Ardoise
de Philippe Djian

critiqué par Chat pitre, le 19 février 2002
(Linkebeek - 53 ans)


La note:  étoiles
Une bien jolie ardoise...
Djian règle ses comptes avec les écrivains qui ont influencé sa vie d'auteur mais aussi sa vie d'homme. Djian jeune homme de vingt ans qui n'était pas encore écrivain et qui ne lisait presque pas fait sa rencontre avec l'écriture en lisant l'attrape coeur de Salinger qui le bouleversera à tout jamais . Il chasse les idées reçues d'un grand coup de balais et dit que l'on entre pas toujours en littérature par la grande porte. Que l'on peut commencer par lire du B. Cartland et
finir par lire du Céline l'important selon lui c'est d'aimer les mots. Et que l'on peut écrire en français en aimant la littérature américaine et classe Breat Easton Ellis au même rang que Balzac.
Un livre jubilatoire qui m'a procuré beaucoup de plaisir, je cours à la librairie pour acheter les livres dont il parle avec tant d'amour et je tiens à lui dire merci parce que par un délicieux hasard c’est lui, Djian, qui m’a fait découvrir le plaisir de lire avec Maudits Manèges que j'ai lu à 17 ans et depuis je ne cesse de lire pour retrouver , comme lui cette émotion ressentie lors de la lecture de ce premier livre… Un texte d'une grande humilité et plein de fraîcheur.
le passeur 9 étoiles

Je dois à ce petit livre ma découverte de Brautigan et de Carver, qui étaient les deux seuls auteurs cités dans ce livre que je connaissais pas du tout. J'y repense et je me dis que sans ces deux auteurs, je ne serais pas la même personne aujourd'hui.

Dans ce sens, je me trouve chanceux d'être un fan de Djian.

Grass - montréal - 47 ans - 15 avril 2006


Je la relis très souvent, cette ardoise... 10 étoiles

Philippe Djian, je l'ai dévoré dans ma vingtaine. Son plus connu, 37,2° le matin, son adaptation ciné lui a ouvert les portes de la célébrité, mais comme souvent, le roman est très différent, et absolument MIEUX.

Dans Ardoise, il nous parle des 10 écrivains qui ont marqué sa vie. Mais il nous en parle comme nous on en parle ici, avec sentiment et passion, loin de toute analyse littéraire.

Si vous aimez lire les critiques ici, Ardoise va vous plaire au plus haut point. Djian a un sacré style.... Là il m'a mis du baume au coeur, il nous rassure encore quant à la lecture....

"... Un auteur n'a d'interêt que dans la mesure où il révèle ce qu'il y a de meilleur et de plus subtil en nous. Si c'est Flaubert, eh bien, allons-y pour Flaubert. Mais si c'est Brautigan, ne jetez pas de coups d'oeil inquiets alentour, et, au nom du ciel, ne vous laissez pas submerger par cet écoeurant sentiment d'infériorité que rien ne justifie, si ce n'est le poids d'une culture si convenue et si largement partagée qu'elle en devient obscène...."

"... Quand je lis une nouvelle de Raymond Carver, ou bien un poème, ou n'importe quoi, je sais ce qui me pousse à m'améliorer. Je sais d'où ça vient. J'en ai le souffle coupé, en y pensant. C'est comme de rencontrer une femme qui vous rendrait incapable de mentir, de trahir, incapable de faire le con, et qu'au lieu de vouloir assassiner vous ne pensiez qu'à remercier du fond de votre coeur...."

Arrêtez-moi ou je vous cite le bouquin entier ;o))

Cuné - - 57 ans - 12 juin 2004


Tour d'horizon 6 étoiles

Dans "Ardoise", Djian fait le tour des auteurs qui l'ont marqué en profondeur. Il ne joue pas les critiques, mais il raconte ses passions : Salinger, Kerouac, Melville, Miller, Faulkner, Hemingway, Brautigan, Carver...
Djian raconte avec ses mots sensibles comment il est passé du statut de livre-savoir à celui de livre-émotion. Il raconte le travail de ses auteurs favoris, leur impact, son enthousiasme.
Il en profite également pour régler quelques comptes et railler certains écrivains tels Nabokov.
Lire "Ardoise", c'est découvrir de grands écrivains en apprenant à mieux connaître Philippe Djian.

Sahkti - Genève - 50 ans - 11 juin 2004


Encore 9 étoiles

Avec " Ardoise " Djian m'a ouvert une porte, je lui en suis reconnaisante. Il m'a donné l'envie irrépressible de goûter. Et le goûter s'est terminé en banquet. Je ne suis pas encore rassasiée.

Sido - Grenoble - 70 ans - 11 juin 2004


Assez d'accord 8 étoiles

J'adore quasiment tous les auteurs cités par Djian et je les place tous parmi les "grands". Je dirais cependant qu'il est très sévère dans ses choix vis à vis des auteurs français d'une certaine époque. Et justement celle d'Hemingway, de Céline, de Faulkner. J'ai aussi une passion pour la littérature américaine, mais je n'aurais pas écarté Camus pour "L'Etranger", ni Malraux pour "La condition humaine", ni Yourcenar pour "L'oeuvre au noir" et quelques autres.
Quant à ceux qui sont cités, j'ai adoré "Mort à crédit", mais je mets "Le voyage au bout dela nuit" au-dessus. D'accord pour les seuls trois romans d'Hemingway qui sont largement au-dessus des autres et d'accord pour le fait qu'il est avant tout un auteur génial de nouvelles. On peut d'ailleurs considérer "Le viel homme et la mer" comme une assez longue nouvelle. L'écriture de Brett Easton Ellis est du grand art, du Balzac ? Oui si l'on considère qu'il décrit la société de son époque. Il doit cependant encore nous prouver qu'il a le souffle. Je serais plus généreux que Djian vis à vis de certains écrivains américains contemporains, comme McCarthy par exemple, ou Harrison.
La merveille avec la littérature c'est qu'il y a autant d'avis que de personnes. Et puis, il ne nous donne que la liste de ceux qui l'ont poussé vers la lecture puis vers l'écriture.

Jules - Bruxelles - 80 ans - 14 octobre 2003


Top Ten 7 étoiles

Djian dresse le top ten des auteurs qui ont changé sa vie. Il y a Salinger (avec l’Attrape-coeurs), Céline (avec Mort à Crédit), Blaise Cendrars (Du monde entier), Kerouac (Sur la route) , Melville (Moby Dick), Henry Miller (La crucifixion en rose), Faulkner (Tandis que j’agonise), Ernest Hemingway (principalement ses nouvelles), Brautigan (Tokyo-Montana Express), et surtout Raymond Carver.
Quelques phrases : « Je crois que l’on devient écrivain le jour où l'on ne parvient plus à écrire. Le jour où le moindre mot commence à vous poser un problème. » « Jack Kerouac est ce qui me rend acceptable à mes propres yeux. » « Comment se fait-il qu'aujourd'hui un écrivain comme Régis Jauffret n’occupe pas la première place ? » « Toutes les grandes oeuvres ont de multiples portes. Elles ne laissent jamais personne au-dehors. D’une manière ou d'une autre, elles vous conduiront toujours vers la lumière. »
« Il n’existe aucun moyen mécanique pour écrire, aucun raccourci.(...) On tire les leçons de ses propres erreurs. Le bon artiste, c'est celui qui croit que personne n’est assez bon pour pouvoir lui donner un conseil » (Faulkner) « Richard Brautigan peut faire tenir une tragédie grecque dans un dé à coudre. » « Hemingway n'offre qu’une oeuvre assez limitée : une cinquantaine de nouvelles et six romans dont trois ne sont pas des chefs-d’oeuvre. » « Il n'y aura plus rien (pour moi) après Raymond Carver. Je ne dis pas rien au-dessus, je dis rien après. »
Désormais disponible dans la collection Pocket.

Kinbote - Jumet - 65 ans - 13 octobre 2003


D'accord ! 8 étoiles


Je suis entièrement d’accord avec Chat Pitre, Djian est bien un auteur qui se laisse lire avec plaisir mais sans tomber dans la facilité. Il fait passer ses idées, doucement, et nous distille tout simplement le ravissement des mots.

J’ai découvert Djian à la fin des années quatre-vingts et j’ai lu une petite dizaine de ses romans au rythme tranquille de deux par an et toujours avec cette même joie de découvrir un écrivain un peu paumé qui décrit sa vie, pas toujours rose, mais empreinte de tant de ferveur et d'espoir caché derrière les coups durs, les cuites et les dépressions.

Oui, Djian m’a aidé à me plonger dans la littérature et c'est effectivement toujours avec un étrange bien-être que je retourne à mes premières amours.

Pendragon - Liernu - 54 ans - 20 février 2002


A propos de Djian 8 étoiles

Je n'ai rien contre Barbara Cartland dont je n'ai jamais rien lu. Il est évident que, pour beaucoup, lire est une évolution et il est évident que l'on peut commencer par Cartland et passer à Céline, ou bien d'autres. En ce sens Djian a raison. Mais vous conviendrez que l'inverse sera rarement vrai !...De toute façon, c'est lire qui est important ! Faire de Brett Easton Ellis le Balzac d'aujourd'hui me semble plus audacieux... En effet, celui-ci ne décrit qu'un type bien précis de société, celle des camés, des "Yuppies" des années 90, des détraqués sexuels, des jeunes sans buts et des artistes perdus, mais quasiment toujours tous "friqués". Alors que Balzac, par ses divers personnages, recherche dans l'homme, ou la femme, ce qu'il y a d'éternel. Si notre société venait à changer, l'oeuvre actuelle d'Ellis, outre ses indiscutables qualités d'écriture, n'aurait plus qu'une valeur de documentaire sur une époque. Djian se contredit un peu, me semble -t- il alors, quand il dit dans "Djian revisité" (rencontre avec Catherine Flohic): "Je trouve qu'en matière de pornographie, pour commencer, personne ne fait rien de bon. C'est toujours trop ou pas assez. Et quand c'est trop, c'est à dire quand on en vient à utiliser les tronçonneuses ou à égorger des enfants en bas âge, ça ne m'intéresse plus. A chaque fois, il y a une surenchère systématique."
Que fait d'autre Easton Ellis dans "Américan Psycho" ?... La tronçonneuse n'est qu'un des outils de son héros parmi bien d'autres... Il y a aussi le tournevis, le bistouri, les dents, des clous et j'en passe !... Le tout accompagné d'une belle caméra pour filmer et pouvoir se repasser ces belles scéance de tortures conduisant à la mort pour ses longues soirées d'hiver !...

Jules - Bruxelles - 80 ans - 20 février 2002