Canardo (Une enquête de l'inspecteur), tome 19 : Le voyage des cendres
de Sokal

critiqué par Shelton, le 14 mai 2010
(Chalon-sur-Saône - 68 ans)


La note:  étoiles
Peut-être le meilleur !!!
Et nous voilà déjà avec en main le dix-neuvième album des aventures/enquêtes de Canardo. Je comprends bien que certains ne le connaissent toujours pas, mais pour nous, qui le lisons presque depuis sa création – c’était en 1978 dans (A suivre) – Canardo est devenu un ami. Pourtant, reconnaissons-le, il ressemble plus à un antihéros… Ancien de la police, ravagé par l’alcool, aigri, irritable, macho… Mais, en même temps, attachant avec un je ne sais quoi de bon sens, de logique, d’amitié disponible…

Canardo, le nom l’indique assez, est un animal, un canard, mais dans un univers où tous les personnages sont des animaux. Oui, Benoît Sokal utilise cette méthode bien connue de La Fontaine, pour mieux porter son regard sur notre société… Canardo est aussi Belge ! Benoît Sokal, qui pourtant maintenant vit en France, s’arrange très souvent pour incarner son histoire dans une « belgitude » touchante et pleine de tendresse. Ce sera, d’ailleurs, dans cet album, encore plus réussi que d’habitude ! Ne serions-nous pas même en présence d’une des meilleures aventures de Canardo ? C’est ce que j’aurais tendance à croire…

Tout commence avec une scène outre-Atlantique, le suicide d’un grand responsable de la maffia. Cette scène est d’ailleurs, à elle seule, porteuse de souvenirs, tant elle évoque la fin d’un ministre français… Le testament de notre maffieux est d’une précision diabolique – y compris dans les détails – et va précipiter ses petits-enfants, Harry et Monica, des jumeaux, dans des aventures incroyables…

Il faut dire que Van Bollewinkel était belge et il veut que ses petits enfants aillent répandre ses cendres en Belgique, condition incontournable pour toucher l’héritage ! C’est ainsi que les deux jumeaux vont rencontrer à l’aéroport un certain Canardo, un membre éloigné de la famille, qui sera payé pour les escorter dans leur découverte du pays. Le Grand-père a prévu un circuit initiatique qui permet au lecteur, surtout le non Belge, de découvrir la richesse de cet incroyable petit royaume européen…

Certes, tout le monde n’a peut-être pas intérêt à voir ce voyage se terminer en douceur… Canardo et les jumeaux sont donc aussi accompagnés de leur ange gardien, la nourrice éducatrice, une certaine Frida, gouvernante surprenante… mais diablement efficace. Elle saura prendre notre ami Canardo par le bon côté…

J’ai pris un incroyable plaisir à la lecture de cet album et, loin de s’user, Benoît Sokal donne le sentiment de s’améliorer avec le temps comme le bon vin en cave… La narration graphique est si évidente, si claire, si logique… que l’on se demande même comment il pourrait en être autrement… C’est absolument un incontournable des parutions actuelles, à lire toutes affaires cessantes ! C’est aussi la preuve que Benoît Sokal est un grand du neuvième art… et je trouve que l’on ne parle pas assez de lui. Espérons que cette excellente histoire apporte une petite correction dans ce domaine, il le mérite réellement !
Le gala des emplumés. 9 étoiles

Canardo doit jouer le cicerone pour deux garnements dont le grand père mafieux, belge, exilé aux USA vient de mourir. Les conditions pour toucher l'héritage sont constituées d'un jeu de piste au travers de la Belgique. Semée d'embûches, de canardage, cette aventure sent les moules et la frite, la poudre et enfin c'est cynique et immoral, donc jubilatoire.
Vous ne connaissez pas encore Canardo ? Voici la recette : un zeste de Blacksad, une pincée de Simpson ( surtout dans cet album), une once de Tarentino et une grosse louche de Columbo. Secouez sans précaution le tout et vous obtenez cette exception bédétesque.

Hexagone - - 53 ans - 11 août 2011