Le froid modifie la trajectoire des poissons
de Pierre Szalowski

critiqué par Dirlandaise, le 7 février 2010
(Québec - 69 ans)


La note:  étoiles
Les vertus de la congélation
Entre le six et le dix janvier 1998, le Québec vit la pire tempête de verglas de son histoire. La glace, en plus d’endommager la nature, détruit en grande partie le réseau de distribution d’électricité. Plusieurs attendront près de deux semaines avant de pouvoir de nouveau être connectés au réseau. Un grand nombre de personnes sont évacuées de leur demeure et relogées dans des centres d’hébergement temporaires afin d’assurer leur sécurité car la température de janvier au Québec est très basse. Cette catastrophe bouleverse le quotidien d’un grand nombre de gens et les incitent à l’entraide et au partage.

Le livre de Pierre Szalowski raconte la crise du verglas et les bouleversements qu’elle a entraînés dans la vie de quelques habitants d’un quartier de la ville de Montréal. Le personnage principal est un enfant d’une dizaine d’années dont les parents décident de se séparer ce qui le bouleverse au plus haut point. Il y a aussi son meilleur ami Alex qui vit seul avec son père, il y a Boris, le mathématicien russe qui étudie la trajectoire de ses poissons rouges pour sa thèse de doctorat, il y a la belle Julie, qui exerce le métier de danseuse dans un bar au nom tout à fait exotique et évocateur de « Sex Paradisio » et enfin le couple gay formé par Simon et Michel. Tout ce petit monde verra sa vie prendre un nouveau tournant grâce à la situation exceptionnelle qu’amènera la tempête.

C’est tout à fait charmant, frais et primesautier. L’écriture de monsieur Szalowski est simple, naïve et toute en dialogues attendrissants. C’est une fantaisie débridée qui m’a ravie. Les personnages sont nature et les situations rocambolesques abondent. J’ai beaucoup aimé le couple formé par Boris et Julie. Cependant d’autres personnages m’ont parus assez ternes et inintéressants mais dans l’ensemble, j’ai aimé ce conte recouvert d’une épaisse couche de glace mais que la chaleur de l’amour réussit à faire fondre.

Pierre Szalowski est un journaliste, scénariste et photographe de presse montréalais. Il est aussi vice-président d’Ubisoft dont il a participé à l’installation à Montréal en 1997. Ce livre est son premier roman.

« La mathématique, c’est de la poésie. Il faut que chaque ligne, chaque formule rime avec celle qui suivra pour former un long et beau poème. Une formule mathématique, c’est une œuvre d’art. Un texte qu’on n’écrit qu’une fois, sans droit à l’erreur, pour qu’il en devienne unique ! » Boris

« Je suis un Canadien libre ! — S’tie d’tabarnac ! Tu peux être un Canadien libre si tu veux, mais avant ça, tu vas être un Québécois solidaire ! »
Sympathique 8 étoiles

Une jolie petite histoire qui se lit rapidement et avec plaisir. Le ton est léger et drôle. C'est la première fois que je lis un auteur québecois et je dois bien l'avouer, j'ai été agréablement surprise. Certes, il y a parfois un peu trop de mièvrerie, mais, après tout, un petit garçon de 11 ans a le droit de croire qu'il peut commander le ciel!

Sandra_m - - 39 ans - 25 septembre 2012


Le Froid favorise l'amour 5 étoiles

En 1998 , le verglas a paralysé le Québec pendant un mois. Ce roman s'inspire de cet événement pour présenter le froid comme une prémisse à l’amour. Le refroidissement de la température n’influence pas seulement la trajectoire des poissons, mais aussi le comportement humain. La froidure engendre la solidarité. C’est bien connu, les propriétés thermiques disjonctées alimentent les rapprochements calorifiants.

En fait, il s’agit d’un roman d’amour. L’amour d’un couple qui se sépare et se réconcilie à cause de la tempête de verglas. L’amour renaissant d’un ours mal léché pour une chanteuse mexicaine. L’amour naissant entre une strip-teaseuse et un étudiant russe. Et l’amour d’un couple uraniste, qui s’affiche maintenant parce que l’on a compris que l’acceptation de la différence est très pratique dans certaines circonstances. Quand le chauffage chôme, peu chaut l’orientation sexuelle de l’aubergiste épargné par la panne d’électricité. Même les poissons s’accoquinent quand la température de l’eau est inférieure à 32 degrés. Dans un aquarium, ils suivent en solitaire toujours la même trajectoire comme s’ils faisaient des nœuds, mais quand l’eau est plus froide, ils nagent deux par deux. L’anthropologie comme l’ichtyologie certifient la thèse du rassemblement pour entraver les effets d’une nature capricieuse.

Le canevas laisse espérer une aventure hiémale des plus palpitante, voire humoristique. Il ne remplit ses promesses qu’à moitié. Le chaînon le plus faible a trait à la superficialité des personnages. L’auteur a misé sur leur grande sensibilité pour nous accrocher. Mais l’écho redondant de leurs amours sombre dans une mièvrerie, qui affecte grandement la crédibilité de l’œuvre avec tous ces yeux larmoyants, ces regards languissants, ces baises époustouflantes. L’auteur a gâché sa recette, d’autant plus que son écriture est trop lourde pour relever la saveur du plat.

Libris québécis - Montréal - 82 ans - 5 mai 2012


"Feel good book" 7 étoiles

Non, ce n'est pas un chef d’œuvre, clairement pas...et oui, ça sent un peu le remake d'"ensemble c'est tout" version sirop d'érable...

Mais franchement j'ai aimé, c'est mignon tout plein (bon, d'accord parfois un peu trop), mais c'est vraiment un livre sympa à lire quand on a envie d'un peu de joie dans ce monde de brut...

Bref, vite lu, joyeux, parfait pour passer le temps...

Bon, je m'en vais lire un polar bien sanglant pour expurger ce trop plein de trognonitude...

Mithrowen - La Chaux-de-Fonds - 35 ans - 5 mai 2012


Dégoulinant de bonnes intentions, et un peu laborieux aussi 5 étoiles

Sans répéter toute la trame de l'histoire (on va finir par la connaitre), j'ai trouvé ce roman gentillet, mignonon et vaguement chou, quoi.

Pierre Szalowski, crache-moi ce vilain bisounours! Crache, j'ai dit! Tu tiens une chouette idée: une tempête de glace du tonnerre qui peut réunir (ou pas) les habitant d'un quartier. Mais bon sang, pourquoi tu nous dessine des bonshommes avec 4 doigts et un nez rond, comme dans les caricatures de mon neveux de 6 ans? Un couple homo qui se cache, un gamin dont les parents vont divorcer, une strip-teaseuse cynique, un bellâtre étranger vaguement scientifique, un père alcoolique et son gamin, teigneux de la classe... ben voyons, il ne manquait plus qu'une chose, c'est qu'ils se rencontrent, s'entendent comme larrons en foire et changent la face de leur petit monde! Ah, c'est ce qui arrive à la fin du bouquin? Au temps pour moi...

Voilà à quoi me fait penser ce roman: un Marie-Aude Murail, après reconversion pour adulte. Notez que j'aime beaucoup Marie-Aude Murail (la preuve: http://www.critiqueslibres.com/i.php/vcrit/21440), mais surtout parce que je l'ai lue à 12 ans. Dans le registre "naïf et plein de bonnes intentions", on est quand même très loin de Pennac ici!

Un gros regret: l'écriture. Je n'ai pas lu le livre en français, et visiblement je rate bien des régionalismes qui m'auraient fait sourire et plus si affinités...

Mallollo - - 42 ans - 13 octobre 2010


Bons sentiments au pouvoir. 6 étoiles

Si quelque chose devait me gêner avec ce roman, ce serait cette forme de plaidoyer pour les bons sentiments sous laquelle il se présente. L’idée de base est sympathique et constitue une bonne trouvaille. Le traitement, lui, est par trop dichotomique. Les gentils et les méchants. Les bons sentiments et les autres …
Nous sommes au Québec, à Montréal. Un jeune garçon de dix ans prend conscience que ses parents vont se séparer et son avenir se déchire. Il est carrément désespéré, tant et si bien qu’il demande au ciel de l’aider. Nous sommes en hiver …, au Québec, et le pire arrive. Il est exaucé, est-il persuadé, puisqu’une énorme tempête de verglas déferle sur la province, bloquant peu à peu la population chez elle. Son père part néanmoins s’installer à l’écart, dans un chalet isolé. Pas pour longtemps puisque coupé de tout et les deux bras dans le plâtre suite à une chute lors du déneigement du toit, il revient à la maison.
Le voisinage qui s’ignorait mutuellement et superbement se voit obligé de s’entraider, de coopérer et là, la caricature devient totale ! Dans le voisinage, on va recenser : un couple homosexuel, un homophobe-misanthrope notoire, une danseuse de cabaret, un transfuge russe qui se consacre à la recherche mathématique basé sur le comportement de ses poissons, … et la suite du roman ne sera que l’évolution de ce microcosme vers la – les – happy end la plus improbable. C’est sympathique mais aussi éloigné de la réalité (sans verser dans l’onirisme) que les idées de N. Sarkozy le sont de la justice sociale !
Nous sommes dans un roman, me direz-vous ? Certes ! Et il faut le prendre comme tel. Mais Pierre Szalowski appuie un peu fort sur la corde du pathos.

« Boris Bogdanov s’était pris de passion pour la topologie, enfin, pour une de ses disciplines. La théorie des nœuds est une science mathématique complexe qui permet d’expliquer des choses très simples de la vie. Lorsqu’on tire sur un fil d’une pelote de laine emmêlée, parfois elle se dénoue d’un coup, parfois le nœud devient plus gros encore. C’est comme la vie, des petits gestes peuvent entraîner de grandes choses. Et des fois le même geste n’aura pas d’effet.
Les poissons exotiques de Boris Bogdanov lui permettaient de réfléchir à sa nouvelle théorie. Un poisson dans un aquarium a toujours le même parcours, sa ficelle à lui. Il la déroule en fonction de la présence des autres poissons, amis ou ennemis. Il doit également modifier son chemin rituel à l’arrivée de tout nouveau locataire. Pour Boris, ces itinéraires formaient autant de ficelles qui se nouent et se dénouent.
- On ne choisit pas son chemin, les autres le font pour nous.
Sa thèse de doctorat était là, devant lui, dans une eau maintenue à trente-deux degrés. »

Tistou - - 68 ans - 13 octobre 2010


Pas assez froid en réalité 4 étoiles

Le titre m'a plu, intriguée aussi. Alors j'ai plongé avec curiosité dans ce bouquin, d'autant plus que ce sujet, la tempête de glace, c'est quelque chose que je ne connais pas sous mes latitudes tempérées (bon, y a bien du froid et de la neige par chez moi mais rien à voir tout de même) et je garde un excellent souvenir de "Hiver" de Mons Kallentoft qui m'avait ressentir le froid au plus profond de moi. J'espérais donc retrouver une telle sensation mais il n'en fut rien car ce froid, justement, la candeur, voire la mièvrerie de certaines situations finissent par le tuer à force de le noyer sous de la douce guimauve. Et pour ça, je suis vraiment très mauvais public. Je reconnais qu'il y a des moments charmants dans le livre, des passages amusants mais bon, la culpabilité d'un môme face à la séparation de ses parents, c'est triste mais ô combien si souvent vu et ici abordé sans véritable originalité. Idem pour le reste des histoires. C'est dommage car l'auteur a tout de même croqué une intéressante galerie de portraits et de destinées humaines dans lesquelles on a envie de se plonger, mais autrement que comme abordé ici.

Sahkti - Genève - 50 ans - 30 septembre 2010


Le ciel en froid 6 étoiles

Notre petit narrateur de 11 ans prie le ciel de l'aider.
Ses parents se séparent et il ne peut le concevoir.
Le ciel l'entend : le lendemain débute la pire tempête de verglas que le Québec ait jamais connue...
Si le froid modifie la trajectoire des poissons, il va aussi modifier la trajectoire de tout le quartier.
Bonne analyse des différents personnages et mise en évidence du sentiment de culpabilité ressenti par un enfant lors de la séparation de ses parents.
Un bon moment de lecture.

Koudoux - SART - 60 ans - 31 août 2010


Le froid modifie la trajectoire des hommes...trop facile 4 étoiles

Le narrateur est un garçon de onze ans. Après les fêtes de fin d’années, il apprend que ses parents se séparent. Il ne peut pas le croire, il veut empêcher cela, il fait appel au ciel mais il n’a pas l’impression que ça fonctionne… Boris, un voisin, est un russe immigré au Canada. Il est absorbé par sa thèse et ses poissons. Julie, une autre voisine, fait un travail nocturne qui ne lui plait pas. Simon et Michel sont homosexuels et vivent ensemble…

Bon, ça se lit bien, l’écriture est facile. Mais je n’ai vraiment pas accroché à cette histoire où tout commence mal et où des voisins qui ne se voyaient jamais, finissent tous copains comme cochons et bien évidemment, tout finit bien.

Désolée pour les fans de Gavalda mais ça m’a fait penser à Ensemble, c’est tout, que je n’avais pas aimé. L’auteur a voulu faire de belles tournures, une belle morale mais ça fait vraiment « too much ». Un petit point positif, le titre à double sens, qui veut montrer que le froid ne modifie pas que la trajectoire des poissons...

En conclusion, déçue !

Shan_Ze - Lyon - 41 ans - 12 juillet 2010


Dégel sous la glace 6 étoiles

« On ne choisit pas son chemin les autres le font pour nous. » Pierre Szalowski profite de la fameuse tempête de glace qui s’est abattue sur Montréal, en janvier 1998, pour nous montrer comment une communauté, sans liens particuliers, va se comporter quand elle va être confrontée à ce cataclysme qui va modifier radicalement son mode de vie.

Un gamin dont les parents se séparent, deux homosexuels qui se font passer pour des frères, un Russe qui a échoué dans le hockey et se consacre désormais à la recherche en étudiant la trajectoire des poissons, Alex, le gamin débrouillard, qui vit avec son père alcoolique et qui n’a jamais connu sa mère et enfin la pin up du quartier, une gogo danseuse, qui en a marre de ce métier pas très valorisant, vont se trouver confrontés à leurs voisins et devoir vivre avec eux pour faire face au cataclysme. Ils pourront ainsi faire mieux connaissance, se comprendre, s’accepter, s’apprécier et créer une communauté solidaire.

Un roman tout gentil où tout le monde est bon et beau, un roman un brin puéril, un sujet qui aurait peut-être mérité un meilleur traitement comme celui que nous a proposé, il y a un bout de temps déjà, Rick Moody dans « Tempête de glace ». L’idée de mettre en situation extrême des personnages avec leurs fêlures et leurs fragilités est intéressante, elle permet de voir comment les hommes peuvent transcender leurs petits travers pour s’élever au niveau de la nouvelle situation. « La nature humaine se révèle dans la merde » Mais, chez Szalowski, la catastrophe n’engendre que bonheur et délices alors que chez Moody elle inflige la punition qui permet d’obtenir la rédemption du péché.

Par contre, le roman propose, une réflexion intéressante sur la culpabilité de l’enfant victime du divorce de ses parents qui se croit responsable de cette catastrophe naturelle et qui cherche à fuir sa douleur dans une autre douleur. « Je voulais avoir mal, pour avoir plus mal encore. Pour surtout ne plus avoir mal à cause de mes parents. » Dans ce roman, la vie en couple ne semble pas très aisée et il était temps que la nature se manifeste pour remettre de l’ordre dans cette petite société. Un grain de sable peut parfois tout faire basculer mais un grain de glace peut parfois bien arranger les choses. « C’est beau un homme qui revient », une femme aussi !

Débézed - Besançon - 77 ans - 22 avril 2010


Tout est bien qui finit bien 6 étoiles

Existe-t-il quelqu’un qui ait échappé au cynisme ambiant? Eh bien oui, cet auteur, dont le roman est lardé de bonnes intentions. Les thèmes de l’acception et l’entraide sont abordés au premier degré avec une naïveté presque inquiétante. Il y’a tellement de gentillesse que ça lève le coeur. Pensez à Anna Gavalda devenue nonne.

Pourtant le début est sympathique. Les personnages sont attachants et la forme est ludique. Puis tout dérape. Définitivement, une lecture des plus légères.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 23 février 2010