Cités Obscures (Les), tome 01 : Les murailles de Samaris
de Benoît Peeters (Scénario), François Schuiten (Dessin)

critiqué par Nance, le 11 mars 2010
( - - ans)


La note:  étoiles
Imaginatif
Franz Bauer est envoyé en mission à Samaris, une ville énigmatique et trompeuse. Une mission dite « sans danger » (mais dont personne n’est revenue) pour éclaircir les rumeurs qui courent à son sujet. Arrivé à destination, il aura de la difficulté à pénétrer son mystère.

« Parfois me prenait le soupçon, absurde pourtant, que cette ville mystérieuse n’avait été conçue que pour piéger ceux qui s’y aventuraient - architecture perverse fait à dessein pour confondre le voyageur. »

L’auteur et le dessinateur ont mis leurs efforts en commun pour créer un univers riche et complexe. L’histoire est fascinante et les dessins sont bourrés de détails impressionnants (surtout les détails d’architecture des villes), le tout dans une ambiance futuriste. Ça a du prendre une bonne dose d’imagination. Les seuls points que j’ai trouvé négatifs c’est la froideur des personnages et la nudité gratuite que l’on retrouve aussi à quelques reprises dans les tomes suivants, mais c’est compensé amplement par l’originalité des histoires et des dessins. La série vaut le détour pour les fans de science-fiction, Verne, Orwell, Kafka et Borges.
Derrière les façades 8 étoiles

Le tome qui inaugure cette série de genre fantastique constitue une bonne entrée en matière, même si chacun des tomes peut se lire indépendamment. Court dans son format, simple dans son scénario, il résume à lui seul l’esprit de la série, et contient les sujets développés dans les épisodes suivants : les univers parallèles, l’étrangeté de notre monde, la solitude de l’humain face à la machine administrative omnipotente et froide, l’architecture utilisée par le pouvoir politique pour tenir en respect les citoyens… Un soin particulier est mis sur l’aspect des bâtiments et des constructions, qui occupent le premier rôle dans l’histoire, Franz n’étant là que comme faire-valoir, citoyen anonyme sans vraie personnalité, rongé par la culpabilité et la peur… On pourrait croire que ces immeubles existent vraiment s’il ne s’agissait d’un univers fictif, la ville rétrofuturiste de Xhystos étant complètement inspirée de l’Art nouveau, un rêve pour tout passionné de ce style d’architecture. C’est impressionnant dans le trait, mais un peu dommage que la mise en couleur semble avoir été négligée, se limitant à une gamme de teintes ternes et froides. Quant à l’histoire, elle est tellement mystérieuse (avec quelques scènes incroyables) qu’on la lit d’une seule traite.

J’ai donc bien apprécié ce premier volume, que j’aurais du coup presque trouvé trop court… D’une manière générale, j’adore l’univers de ces deux auteurs belges qui autorisent plusieurs niveaux de lecture de leurs récits. Pour ma part, si l’intrigue propre à ce tome est très étonnante, plusieurs questions restent en suspens, et les auteurs ne livrent pas les clés aussi facilement… la cité de Samaris demeurera donc un mystère extrêmement troublant qui aura entretemps emporté le principal protagoniste, Franz, vers la folie…

Blue Boy - Saint-Denis - - ans - 7 mai 2012