Le voyage de Delcourt
de Alain Gordon-Gentil

critiqué par Deashelle, le 14 mars 2010
(Tervuren - 15 ans)


La note:  étoiles
Encore Paul et Virginie?
Dans ce livre, aucune allusion à la société arc-en-ciel qui peuple la merveilleuse île Maurice.


Mais " imaginez-vous que l’on puisse préférer la terre à l’amour ?" question éperdue du héros du livre!
Y aurait-il un sort maléfique jeté sur l’amour, à Maurice depuis l’histoire de Paul et Virginie? L'amour doit-il être tragique?
Nous sommes quelque temps avant l’éclatement de la deuxième guerre mondiale, et voici qu’un îlien sans racines s’est jeté à travers le monde pour faire des études d’ingénieur. Ses parents rêvent qu’il reviendra plein d’usages, faire vivre cette terre caramélisée par le sucre, qui l’a enfanté avec tendresse. Tout d’abord, il se bute dans son éducation sentimentale à l’exigence hors du commun de ce qu’il nomme amour et se refuse tour à tour aux délicieuses compagnes qui bordent son chemin et mourraient bien d’amour pour lui. Il quitte partout sans un regret, sans une larme. Etre desséché ? Brûlé et ravagé par une passion indéfinie et délétère ? Une destinée écrite dans le ciel? Pendant son périple, il ne prend pas la peine de s’enquérir de ses vieux parents et sa mère meurt sans pouvoir lui dire adieu. Il rompt avec son seul ami, ne comprenant pas que l ’on puisse s’intéresser à la res publica, enterre son père miné par la tuberculose…Se mettre au service des autres comme son alter ego Kewal qui a fait ses études de médecine en Angleterre ne lui vient pas à l’esprit, il n’a pas de terre même si ses parents lui ont tout laissé. Pourquoi la servirait-il ? Lui est sans terre et en quête de l’impossible amour… Jusqu’à ce que…il ne faut pas dévoiler tout, mais la fin du livre est impitoyable pour ceux qui n’ont qu’eux-mêmes pour tout horizon, ne se relient à rien, qui nient leur appartenance à une communauté, et ce fils sans fils finit dévoré par le feu qu’il a semé. Quand l'amour est un désert, on préfère la terre. Se méfier des nomades!
Beau livre qui au départ ne parle pas beaucoup de l'île, le voyageur Delcourt pourrait venir d'un peu n'importe où.. Puis l'éclairage historique de ces bateaux de juifs errant sur les océans rend enfin l'histoire palpitante. C'est Marika et sa terre promise que l'on préfère.