Shutter Island (version BD)
de Dennis Lehane (Scénario), Christian de Metter (Scénario et dessin)

critiqué par Dirlandaise, le 4 mars 2010
(Québec - 69 ans)


La note:  étoiles
Une atmosphère glaciale et brumeuse
Gros plan sur un homme à genoux, la tête penchée au-dessus de la cuvette des cabinets. Visiblement, il est aux prises avec un sérieux mal de mer. Il s’assoit par terre, s’essuie la bouche avec son mouchoir de poche, se relève, réajuste sa cravate, replace son chapeau et vérifie que son arme est bien en place. Il remonte sur le pont du navire rejoindre son coéquipier. Il s’agit du marshal fédéral Teddy Daniels et de Chuck Aule, son collègue et ami. Nous sommes dans les années cinquante et les deux hommes se trouvent à bord d'un bateau qui les amène à Shutter Island afin d'y mener une enquête sur la disparition d’une patiente nommée Rachel Solando, veuve de guerre qui a noyé ses trois jeunes enfants, les a ramenés avec elle, les a assis autour de la table du petit-déjeuner et a continué à manger comme si de rien n’était. Les deux hommes sont bien accueillis par le personnel de l’hôpital psychiatrique Aschecliffe mais ils sont vite entravés dans leur enquête par le psychiatre Jeremiah Naehring qui refuse de leur donner accès aux dossiers du personnel médical de l’établissement. Teddy Daniels ne tarde pas à constater qu'à Shutter Island, tout le monde ment et qu’un complot semble unir les gens qui travaillent dans ce sinistre établissement qui ressemble plus à une prison qu’à un centre hospitalier.

N’ayant pas vu le film ni lu le livre, je ne peux dire si l’histoire a été respectée à la lettre. J’ai succombé à l’attrait de Shutter Island intriguée par le film ayant mis sur la carte de l’actualité culturelle cette étrange histoire glauque et noire à souhait. Je n’ai pas été déçue ni par l’intrigue (enfin un peu tout de même...) ni par les dessins très réussis de Christian De Metter. À vrai dire, j’ai été séduite par le côté angoissant des illustrations ne comportant que bien peu de couleurs : du noir, du gris, du jaune et quelques touches de bleu et de rouge sur certaines pages un peu spéciales. Les jeux d’ombre et de lumière sont remarquables et servent à merveille l’atmosphère glaciale, fantomatique et brumeuse de cette île située près de la ville de Boston au Massachusetts. De Metter utilise à merveille la technique du clair-obscur et du lavis. Cela donne parfois de petites perles comme à la page 58 où l’on peut voir sur la première planche une automobile dont les phares percent la pénombre brumeuse. C’est magnifique et l’atmosphère ainsi créée est prenante et tout à fait appropriée au propos. Les dessins sont fort agréables à l’œil et bien exécutés. Les cadrages sont aussi très bien pensés et travaillés, ajoutant beaucoup de mouvement et de rythme au déroulement de l’histoire.

Petit bémol cependant : le scénario manque d’originalité. Des histoires d’hôpitaux psychiatriques isolés et semblant abriter d’horribles secrets, des psychiatres maniaques qui utilisent leurs patients à des fins expérimentales, cela a été maintes fois présenté il me semble. Mais ce qui sauve la mise bien sûr avec Shutter Island, c’est le dénouement. Voilà, je n’en dis pas plus vous comprendrez pourquoi j’espère. Je vous recommande donc cette bande dessinée car pour ma part, j’ai été vraiment captivée et plus j’avançais dans l’histoire, plus ma curiosité était sollicitée. En fait, pas grand-chose à lui reprocher à cet album.