L'Anarchie
de Élisée Reclus

critiqué par Tommyvercetti, le 10 février 2010
(Clermont-Ferrand - 36 ans)


La note:  étoiles
Ni dieux ni maîtres !
J'ai lu ce livre avec... ravissement. Je ne suis peut-être pas la meilleure personne pour critiquer ce livre, car j'ai moi-même certaines affinités avec la façon de penser de cet homme là, et notamment de sa vision des choses concernant le sujet traité.
Mais ce que je peux dire, c'est que j'ai trouvé dans ce court livre l'essentiel qui, je pense, constitue la pensée anarchiste. En fait, je voudrais faire lire ce livre à tous ceux qui ont quelques préjugés sur l'anarchisme (car c'est bien d'anarchISME dont il s'agit), à tous ceux qui ne voient en elle qu'une forme de chaos désorganisé où de chimères d'inconscients.
Ce livre pose les base d'un monde qui n'est pas si différent du notre actuel, en démontrant les valeurs qui sont nôtres et que nous tenons à coeur ; le bien, l'égalité, le respect, la liberté. Surtout la liberté. Finalement, qu'est-ce que la réunion de ces valeurs ? Quelle est cette société qui prône à la fois l'égalité, la liberté, le respect de chacun et le souci de tous pour son prochain ? Cette société utopique n'est ni communiste, ni socialiste. Comment le concevoir d'ailleurs, puisque toute forme de pouvoir hiérarchique mène inexorablement à la position de puissance qui aliène un être en lui conférant un pouvoir sur les autres, je cite :

"L'état [...] n'est pas une pure entité [...], mais un ensemble d'individus placés dans un milieu spécial et en subissant l'influence. Ceux-ci, élevés en dignité, en pouvoir, en traitement au-dessus de leurs concitoyens, sont par cela même forcés, pour ainsi dire, de se croire supérieurs aux gens du commun [...]"

"Prenez garde à vos chefs et mandataires ! Comme vous certainement ils sont animés des plus pures intentions [...] ; mais les relations, les occasions nouvelles les modifient peu à peu ; leur morale change avec leurs intérêts, et, se croyant toujours fidèles à la cause de leurs mandats, ils lui deviennent forcément infidèles."

Voila, je crois, qui justifie la pensée d'a-n-archie, littéralement : l'absence de pouvoir, de gouvernement. Mais je ne vais pas faire un plaidoyer de l'anarchisme.

Elisée Reclus, après avoir introduit l'idéologie, fait ensuite un retour en arrière et montre comment, depuis le commencement de notre histoire, la pensée s'est développée dans le sens d'un esprit plus libéré, hors de toute contrainte et asservissement, de tout dogme religieux, de toute pensée pré-construite. Alors, même si le chemin est long, il y trouve quand même l'évolution de chacun vers une anarchie, une libération de la servitude qui nous enchaîne à nos bourreaux et ne fait que perpétuer le mal être dont nous tentons de nous tirer.

C'est une vision bien optimiste de l'humanité, et Elisée ne semble pas prendre en compte, ou peu, la nature psychologique de l'être humain et les différences interindividuelles. Mais ce court essai est un exemple et un message d'espoir qui devrait faire revoir l'opinion de certains sur ce qu'est l'anarchisme, et tenter, chaque jour, d'en appliquer les valeurs morales, qui sont le Libre Examen, la critique, l'autocritique, la remise en question, et tout ce qui peut briser la cristallisation de notre pensée qu'induit une vie sociale aujourd'hui.