus d'empathie, on décèle mieux ses sentiments de tristesse et de mélancolie.
Et même lorsqu'il aborde le domaine mythologique, en faisant parler les dieux déchus dans le poème Hypérion, il montre le tragique de la condition humaine. Il nous délivre aussi des images d'une beauté fulgurante.

Fellenzo - - 50 ans - 1 avril 2011