Le journal intime de Benjamin Lorca
de Arnaud Cathrine

critiqué par Monito, le 26 avril 2010
( - 52 ans)


La note:  étoiles
Intime à chacun
Benjamin Lorca, 34 ans, écrivain, s’est suicidé. Juste après, cinq ans, dix ans, quinze ans plus tard, son seul amour, son frère, son ami, un éditeur-ami évoquent cet homme qu’ils ont tous aimé, évoquent son souvenir mais aussi un journal intime, son journal intime, élément inconnu. Devra t-il être lu, devra t-il être publié ?

Dans cette forme si particulière qu’affectionne Arnaud Cathrine d’être lui-même plusieurs narrateurs et ainsi de donner à lire sous des angles différents de mêmes sujets, nous découvrons, au-delà d’un personnage complexe et torturé, un peu « évident » même pour illustrer un écrivain, les thématiques des facettes multiples d’un individu, des parts de soi différentes offertes à son entourage et, de fait, les perceptions différentes qui font qu’un Homme, outre ce qu’il est intrinsèquement, est aussi ce que chacun voit en lui, comme autant de reflets de ces miroirs assemblés démultipliant à l’infini notre visage.

Chacun des quatre narrateurs aura aimé Benjamin, à sa façon, à sa place et finalement aura offert, à chaque fois une vie différente, mais toujours et communément cette impression de l’inachevé que la mort brutale rend plus pénible encore.
Un sentiment de déjà lu 5 étoiles

Quatre personnes, quatre voix pour évoquer la mémoire de Benjamin Lorca, jeune auteur à succès brutalement disparu. Son frère, son meilleur ami, la femme de sa vie et un ami éditeur, tous prennent la parole à tour de rôle pour parler de celui qu’ils ont aimé et dont ils ont le plus grand mal à faire le deuil, quelques jours ou quinze ans après le drame. Leurs récits se complètent et construisent le puzzle de la personnalité de cet homme complexe, qui leur a laissé en héritage un journal intime somme toute assez encombrant.

Dans ce roman, on retrouve la construction de Sweet home et de La disparition de Richard Taylor. Les mêmes thèmes aussi. La mort, l’absence, la difficulté de continuer à vivre sans l’être aimé… Bref rien d’original et on peut le regretter, même si la lecture de cet auteur est toujours agréable. Justement parce que j’avais déjà lu les précédents, j’ai immédiatement compris ce qui n’est pas dit dès le début. J’aurais aimé être surprise mais ce n’a pas été le cas. Dommage. On dit de certains auteurs qu’ils écrivent sans cesse les mêmes livres et je suis tentée d’affirmer que c’est le cas d’Arnaud Cathrine, même s’il m’en reste quatre à découvrir. Sans connaître son histoire personnelle, j’ai le sentiment qu’un drame personnel a été fondateur de sa volonté d’écrire, et qu’il ne l’a toujours pas exorcisé. Ce qui pour le lecteur peut devenir lassant, même si cette fêlure touche inévitablement.

Aliénor - - 56 ans - 22 août 2010