La souille
de Franz-Olivier Giesbert

critiqué par CC.RIDER, le 27 janvier 2010
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Roman symbolique du terroir normand
Blaise Mortemar, que tout le monde appelle Jésus, est garçon de ferme chez les Ducastel depuis plus de vingt ans. Il est un peu simple d'esprit et passe son temps à observer les gens qui l'entourent, les animaux domestiques et sauvages et en particulier un très vieux sanglier sans oublier toutes les forces de la nature. Maxime, son patron, trouve une femme par le biais d'une agence matrimoniale : Epiphanie qui sera aussi mal accueillie par sa belle-mère que par sa toute-puissante voisine qui tient les Ducastel car ceux-ci ne peuvent pas rembourser l'argent qu'elle leur a prêté...
Un roman (presque) du terroir normand particulièrement bien écrit dans un style minimaliste fort agréable où Giesbert, brillant journaliste au Point et dans nos étranges lucarnes, rivalise avec Fournier ou Mingharelli, autant dire avec les meilleurs du genre. Le personnage de Jésus est magnifique, tout à la fois ambigu et troublant. Malheureusement, à chaque paragraphe centré sur les turpitudes humaines en répond un autre sur la vie animale qui, comme chacun sait est tout aussi cruelle. Mais n'est pas Maurice Genevoix qui veut. Dans ce livre, le symbolisme et la philosophie restent en permanence en filigrane ne serait-ce que par le biais de ce valet de ferme plus penseur que rêveur qui se régale de « L'éthique » de Spinoza et par les maximes ou aphorismes qui terminent pratiquement tous les passages.
« La colère fait perdre les moyens ; la haine permet de les retrouver. »
« C'est quand on a renoncé à tout que le monde vous appartient. »
« Une société qui ne croit pas en Dieu ne croit pas en elle-même. »
« Une mère aime son enfant même quand il ne le mérite plus. »
Roman original qui mérite le détour 8 étoiles

Ce roman assez court ressemble un peu à une nouvelle qui pourrait être extraite des contes de la bécasse et qui aurait été développée. Il nous emmène dans la campagne normande et l'histoire tourne autour de la vie de quelques personnages dans une ferme et son proche voisinage. Il est construit en alternant des passages centrés sur des personnages puis des passages sur le monde animal environnant ces mêmes personnages. La thématique de la prédation est de fait présente... Le tout donne un style original, fluide, l'écriture est simple et la lecture agréable.

Lolitadu43 - Ardèche - 47 ans - 7 janvier 2014