Whiteout
de Greg Rucka (Scénario), Steve Lieber (Dessin)

critiqué par Dirlandaise, le 1 mai 2010
(Québec - 68 ans)


La note:  étoiles
Sale endroit pour mourir...
Greg Rucka est un romancier et scénariste de comics américains. Il recherchait un dessinateur capable de bien rendre l’atmosphère glacial régnant en Antarctique et l’a trouvé en la personne de Steve Lieber. Pour résumer un peu l’histoire, nous sommes au Pôle Sud à la base de McMurdo, la plus grande base de la banquise avec une population de 1200 âmes. Le marshal Carrie Stetko, une jeune femme dont le mari est décédé du cancer, est chargée d’y faire régner l’ordre. Mais un jour, un cadavre est retrouvé complètement gelé et inidentifiable car son visage a été becqueté par un manchot empereur. Qui est cet homme et pourquoi est-il mort ? Où sont les autres membres de sa base qui faisaient équipe avec lui ? Ce sont les questions auxquelles devra répondre la policière qui découvrira au cours de son enquête des faits qui la laisseront amère et désillusionnée.

J’ai trouvé le scénario plutôt banal bien que j’aie passé un bon moment de lecture. L’histoire est assez classique et manque d’originalité. Par contre, elle est bien construite et tout à fait crédible. Les personnages sont réalistes, surtout les femmes qui n’ont pas été dessinées d’une façon flatteuse et sexy comme on peut voir souvent dans les bandes dessinées. J’ai beaucoup aimé le personnage de Carrie, cette brunette plutôt petite possédant un caractère bien trempé et la capacité de se battre comme un homme. Elle est une des seules femmes de la base et doit subir l’attention souvent déplacée des travailleurs et parfois, elle pète les plombs et les remet vertement à leur place. Cela me rappelle un peu l’agent Ripley dans Alien trois ou quatre je ne me souviens plus. L’atmosphère de la base antarctique est bien rendue et l’auteur s’est bien documenté sur les conditions de vie et les effets du froid sur l’être humain soumis à de telles températures pendant de longs mois. J’ai aimé les informations concernant le climat du Pôle Sud. C’est très impressionnant de lire que des températures de moins cinquante degrés ne sont pas une rareté dans ce coin du monde.

Pour les dessins, c’est du noir et blanc. Encore une fois, pas d’originalité mais du classique. De belles textures cependant pour faire ressortir le froid et la neige. Le style est bien américain et reconnaissable dès les premières planches. Pour la couverture, je ne comprends absolument pas car elle n’a aucun rapport avec les personnages. Je crois que c’est avant tout pour faire vendre l’album car le marshal Stetko ne ressemble pas du tout à cette belle jeune fille donc c’est assez trompeur et peu représentatif du contenu.

Pour conclure, c’est un album qui plaira aux amateurs d’aventures dans le grand froid et d’enquêtes policières classiques.

« La banquise est l’endroit le plus exposé sur terre. Des vents tournants, soufflants du plateau polaire vers l’océan. Fort. 320 kilomètres à l’heure parfois. Avec ce type de vent givrant, la température tombe dans les négatifs à 3 chiffres. Le vent balaie la neige qui gît sur la banquise depuis des centaines d’années, la soulève dans l’air. Ça annule toute visibilité. Vous ne voyez pas à dix centimètres, ne pouvez pas distinguer le sol du ciel. On appelle ça un « whiteout », un grand blanc. Les gens meurent gelés dans ce grand blanc… des corps sont retrouvés à un mètre du salut et de la chaleur…morts parce qu’ils ne pouvaient pas distinguer une putain de porte. »
Féminitude des glaces 6 étoiles

WHITEOUT parle d'une énigme policière prenante dans une base de l'Antartique. L'enquêtrice est une femme et sa collègue aussi: on rejoint beaucoup en atmosphère le film "The Thing", qui a mon avis était mieux gaulé car malheureusement beaucoup des thèmes de WHITEOUT partent dans le blanc, très vite balayés, alors que ce sont des éléments majeurs qui pourraient servir à comprendre.

Par contre l'héroïne est très courageuse mais je ne vois pas ce qui aurait manqué si elle avait été une bimbo - il y en a d'intelligentes qui savent tisser tranquillement, n'est-ce pas ? de plus dans cette BD on montre surtout la cruauté marquée de ce territoire et plus si affinités mais une fois que la tempête est passée l'intensité baisse rapidement en puissance et les humains deviennent silhouettes une fois que le rien est redevenu rien...

Donc à force de vouloir ressentir l'inconnu (voire le spetsnaz, flic d'élite soviétique) qui file l'esprit se lasse. L'ennemi étant partout.

Antihuman - Paris - 40 ans - 23 avril 2019