Nous les Allemands
de Matthias Matussek

critiqué par Béatrice, le 13 mars 2010
(Paris - - ans)


La note:  étoiles
Manque d’ambition
Un essai sur les valeurs et l’identité allemandes, un plaidoyer pour un patriotisme décrispé rédigé par un journaliste. Un bon point de départ, Heinrich Heine. Le poète exilé avait trouvé les mots pour dire son mal du pays : « Aux Français et aux Russes appartient la terre / La mer appartient aux Britanniques / Mais dans l'empire aérien des rêves / Notre maîtrise est incontestée ».

Pourquoi les autres nations cultivent un sain patriotisme, source de cohésion et d’énergie, pendant que les allemands restent à la traine ? A cause de la guerre et des camps de la mort, bien sûr. L’auteur souhaite nous persuader : il y a bien des choses positives qui définissent l’identité allemande. Le sous-titre du bouquin est
« Pourquoi les autres peuvent nous aimer ». Eh oui, bonne question. Ses arguments, Matussek les puise dans l’histoire et dans l’héritage culturel. Il consacre un chapitre au citoyen aimant s’instruire [Bildungsbürger] ; il prétend que c’est une spécificité allemande.

L’auteur ose la provocation lorsqu’il s’oppose à l’ancien ministre Joschka Fischer qui avait dit « La première pierre de la démocratie allemande est Auschwitz ». Il ne faut cultiver ni la fausse humilité, ni la haine de soi, dit Matussek.

Il évite à tout prix le doigt levé du moraliste. Légèreté, provocation, humour, voilà sa démarche. Il mène des interviews avec des intellos et des personnalités du showbiz. Il réfléchit sur l’actualité du moment (années 2003 - 2006) : Schröder qui a dit non à la guerre en Irak, la campagne publicitaire destinée à réveiller le patriotisme en affichant le slogan « L’Allemagne c’est toi », la réforme visant à réduire les prestations sociales, la coupe du monde de foot de 2006. Je trouve que cette perspective ne manque pas d’intérêt. Mais c’est à double tranchant, on peut lui reprocher d’avoir cédé à la facilité.

L’ensemble est intéressant parce que c’est pris sur le vif, c’est un témoignage sur ce qui se passe, sur ce que pensent aujourd’hui nos voisins au centre de l’Europe. Mais ce témoignage manque d’ambition et de panache.