L'énigme du retour
de Dany Laferrière

critiqué par Aaro-Benjamin G., le 31 mars 2010
(Montréal - 55 ans)


La note:  étoiles
Entre deux îles
Le résumé parle de « Un roman à forme neuve, originale, qui mêle haïku et narration. » Pour ma part, je n’oserai parler d’un roman. Il s’agit de réflexions colligées. Des pensées du moment. Des fragments d’émotions.

Les thèmes de la mort du père, de l’exil et du vieillissement reviennent. On ne lit pas ce livre d’un trait sinon on passe à côté. C’est un livre qui se savoure tranquillement. On le dépose puis on y revient.

Rares sont les oeuvres qui nous permettent de voyager autant à l’intérieur de la tête de l’écrivain. Laferrière réussit, par sa poésie, à nous faire vivre les sentiments et les états d’âmes qui le hantent. Au coeur de sa vie, Haïti évidemment, pays de l’enfance, terre de beautés et de douleurs. Mais, en dépit du sérieux du propos, le livre n’est pas dénué d’humour.

Quelques extraits parmi plusieurs qui m’ont touché :

« Les blessures dont on a honte ne se guérissent pas. »

« Je demande à Garibaldi pourquoi il ne rentre pas au pays. (…) Il me regarde alors droit dans les yeux pour me confier qu’il retourne chaque nuit en Italie. »

« Les visages autrefois aimés s’effacent au fil des jours de notre mémoire brûlée. Le drame de ne plus reconnaître même ceux qui nous furent proches. L’herbe repousse, après l’incendie, afin de camoufler toute trace du sinistre. »

(Prix Médicis)
Comment lire de la poésie sans trop se fatiguer 7 étoiles

Une écriture remarquable et d’une grande poésie pour une approche littéraire originale, voilà comment on peut résumer ce livre, qui n’est pas à proprement parlé un roman.

On ressent évidemment que ce bouquin a été écrit avec les tripes. Comme souvent pour ce genre d’ouvrages, il ne raconte rien de continu et n’est pas très structuré, cependant le lecteur est happé par le climat dépeint par l’auteur et peut véritablement déguster le style d’un grand auteur.

On respire l’ambiance haïtienne où tout est vu à travers d’autres prismes que ceux des occidentaux, et donc beaucoup de phrases choc nous arrivent en pleine figure.

Pacmann - Tamise - 59 ans - 27 avril 2015


Retour en poésie 7 étoiles

Dany Laferrière a fui la dictature de son pays depuis une trentaine d’années pour s’installer à Montréal. Son père, haut fonctionnaire tombé en disgrâce, vivait à New York. A l’annonce de sa mort, après l’avoir enterré, Laferrière engage un lent processus de retour au pays pour retrouver sa mère restée là-bas, les lieux qui l'ont vu grandir, les connaissances, amies ou intéressées, qui veulent renouer avec lui.
Un retour évoqué dans un mélange de prose et de vers libres, par petites touches, avec gravité, pudeur et parfois ironie. Par ses allers et retours entre présent et passé, Dany Laferrière nous fait part de son sentiment de déraciné, pas tout à fait chez lui à Montréal, mais finalement pas non plus sur sa terre natale. Visitant bidonvilles, villages reculés et campagne, il décrit simplement et sans emphase les odeurs et les couleurs, la misère physique et morale d’Haïti (avec assez de force pour que je me sois demandé pourquoi j’avais eu la chance de naître en France). Mais à travers la misère et la violence, il rend aussi hommage à la créativité artistique, l’optimisme et la sagesse de ce peuple qui sait se contenter de peu et être heureux.

Romur - Viroflay - 51 ans - 21 septembre 2014


Prix Médicis 2009 7 étoiles

Retour de Dany Laferrière, exilé Haïtien au Québec depuis 35 ans, au pays, en Haïti. Roman ; pas vraiment. Plutôt chroniques, pensées, à la forme de prose et de poésie.
Dany Laferrière a quitté Haïti 35 ans auparavant pour le Québec et y a fait son trou, une carrière d’écrivain. Il a quitté Haïti pour le Québec comme son père l’avait fait avant lui, mais pour New York, en tant qu’ancien ministre chassé par le régime en place.
Son père, duquel il n’était pas proche, vient de mourir. Il se rend à New York pour les obsèques et décide de poursuivre vers Haïti pour y retrouver mère et sœur qui, toujours, survivent là-bas, et qu’il n’a pas revues.
Son retour donc et le choc de l’occidental qu’il est devenu face à la misère et la situation inextricable dans laquelle est plongé Haïti. C’est tout ce qui est traité ici comme les éléments d’une énigme qui en reste une.
Haïti, sa mère, sa sœur, son neveu qui n’en peut plus de l’absence d’avenir au pays et qui n’aspire qu’à suivre les traces de son oncle, les anciens condisciples de son père qu’il recherche pour tenter de comprendre … Il n’y a pas d’histoire à proprement parler et ceci rend probablement la lecture moins aisée. On évolue davantage dans les domaines des impressions et des ressentis, des confrontations de l’avant avec le maintenant.
Haïti est le héros. Les femmes d’Haïti aussi, sa mère, sa sœur, restées au pays comme des otages sans espoir.
Dany Laferrière va quand même nous faire part de la fascination que son pays natal exerce encore sur lui, un pays martyr dépecé, invivable, et pourtant son pays …

Tistou - - 68 ans - 22 juin 2014


L'énigme du retour 9 étoiles

C'est vraiment agréable de suivre le cours des pensées du narrateur tout au long de ce livre. Il nous livre ses états d'âme à propos de la vie, de la mort, de son exil, de son retour sur sa terre natale, etc. Ce qui est bien c'est lorsqu'il compare son passé en Haïti et ce qu'il voit présentement. J'ai été touché par sa vision de la pauvreté et surtout lorsqu'il parle de la faim en expliquant la différence entre ce que nous, nous appelons la faim et ce qu'un pauvre appelle la faim.

Par rapport à Haïti, il y a un conflit en lui. Une partie de lui trouve affreux ce pays et ne comprends pas pourquoi les habitants y restent mais en même temps, il se rend compte qu'il adore encore son pays natal malgré tout ses défauts.

Ce livre n'est pas très long mais il est très efficace. Il nous aide à mieux comprendre le peuple haïtien et la raison pourquoi ces gens n'arrivent pas à se sortir du merdier dans lequel le pays est pris.

Exarkun1979 - Montréal - 45 ans - 3 juin 2011


Poésie en Haïti 2 étoiles

Windsor Laferrière vient de mourir.
Sa mort ne devrait pas affecter son fils: ils ne s'étaient pas vus depuis 30 ans; Haïtiens émigrés, l'un à Manhattan, l'autre à Toronto.
Le fils avait pourtant essayé de garder ou reprendre le contact:
« Je l'entends encore hurler qu'il n'a jamais eu d'enfants , ni de femmes, ni de pays. »

L'auteur va donc retrouver Port au Prince, retrouver sa mère, sa sœur, son neveu pour leur annoncer la nouvelle.
Il va aussi retrouver la violence, la misère de son peuple.

« On peut rester imperturbable
face à sa propre faim mais que fait-on
quand c'est un enfant qui a faim
et qui vous tend la main comme
c'est arrivé ce matin près du marché?

« J'avoue que c'est plus facile
d'apprendre que de réapprendre.
Mais le plus dur c'est encore
de désapprendre.

Au cours de ces journées, il va nous faire connaître son pays, son histoire, ses héros, Aimé Césaire.
« J'ai toujours pensé
que c'était le livre qui franchissait
les siècles jusqu'à nous.
Jusqu'à ce que je comprenne
en voyant cet homme
que c'est le lecteur qui fait le déplacement."

Les mots sont justes mais voilà, la mise en page m'a tellement dérangé que je n'ai pris aucun plaisir à lire ce livre pourtant d'une grande qualité. Comme le dit justement Aaro-Benjamin, je suis passée complètement à côté.

Marvic - Normandie - 66 ans - 30 mars 2011