Les Voyageurs de l'Impériale
de Louis Aragon

critiqué par Romur, le 14 février 2010
(Viroflay - 50 ans)


La note:  étoiles
Poésie et philosophie
Pierre Mercadier mène une vie convenue de professeur d’histoire à la fin du XIXème siècle (l’affaire Dreyfus est en toile de fond), avec son épouse (de bonne famille) et ses deux enfants. Un séjour d’été va achever la brouille au sein du couple et tout bascule. Pierre Mercadier disparaît pour aller mener une vie de bohème et d’aventurier. Il ne reviendra à Paris que vieillard finissant pour découvrir le destin de son fils Pascal.
La lecture de ce gros roman est un vrai plaisir, les talents de poète d’Aragon transparaissant dans une prose riche et évocatrice (la visite de l’exposition universelle qui ouvre le roman est un véritable baptême du feu), entrecoupée de formules géniales (« comme une ombre ramassée par le diable dans un conte de fées »).
Mais Aragon n’est pas que poète, il est aussi philosophe. Au delà du style, c’est sans y paraître toute une réflexion sur les rapports humains, sur la vie de couple, sur l’amour, sur le rôle de l’argent (les réflexions sont d’une vivante actualité). J’ai ainsi trouvé l’évolution psychologique de Pierre Mercadier extraordinairement juste et les derniers chapitres tournent autour de cette question centrale : qu’est-ce que la liberté, peut-on choisir sa vie ?
C’est enfin une fresque à la Zola, une peinture de la société et de Paris au tournant du siècle, depuis les restes de la noblesse française jusqu’au monde des ouvriers et des prostituées.
Un roman à découvrir absolument !