Nelly Zin, 27 ans, 2 enfants, 3 euros par jour pour nourrir sa famille
de Nelly Zin

critiqué par CC.RIDER, le 15 mai 2010
( - 66 ans)


La note:  étoiles
L'extrême précarité
Nelly est une jeune mère célibataire de vingt sept ans. Elle est mère de deux petites filles et vit dans une extrême précarité. Une fois le loyer et les charges incompressibles payés, il ne lui reste que 3 euros par jour pour nourrir sa petite famille. Mission impossible sans avoir recours aux épiceries sociales et au système D. Elle ne peut pas travailler car il n'y a pas de place en crèche pour garder sa fille et le coût de la garde par une nourrice serait exorbitant vu ses revenus. Comment en est-elle arrivée là ? Elle n'était pas pauvre au départ. Elle s'était mise en ménage avec Eric et tous deux dépensaient sans compter. Ils commencèrent par se retrouver surendettés, puis sans emploi, puis sans domicile. Nelly se retrouva enceinte à deux reprises à cette époque et obligée de retourner vivre chez sa mère. Eric en profita pour l'abandonner sans jamais faire face à ses obligations paternelles.
Une histoire triste et banale : la spirale de la misère, du chômage, du surendettement, celle dans laquelle se débattent 8 millions de personnes dans notre pays. Avec la quasi impossibilité d'accéder à un emploi et des aides sociales insuffisantes, inadaptées voire détournées (ses démêlés avec les banques et avec la CAF sont kafkaïennes). Nelly se retrouve, en dépit de quelques embellies (sortie d'un article dans Paris-Match, parution de ce livre avec une avance de 6000 euros), condamnée à mener une vie d'assistée permanente avec son cortège d'humiliations : contrôles par les services sociaux, infantilisation et dégoût de soi. Un témoignage dérangeant pour ne pas dire bouleversant, bien écrit (à quatre mains avec l'aide de la journaliste qui l'a découverte) quoique sans style particulier, ce qui est habituel pour ce genre de texte. A lire en se disant qu'il suffit de pas grand chose pour que cela arrive à n'importe qui.
Nelly ZIN 10 étoiles

Ce livre est le livre parfait. Il incarne la difficulté pour vivre, les dettes. Nelly a été très courageuse. Elle a su rassurer ses filles, elle a trouvé les mots. Quand on lit ce livre, on se rend compte de ce qui se passe autour de nous, alors qu'avant, on n'y prêtait pas attention. Cette jeune femme a su se battre, respirer un grand coup, et lutter... Pour ses deux filles, Océane et Maëva.
Quelques questions, si Nelly ZIN verrait ce message (même si j'ai très peu de chance):
Qu'êtes-vous devenue ? Vous et vos filles ? Et comment se déroule votre vie ? Et Éric ?

Cordialement, et mes salutations les plus distinguées.

Emilia40 - - 34 ans - 22 mars 2019


Un véritable enfer 10 étoiles

Ce jeune couple, puisqu'ils sont quand même deux au départ, a fait preuve d'insouciance, d'immaturité et surtout d'irresponsabilité dès le début de leur vie commune. Ils se sont irrémédiablement enfoncé dans les dettes sachant qu'ils n'avaient pas d'argent pour s'offrir un minimum de confort. Comme le dit le dicton, ils ont mis "la charrue avant les bœufs" et se sont retrouvés dans une situation inextricable. Ne pouvant faire face à leurs créanciers, leur couple s'est délité (c'est elle-même qui le dit dans son livre) et a fini par voler en éclats, laissant une jeune femme célibataire et maman de deux petites filles dans la misère, et dépendante financièrement de divers organismes sociaux.

Tout ceci est formidablement bien retranscrit dans le livre, l'auteur ne cache rien de ses erreurs. Ce qu'elle a vécu (et peut-être ce qu'elle vit encore à une échelle moindre je l'espère) s'apparente à un parcours du combattant où presque tout est perdu d'avance tellement les obstacles sont nombreux et quasi insurmontables.

Cette misère et cet appauvrissement d'une partie (de plus en plus importante) de la population française fait peur, car personne, hormis quelques privilégiés, n'est à l'abri de se retrouver dans un tel état de précarité.

Et que dire des agissements des organismes bancaires qui s'enrichissent sur le dos de malheureux qui soit ont tout perdu, soit sont dans le besoin extrême. C'est à vomir de honte !!
Petite citation de Caroline Fontaine qui a réalisé la postface, et qui résume bien l'absence totale de scrupule de ces derniers :
"Les banques ont ce pouvoir d'appauvrir les gens, en les tirant vers le bas, tout en leur faisant croire qu'ils bénéficieront d'un répit."

On ne peut laisser les gens dans un tel état de misère, certes il faut aussi faire face et combattre ceux qui profitent du système d'aides sociales mis en place dans notre pays, mais quand l'on s'aperçoit au travers de cette lecture du caractère obsolète de notre système, et de ce qu'il coûte aux contribuables, c'est carrément démentiel. Et dire qu'il existe des solutions durables et moins onéreuses pour réformer et améliorer celui-ci...
Certes cela ne doit pas être facile de se plonger dans la complexité de ces organismes, mais peut-on continuer à fonctionner ainsi encore longtemps ?

Quelle claque !

Ayor - - 52 ans - 24 décembre 2010