Alexandre le Grand : Le rêve dépassé
de Jacques Benoist-Méchin

critiqué par Chene, le 25 janvier 2010
(Tours - 54 ans)


La note:  étoiles
La volonté d'unir l'Occident et l'Orient
"Tous les hommes rêvent.Mais il semble, parfois, que ce soit l'histoire elle même qui rêve à travers eux..."

De 1961 à 1980, Jacques Benoist-Méchin, historien spécialiste de l’Orient et aussi écrivain de talent, s’est lancé dans une série de biographies d’hommes célèbres dont le point commun a été la volonté d’unir l’Orient et l’Occident.

Cette série d’ouvrages s’intitule « le rêve le plus long de l’histoire ».

Dans "Alexandre le Grand ou le rêve dépassé", Jacques Benoist Méchin, nous retrace avec brio la conquête par Alexandre le Grand de l’Asie centrale accompagné de ses 5 000 cavaliers et de ses 30 000 soldats. Ils arriveront jusqu’au bord de l’Indus en Inde.

Alexandre aurait voulu étendre encore son empire, bien au-delà de l’Indus. Il avait déjà franchi l'Hyphase, mais ils fut arrêté par ses propres hommes, qui, épuisés par les combats et éloignés de la Grèce depuis 10 années ont refusé de le suivre davantage. Ainsi, Alexandre n'a rencontré qu'une limite dans son désir de conquêtes, celle des possibilités humaines.

Lorsque Alexandre mourut il n’avait pas 33 ans. Il était habité par un rêve : fusionner l’Orient et l’Occident. Il y arrivera pendant les 10 années de son règne. Les principes sur lesquels il avait édifié son empire étaient d'une telle universalité qu'ils s'étendraient progressivement à la totalité du genre humain. Il développera la civilisation hellénistique mais il respectait, aussi, les coutumes de chacun. Il restera célèbre comme l’un des plus grands conquérants de l’histoire.
Une épopée fascinante qui se dévore d'un trait grâce au prisme et à la remarquable plume de Jacques Benoist Méchin.
un rêve inachevé 5 étoiles

Réglons tout de suite le reproche majeur que je ferai à l’"Alexandre" de Benoist-Méchin : en débutant brusquement le récit de sa biographie au moment où, suite à la mort de Darius, sur la route d’Hécatompyle, Alexandre prend conscience que son destin est d’unir l’orient et l’occident, l’auteur respecte sans doute une certaine logique. Mais malheureusement il prend le risque de dérouter complètement le lecteur novice. Difficile en effet, sans un mot sur la jeunesse d’Alexandre, sans quasi une ligne sur le début de la conquête et les premières victoires, sans peu de retour sur la campagne d’Égypte surtout, de bien cerner le contexte général de l’épopée d’Alexandre.

Dans les points négatifs on notera également l’absence, assez étonnante chez un historien, d’une bibliographie même sommaire, ou bien au moins d’une discussion sur les différentes sources utilisées.

Le livre recèle heureusement bien des qualités qui (à condition d’avoir lu auparavant une biographie complète du conquérant, pour y comprendre quelque chose !) mérite qu’on s’y attarde. Tout d’abord parce que l’écriture de Benoist-Méchin est vraiment plaisante, fluide, brillante. Ensuite parce que les analyses de l’historien sont pertinentes et fines. Ses réflexions sur la différences de mentalité entre grecs et perses (quoique peut-être malgré tout un peu simplificatrices), ainsi que ses analyses sur l’administration de l’empire et l’épisode de la révolte d’Opis sont particulièrement éclairantes.

L’un des grands intérêts de l'ouvrage est de d'expliquer l'évolution psychologique d’Alexandre et de ses motivations. Pour le conquérant en effet, la campagne de Perse, qui à l’origine s’apparente plutôt à une guerre de représailles (suite aux tentatives d’invasion de la Grèce par Xerxès un siècle et demi auparavant) se transforme progressivement en un rêve d’union des peuples de l’orient et de l’occident. Mais Alexandre, guidé autant par le génie que la folie, se montrera implacable, voire cruel, pour contraindre les hommes à cette fraternité qu’il ne parviendra jamais à leur imposer.

Fanou03 - * - 48 ans - 20 février 2014


Somptueux 10 étoiles

Attention, ce livre est une perle rare...
Jacques Benoist-Méchin ou l'art de coupler l'intensité factuelle au brio littéraire. Il s'agit là du "roman biographique" le plus accompli qu'il m'ait été donné de lire.
Au delà des informations glanées sur le personnage principal, c'est tout un pan de l'antiquité dans un moyen-orient élargi qui se découvre à nous.
A rapprocher, sur la forme, d'un "Moi, Hannibal" de Giovanni Brizzi.

A lire absolument.

Nicolas D. - Lille - 42 ans - 26 novembre 2012


Passionnant du début à la fin 10 étoiles

Effectivement, il s'agit sans doute de l'une des meilleures biographies d'Alexandre, sans doute pas la plus complète ni la plus savante, mais incontestablement la plus vivante et la mieux écrite.

Benoist-Méchin a su éviter les deux écueils de l'exercice, à savoir la somme universitaire roborative qui vous tombe des mains et le livre grand public à la Max Gallo, qui se contente de synthétiser des choses archi connues.

Style dynamique, sens de la formule et construction rigoureuse, caractérisent cette biographie exemplaire de clarté.

On sent même ça et là une identification affectueuse de l'auteur au personnage dont il conte la vie, mais le processus est discret et totalement maîtrisé.

Jefopera - Paris - 59 ans - 3 mars 2011