Bella Ciao
de Éric Holder

critiqué par CC.RIDER, le 7 mai 2010
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Intimiste et minimaliste
Eric est un écrivain alcoolique à court d'inspiration. Sa femme Mylène ne supporte plus sa dépendance. Sans attendre qu'elle le jette à la rue, c'est lui qui la quitte et tente de mettre fin à ses jours en essayant de se noyer dans l'Océan Atlantique sans y parvenir. Un couple d'Anglais lui prête sa maison et Franck, un voisin viticulteur l'embauche comme ouvrier agricole...
Bref roman intimiste et minimaliste (147 pages), « Bella Ciao » du prolifique Eric Holder se lit aisément et n'est pas inintéressant (on y apprend pas mal de petites choses sur la fabrication des tuteurs de vigne par exemple) même si l'intrigue ne repose que sur des descriptions de scènes de la vie ordinaire d'un monsieur finalement très quelconque.
Un Holder intimiste ! 9 étoiles

Éric Holder (1960-2019) est un romancier français.
Bella Ciao paraît en 2009.

En panne d'inspiration, aux prises avec son vieux démon qu'est l'alcool, Eric devient invivable. Ses 2 enfants ont quitté le foyer familial et Myléna- sa femme- le somme de s'en aller.
S'ouvre alors le long et douloureux chemin de la reconquête. Une vaine tentative de suicide mais surtout le dur labeur d'ouvrier agricole (aux côtés de bucherons et de vignerons). Un travail qui fait souffrir les corps et laisse peu de place à l'apitoiement sur sa personne.
Eric s'accroche, évite les cafés et goûte les rares échanges que lui consent Myléna.

Une oeuvre courte, sensible, poétique et sensuelle. Eric Holder révèle ses failles avec pudeur.
Un roman qui mérite d'être lu pour le seul chapitre 10: une lettre bouleversante adressée à sa fille partie étudier en Argentine. .
Je pense mon avis partisan mais je suis certain que vous serez ému par cet homme à fleur de peau.

Frunny - PARIS - 58 ans - 13 juillet 2020


Récit de la reconquête de soi 9 étoiles

Un récit à la fois sobre et discret par son écriture minimaliste et épurée , mais puissant par la souffrance qu’il sous-entend . Tout est dans le non-dit !

Peu d’éléments sur le sevrage que l’on devine long, solitaire et douloureux , en revanche beaucoup d’informations sur l’immersion volontaire du narrateur dans un travail physique éprouvant et dans l’humiliation continuelle , qui ont pour vertu de le détourner de l’alcool et de l’aider à retrouver l’estime de soi .

Le récit d’un parcours moral qui va de la déchéance à la rédemption, d’un parcours littéraire qui va de l’impuissance à écrire à la reconquête de l’écriture . Dans les premières pages , qu’il rédige au sortir de sa plongée dans l’enfer ,et que Mylena découvre lorsqu’il revient vers elle, il présente celui qu’il était comme un ancien lui-même, mis à distance , qu’il tutoie , qui avait perdu l’aptitude à écrire « j’étais devenu incapable d’écrire une phrase correcte . La deuxième reprenait avec malignité les termes de la première, tâchant de les expliciter, à la manière dont un ivrogne insiste pour être compris »

Eric Holder sait recréer les discussions des bistrots de campagne, montrer leur rôle social et en restituer l’ambiance , il émeut par la lettre qu’il adresse à sa fille où se révèle ce qui semblait avoir disparu en lui, il explose dans la scène où il ose enfin dire ses quatre vérités à son patron, redevenant alors un homme au sens plein du terme .

Un ouvrage juste, pudique et émouvant

Alma - - - ans - 18 mai 2010