A l'ami qui ne m'a pas sauvé la vie
de Hervé Guibert

critiqué par Darius, le 10 février 2002
(Bruxelles - - ans)


La note:  étoiles
Le sida parmi les homosexuels
Ce livre nous est présenté comme une autobiographie, l’auteur nous contant trois mois de sa vie, fin des années 80, l'époque où il se découvre séropositif. C'est au début des années 80 qu'il est conscient de la maladie, le jour où son ami, celui qui ne lui a pas sauvé la vie, revient des Etats-Unis, où il avait eu connaissance des premiers comptes-rendus cliniques de cette mort. Nous baignons dans un monde d'artistes exclusivement homosexuels, tous unis dans la même maladie.
Si le livre se veut une description de leurs ébats, il se veut également une interrogation sur le sens que cette maladie sans espoir de guérison donne à chacun. Les années qui leur restent à vivre ne seront plus jamais pareilles aux autres.
"C'est vrai que je découvrais quelque chose de suave et d’ébloui dans son atrocité, c’était certes une maladie inexorable, mais elle n'était pas foudroyante, c’était une maladie à paliers, un très long escalier qui menait assurément à la mort mais dont chaque marche représentait un apprentissage sans pareil, c’était une maladie qui donnait le temps de vivre, le temps de découvrir le temps et de découvrir enfin sa vie, c’était en quelque sorte une géniale invention moderne que nous avait transmis ces singes verts d’Afrique.
Et le malheur, une fois qu'on était plongé dedans, était beaucoup plus vivable que son pressentiment, beaucoup moins cruel en définitive que ce qu'on aurait cru.... Le sida m'avait permis de faire un bond formidable dans ma vie."
Voici, selon moi, les seules phrases qui valent au livre d’être lu ou feuilleté, le reste n'étant que la quête désespérée de vaccins curatifs, de prises d’AZT ou autres substances qui feraient barrage à la maladie, une suite de visites médicales, de discussions entre amis homo vivant la même situation, de relations sexuelles tristes avec d'autres séropositifs.. ainsi que du formidable business engendré par cette maladie qui permettrait aux firmes pharmaceutiques d’engranger des bénéfices substantiels en gonflant artificiellement le prix des médicaments salvateurs..
Pour ceux que le sujet intéresse et pour connaitre les tatonnements lorsque les premiers cas se sont développés en France.
Un journal de vie 10 étoiles

J'ai lu ce livre cette année , l'écriture est simple parfois austère mais elle est également lumineuse . Le cheminement intérieur , la place de la maladie , la réaction de l'entourage , les effets sur la santé tout y est décrit . La discrimination et la méconnaissance du SIDA sont également frappantes . Oui Hervé Guibert a espéré mais cet espoir a été vain .
A lire

Tyty2410 - paris - 37 ans - 26 juin 2010


Une certaine vision des choses... 5 étoiles

Tant mieux et bravo aussi à Hervé Guibert si cette maladie lui a permis de passer un cap dans sa vie... mais il est dommage de devoir en arriver là pour ça !... Car enfin, tout le monde connaît l'atrocité de la fin et avoir le temps d'y penser ne doit pas aider beaucoup à profiter du temps qui reste. Enfin, c'est une question de nature et chacun, face à un tel drame, a sa propre réaction. Personnellement, j'ai préféré l'approche de de Duve dans son livre "Cargo vie", mais c'est personnel ! Sur le sujet il y a aussi les réactions des héros de Michael Cunningham dans ses livres "Heures" et "La maison du bout du monde".

Jules - Bruxelles - 79 ans - 10 février 2002