Le don des morts
de Danièle Sallenave

critiqué par Donatien, le 13 janvier 2010
(vilvorde - 81 ans)


La note:  étoiles
Sur la littérature
La thèse de l'auteur de cet essai est que "dans notre culture, vivre sans les livres est une privation, un tourment qu'on ne peut comparer à rien".

Ce livre publié en 1991, est le fruit d'une analyse qui aboutit à défendre l'idée que l'absence de littérature, du poème, de la fable, de la fiction, CREUSE une sorte particulière de vide qui n'est pas l'absence des arts, du savoir ou de la culture.
Les livres sont vitaux pour transfigurer la vie ordinaire, ouvrir le temps, l'espace, le passé. Ils sont aussi le don que font les morts pour nous aider à comprendre le monde, soi-même, l'autre et l'existence.

Pour faire ressortir l'exemple de l'importance du livre, Danièle Sallenave évoque l'exemple de l'Europe de l'Est avant la chute du mur. Les textes interdits circulaient, étaient appris et récités en cachette. Les livres étaient vitaux et porteurs d'espoir.
Elle pointe ensuite l'importance du Roman dont la mission est , entre autres :
- être un lien de la compréhension des actions et des passions des hommes,
- le lieu problématique de la quête de sens,
- l'apprentissage de la liberté et de la pensée,
- raconter, c'est faire "être".

Ce qui est important c'est l'idée de "COMMUNAUTE PARTAGEE" par tous les lecteurs du monde !
" Faire retour sur soi et s'ouvrir au monde présent et passé, aux anticipations et aux souvenirs, à la promesse et au pardon, à ceux qui sont morts et à ceux qui ne sont pas encore""

Cet essai contient des dizaines d'idées et de réflexions passionnantes sur les pouvoirs de la littérature, de plus dans une langue précise et belle.

Je voudrais citer encore un passage concernant la découverte de la lecture chez l'enfant : "L'enfant qui aime les phrases apprend vite à identifier et distinguer leur figure propre, leur mobilité ou leur lenteur, à aimer certaines gaietés graphiques, les points d'exclamation, le frémissement des virgules.
Le mystère du point, célébré par la majuscule et la glorieuse insurrection de la nouvelle phrase qui commence. ".

A lire par tous ceux qui doutent des pouvoirs et de la nécessité des livres.
Enorme déception 2 étoiles

Au départ :
Peu de critiques, mais toutes excellentes, un sujet qui s’annonçait passionnant (les livres : le don que nous font les morts pour nous aider à vivre), un livre paru dans la collection nrf de Gallimard.

Au final :
Un livre dans lequel j’ai effectivement trouvé quelques belles phrases, mais qui s’est révélé illisible (du moins pour moi). J’ai abandonné au premier tiers et parcouru en diagonale les deux autres tiers, en espérant trouver enfin ce que j’espérais, mais non…
Un style lourd, de trop longues phrases, un mépris de ce qui n’est pas « la ville » et en particulier de « la banlieue » - dès les premières pages. Quel rapport avec les livres ?

En positif, quelques phrases comme celles-ci :
« A peine avais-je commencé de vivre que j’ai compris qu’on pouvait ne pas consacrer sa vie à autre chose qu’aux livres. Mais non pour échapper au monde, non pour le fuir : pour le retrouver »
« Lire, c’est voir. Cette capacité de nous faire voir, de donner quelque chose à voir, voilà le don des grands livres. »
« Les livres ne remplacent rien, ils ne sont le substitut de rien: ni des honneurs, ni de l'argent, ni des places, ni de la culture, ni des accomplissements personnels, des satisfactions ou des honneurs privés, mais rien ne remplace les livres, rien ne peut se substituer à eux. Sans les livres, toutes les vies sont des vies ordinaires. »

Mais aussi, par exemple :
« La culture cultivée finit donc par être rangée dans ce quoi précisément elle tendait à s’arracher : la culture au sens anthropologique du terme. »
« c’est de la littérature elle-même qu’est issue l’idée de paideia, comme « psychagogie » - art de conduire les âmes ;- et les textes sont par excellence le lieu d’apprentissage de la « gnomosunè », ou « discernement ». »

Pas un livre pour moi !

Ludmilla - Chaville - 69 ans - 24 décembre 2017