Villeperdue
de Pierre Benoit

critiqué par PPG, le 19 mars 2010
(Strasbourg - 48 ans)


La note:  étoiles
Perdue, retrouvée, perdue ?
Le commandant Etienne d'Orthe a épousé la jeune Grecque Aédona Périadès, alors que celle-ci était éprise d'un de ses compatriotes : le lieutenant Nério Léodini. Six années se passent paisiblement en sa compagnie au château de Villeperdue, avant qu'elle disparaisse brutalement. Le baron d'Orthe n'est pas dupe : il sait que l'amour de sa femme envers Léonidi ne s'est pas tari, malgré la distance. Effondré par la perte de ce qu'il considère comme l'amour de sa vie, il décide quatre années plus tard d'entrer au couvent bénédictin de la Bussarthe. Ce serait déjà chose faite si le révérend père Wilfried Borromée ne lui avait pas imposé un ultime délai de réflexion de deux mois. Durant ce laps de temps, Aédona Périadès réapparaît à Villeperdue, aussi brusquement qu'elle en était partie. Nous sommes en 1929. Débutent alors des retrouvailles qui laissent entrevoir quelques explications réciproques. Bien entendu, c'est Aédona qui entame la première son récit, sous le regard visiblement dur, mais ému, d'Etienne d'Orthe. Pourquoi est-elle revenue ?

Un roman qui évoque la thématique de la trahison et celle du pardon. Toutes deux sont rattachées ici à l'amour, passion dévorante qui déchire l'âme. Comment en effet pardonner à celle à qui vous avez voué un amour absolu, mais qui vous a trahi ? Les préceptes du couvent bénédictin aideront Etienne d'Orthe à éclairer sa conduite, à ajuster ses propos, ce qui semble salutaire. Mais, finalement, si tout n'était pas plus simple que prévu ? Est-ce possible que l'amour reprenne exactement où il s'était interrompu ?
Cette histoire est poussive. Malgré quelques réflexions intéressantes, ces retrouvailles sonnent creux. Bien évidemment, tout ceci est d'une lecture agréable, mais là, ça ne suffit pas. On peut à peine en parler, de peur de tout dévoiler. L'intrigue est fade, voire inexistante à mon goût. La fin est d'un classique. Elle est même dérangeante, car on ne sait pas trop où veut en venir l'auteur. Ecrit en 1954, c'est l'un des derniers romans de l'auteur. Mais force est de constater qu'il a très mal vieilli, en comparaison de la fraîcheur de certains de ses romans pourtant bien plus anciens.
Eloge du pardon 8 étoiles

Etienne d’Orthe, baron et maître du modeste domaine de Villeperdue en Touraine, s’apprête à entrer dans la vie religieuse. Mais le révérend père Borromée lui impose un délai supplémentaire de deux mois avant de l’autoriser à entrer au couvent de la Bussarthe. Ce temps, il doit le mettre à profit pour étudier la vie d’un aïeul candidat à la béatification. Etienne est confiant et accepte ce dernier travail. Mais quand il rentre chez lui, il y trouve sa femme, Aédona, partie depuis quatre années pour vivre aux côtés d’un autre… Est-il possible de pardonner cet abandon et, plus difficile encore, ces six années de vie commune basées sur le mensonge ? Et à quel point peut-on donner son pardon ? Ce sont des questions auxquelles Etienne répond en filigrane tout au long du récit. Dans le domaine paisible de Villeperdue, l’intimité nouvelle d’un couple se construit sur des fondations vermoulues de trahison et de culpabilité.

C’est un roman agréable, qui prend son temps. Pas d’aventures trépidantes, mais le temps de la réflexion, de la vie à mesure des saisons, de la confiance, de la sincérité et du pardon. Mais comme toujours dans les romans de Pierre Benoît, on sait que ce qui paraît simple ne l’est pas. Accorder le pardon, puis sa confiance est simple quand tout est calme, mais l’est-ce autant lorsqu’une nouvelle épreuve ravivant le douloureux passé survient ? Pas si sûr…

Antinea - anefera@laposte.net - 45 ans - 10 mai 2015