Stone Baby
de Joolz Denby

critiqué par Sahkti, le 21 février 2010
(Genève - 50 ans)


La note: étoiles
Pas à pas, tout se construit
Lily Carlson raconte son histoire, la sienne et celle de Jamie Gee. Qui ont eu le malheur de croiser la route de Sean Powers, surnommé "L'Eventreur du Yorshire" ou encore "L'Etrangleur des collines". Jamie est comédienne, pro du stand-up; Lily une comptable un peu olé olé devenue son amie et colocataire; Sean un tueur qui a semé la désolation en ville. Jamie était-elle au courant ? A-t-elle menti pour le couvrir ? Comment a-t-elle pu dormir à ses côté sans rien deviner ?
C'est sur ce questionnement que débute le récit, violente prise à partie de la comédienne lors d'une représentation à Londres, en compagnie de leur ami Mojo le travesti. Lily l'accompagne, elle en a marre, alors elle a va dire comment les choses se sont exactement passées. Qui était ce Sean dont elle s'est méfiée dès le début.
Que savaient exactement l'une et l'autre ? De quoi se doutaient-elles ? Sean a partagé la vie de Jamie pendant plus d'un an, comment n'a-telle rien pu voir ?
Se taire tout en sachant... c'est ce lent processus que Joolz Denby narre au lecteur.

On pourrait penser que dès les premières pages du récit, tout est joué, qu'on connaît la trame, qu'on sait comment les choses vont se dérouler: Jamie tombe amoureuse de Sean, Sean est un tueur, Lily se méfie de lui. Bien sûr... mais ça serait beaucoup trop simple ! Joolz Denby sait comment s'y prendre pour ménager le suspense, créer les rebondissements et balancer quelques claques au lecteur quand il s'y attend le moins. A force de détails, de fragments naratifs, le récit progresse vers la vérité, là où rien n'est blanc, rien n'est noir. Le lecteur se laisse volontiers guider dans cette aventure, avide de découvertes et de révélations.
L'occasion également de faire plus ample connaissance, au fil des pages, avec le personnage traumatisé de Jamie Gee, avec la figure (trop ?) protectrice de Lily Carlson et avec le diable incarné qu'est Sean Powers. Un homme qui aura vite fait de faire voler en éclat les amitiés les plus solides et les certitudes les plus ancrées.
C'est noir et bien mené, sensible et humain. Malsain aussi. Beaucoup.
(trop?) cousu de fil blanc 4 étoiles

Sahkti, dans sa critique principale, résume parfaitement le récit ainsi que l'ambiance qui en ressort. Je ne vais donc pas répéter ce qui a brillamment été dit. Néanmoins, je dois juste nuancer un peu au niveau des "rebondissements". Pour ma part je n'ai pas eu ce ressenti et j'ai justement trouvé qu'il n'y avait aucun rebondissement dans ce livre. Nous connaissons le tueur dès le début, il ne suffit plus qu'à dérouler une pelote de laine jusqu'à sa fin. Alors certes, l'auteur réussit néanmoins à nous tenir (un peu) en haleine mais cela ne suffit pas à rendre ce pseudo "polar" exaltant. J'ai trouvé, personnellement, les personnages assez fades même si au contraire l'auteur les voudrait haut en couleurs....Bref, je me suis assez ennuyé à la lecture de ce livre et même si je dois tout de même reconnaître que pour un premier livre, Joolz Denby s'en sort particulièrement bien, je pense qu'elle est encore loin de sa maturité littéraire. Cela est peut-être arrivé lors de ses opus suivants, je ne sais pas....

Clubber14 - Paris - 44 ans - 11 juillet 2014