Le blasphème en procès, 1984-2009, l'Église et la Mosquée contre les libertés
de Jean Boulègue

critiqué par CHALOT, le 17 mars 2010
(Vaux le Pénil - 76 ans)


La note:  étoiles
Un argumentaire sérieux et étayé
Le blasphème est encore permis.. pour combien de temps encore?

Avec un peu de discrétion, quand il le faut et avec des alliances contre nature, l'église et les islamistes mènent un combat juridique et politique pour interdire tout propos ou critique jugé blasphématoire.
L'auteur de ce livre reprend les différents procès qui de 1984 à 2009 ont vu s'opposer les tenants de la liberté d'expression et ceux qui veulent dépasser les divergences existantes pour organiser la convergence des conservatismes religieux.
Le délit de blasphème n'existe pas en France... quoique? N'oublions pas que le statut particulariste d'Alsace-Moselle peut conduire à sanctionner toute offense au Christ!
Vingt procès ont été intentés par les forces réactionnaires, dix huit par le conservatisme catholique et deux par son homologue musulman.
L'enjeu est de taille
Il s'agit pour les religieux d'imposer leurs idées morales afin qu'elles deviennent des normes sociales. L'extrême droite a ouvert le feu dès 1984 en demandant et en obtenant l'interdiction de l'affiche du film "Ave Maria"! Elle récupère très vite l'appui et le renfort de l'épiscopat pour l'engagement d'autres actions en justice. L'Eglise comme institution manifeste clairement son conservatisme et affiche sa volonté d'influer sur la législation civile contre l'IVG, contre le PACS et pour l'interdiction de tout blasphème, ou supposé blasphème! Quant à l'islamisme, il participe au nom de la sainte alliance à ce combat judiciaire et politique pour interdire toute critique des religions et de ses prophètes. Les intégristes et les "modérés" diffèrent à propos des méthodes utilisées et le seul clivage décisif et réel se situe entre les consevateurs et les laïques, qu'ils soient athées, agnostiques ou croyants.
L'auteur rappelle à ceux et à celles qui ne comprennent pas les dangers encourus par une "diabolisation" des attaques contre certaines manifestations des religions. Il met les points sur les i et présente les formes différentes d'expression:
"Pour résumer et schématiser, trois niveaux d'antagonisme sont à distinguer: la critique d'une religion, la détestation d'une religion( dont le blasphème est l'une des expressions possibles), le racisme envers ses adeptes. Seul ce dernier est un délit, dont les manifestations sont punies par la loi."
Confondre l'anti islamisme et le racisme, c'est à la fois faire injute aux authentiques anti intégristes dont les nombreux adeptes de l'islam des lumières et à la fois donner un sauf conduit démocratique aux forces obscurantistes qui veulent en revenir à l'ancien régime.

Jean-François CHALOT