Le Deuxième Amour : Histoires et portraits
de Joseph Roth

critiqué par Jlc, le 26 janvier 2010
( - 81 ans)


La note:  étoiles
Croquis, pirouettes et fonds de tiroir
Ce petit livre est un recueil de dix neuf très courtes nouvelles. On sait combien Joseph Roth a le sens de l’ellipse mais les textes ici réunis sont si courts qu’on devrait plutôt parler de croquis.
Ces récits m’ont fait penser à un peintre qui a toujours avec lui un carnet de dessins ou à un écrivain qui note dans un calepin des idées qui passent, des visions fugitives, des rencontres inattendues. Ces matériaux serviront peut-être un jour ici ou là dans l’œuvre qui se fait. Mais faut-il les révéler après la mort de l’auteur? Pour les peintres la réponse est clairement positive car ces carnets sont souvent une indication précieuse sur l'évolution de l'artiste. Pour les écrivains je suis plus dubitatif.
Roth évoque ici des souvenirs d’enfance ou d’adolescence, parfois nostalgiques mais sans compassion, parfois cocasses non sans une certaine cruauté. Mais ces histoires sont trop courtes pour être aimées en tant que telles. L’auteur aurait du aller plus loin à la recherche de ses personnages, pour que nous nous y attachions, au lieu de nous dessiner un simple croquis et de le terminer souvent par une pirouette, signe d’une certaine pudeur mais qui laisse le lecteur sur sa fin.
Et une fois encore se pose la question : faut-il tout publier d’un écrivain célèbre ? Faut-il tout lire d’un auteur qu’on admire ? Je l’ai longtemps cru mais je suis plus perplexe aujourd’hui. Je ne sais pas si ces nouvelles ont été publiées du vivant de Roth ou si elles font partie de ces fonds de tiroir que la mort fait ressortir. Elles n’ajoutent rien en tout cas à l’immense talent de Joseph Roth.
Une lecture pour presque rien. Dommage !

Mais ceci n’est bien sûr qu’un avis.