Y-a-t-il eu plus belle invention au cours des deux derniers siècles que le chemin de fer ?
Non, en toute objectivité et impartialité, je ne pense pas... le chemin de fer est un peu dans le domaine technique ce que le cheval est au règne animal, la plus noble conquête de l’homme. Quand on entre dans le monde du train, on n’en sort plus.
Vincenot, lui, est né dedans et ne l’a jamais vraiment quitté. Les souvenirs d’enfance et de jeunesse qu’il évoque dans ces Mémoires d’un enfant du rail couvrent les années 30 à 40, avant la SNCF (38), au temps de la vapeur et des gueules noires. C’est marrant, certaines problématiques, qu’elles soient techniques ou sociales, sont toujours actuelles… et on découvre que le chemin de fer, non seulement est une invention technique majeure (la plus importante depuis la roue), mais est également une invention sociale ! J’ai découvert dans ce livre les noms de Prosper Enfantin et du Saint-simonisme, et que le statut des cheminots ne date pas seulement de la fin de la seconde guerre mondiale mais vient de beaucoup plus loin. Comme souvent, l’histoire éclaire l’actualité.
Et Vincenot reste un guide hors pair, un styliste parfait. Jeune, son grand-père, qui a connu les premiers tours de roues de premières locomotives, lui contait ses exploits. Grand-père à son tour, Vincenot nous transmet tout cela. Et lisant ce livre dans le TGV qui m’emmène de Roissy à Montbard à 250 km/h, je sens que le temps se contracte, que des gueules noires aux lampistes, des gratte-tubes aux garde-barrière, ils sont là, dans ces collines de l’Auxois, tous mystérieusement présents ceux qui ont permis que nous soyons ce que nous sommes.
Guigomas - Valenciennes - 55 ans - 7 octobre 2011 |