Anges
de Julie Grelley

critiqué par Ddh, le 26 février 2010
(Mouscron - 84 ans)


La note:  étoiles
Des anges victimes d'une diablesse
Une faiseuse d’anges que cette Colline ? Pire que ça, plutôt une psychopathe à l’esprit vraiment tordu.
Julie Grelley écrit des scénarios de films fantastiques. Anges est son premier roman sélectionné pour le Prix Première 2010 RTBF radio.
Colline, adolescente, se trouve propulsée dans le mannequinat qu’elle subit et qu’elle fuit à l’aube d’une belle carrière. Mal dans sa peau, Colline se défigure et prend du poids, énormément. Sa spiritualité délirante la conduit à une obsession de pureté dénuée de sexe. Ce qui la mène à enlever Jérémie et à tenter de le castrer. Arrêtée, elle est condamnée mais libérée sous conditions au bout de quatre ans pour bonne conduite. Et elle continue, poursuivie par ses pulsions.
Mais l’auteur va trop loin. Il n’est toutefois pas permis, sous prétexte de faire fort, de créer un personnage aussi pervers qui se joue de ceux qui veulent l’aider comme le psy, le conseiller judiciaire, son patron et André qui veut l’aimer. Si les bons sentiments ne font pas de bonne littérature, les mauvais non plus.
Le dédoublement de la personnalité est bien rendu par une construction de phrase qui choque mais qui éclaire mieux ainsi le personnage : Colline (3 S) avec un adjectif possessif (1S). La progression des chapitres est originale mais valable : un léger retour en arrière puis une progression parallèle entre l’ado Lynn mannequin et Colline obsédée par ses idées morbides. Il y a aussi une progression dans l’intrigue qui pousse le lecteur à poursuivre, en se demandant ce qu’elle va encore inventer cette Colline hors du commun.
Aussi amoral qu’American psycho, ... mais beaucoup plus court 4 étoiles

J’ai du mal avec ce genre de livre dont on m’a pourtant dit du bien, ne voyant pas l’intérêt d’une absence de distance critique envers des actes qui portent atteinte sans sourciller à l’intégrité d’autrui.

En effet, la narratrice est une schizophrène à personnalité double, ex-mannequin qui ne se satisfait pas d’auto-détruire son corps en se mutilant et se faisant grossir. Elle veut aussi avoir son ange, son castrat personnel sans désir, un être pur qui ne serait pas parasité par la beauté du corps. Elle est en liberté surveillée après avoir purgé la moitié de ses 6 ans de peine pour avoir kidnappé un jeune garçon de 12 ans avant que ses parents n’arrivent et ne l’empêchent de poursuivre son dessein. Vendeuse unique dans un petit magasin de bricolage provincial, elle a à disposition tous les outils qu’il lui faut. Et les garçons qui fuguent et ne se méfient pas d’une femme obèse à l’apparence maternelle semblent légion.

Petits chapitres de 3 ou 4 pages, le ‘’je’’ et le ‘’elle’’ qui perturbent un peu au début avant de comprendre qu’il ne s’agit que d’une seule personne, détail clinique des opérations sadiques minutieusement préparées, moquerie concernant la police qui ne trouve pas assez vite les indices qu’elle a laissés pour faire accuser quelqu’un d’autre, satisfaction de gruger son psychologue et son contrôleur judiciaire, cela forme un tout assez déplaisant.
IF-0314-4186

Isad - - - ans - 15 mars 2014


Un folie pas douce du tout 10 étoiles

Julie Grelley nous fait vivre un enfer.
A la lecture de ce roman j'ai eu l'impression d'être enfermé dans la tête de Coline ("l'héroïne") Comme si je faisais partie de sa schizophrénie sans pouvoir l'arrêter ni même la ralentir.
Ce roman est très prenant, on le lit d'une seule traite.
Si vous avez le cœur bien accroché foncez dans ce roman au centre de la folie froide et sans limites.

L'aventure - - 53 ans - 3 décembre 2010


La purification 10 étoiles

Le personnage au centre de ce récit morbide en fera sourciller plus d’un(e). Il s’agit d’un ex-mannequin qui s’est littéralement transformée en ogre dans le but de trouver l’amour véritable, celui où l’aspect physique n’entre pas en jeu, l’absolue pureté des sentiments.

Cette quête folle amène Colline à enlever des garçonnets et procéder à l’ablation de leurs organes génitaux - obstacle ultime à l’atteinte du statut d’ange.

La narration appartient à la part ‘normale’, de cette femme psychopathe. Elle nous raconte, un peu comme détachée, les événements de son double, essentiellement le déroulement du plus récent plan machiavélique, élaboré par la monstrueuse dérangée, pour s’approprier David la prochaine proie.

Bien que quelque chose ne tourne pas rond dans la tête de Colline, elle demeure assez lucide pour penser à tout. Ceci donne froid dans le dos. De même, l’auteur ne lésine pas sur les détails ‘gore’.

J’ai dévoré avec appétit, complètement fasciné par cette version tordue de ‘La Belle et la Bête’ qui prend un malin plaisir à démontrer les lacunes du système et l’horreur de la dévotion fanatique.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 56 ans - 16 juillet 2010