Borgia, tome 1 : Du sang pour le pape
de Alejandro Jodorowsky (Scénario), Milo Manara (Dessin)

critiqué par Septularisen, le 12 janvier 2010
( - - ans)


La note:  étoiles
Les premiers parrains de l'Histoire
Au début de ce récit nous sommes à la fin du XVe siècle, la ville de Rome est devenue un lupanar sans foi, ni loi. Les gens se font dévaliser en pleine rue, les maisons sont pillées en plein jour, la prostitution fleurit sous chaque porche, les assassinats quotidiens se comptent par douzaines…

L’église elle-même vit une des périodes les plus sombres de son histoire, contre de l’argent le haut clergé accorde des indulgences pour absoudre même les pires méfaits, le Pape lui-même vend le pardon divin, quant aux cardinaux ils acceptent des pots-devin et entretiennent maîtresses et bâtards…

Le Pape Innocent VIII est à l’agonie et ne survit plus qu’en tétant du lait de femme et en se faisant faire des transfusions sanguines à partir de jeunes enfants… Dans les coulisses, les comploteurs de toutes sortes s’agitent déjà pour prendre sa place…

Par mis ceux-ci le Cardinal Rodrigo Borgia dont nous découvrons la maîtresse Vanozza Catani, et ses quatre enfants (et oui!..) Lucrèce, César, Giovanni et Jofré…
Après une tentative d’empoisonnement lors d’un banquet, Borgia décide d’éloigner ses enfants de Rome pour les protéger, en effet Innocent VIII vient de mourir et les complots vont bon train pour sa succession…

Pour le conclave qui se prépare, 23 cardinaux sont en lice, il faut 15 voix pour avoir la majorité. Mais avec cinq voix les chances de Rodrigo Borgia (handicapé par son origine espagnole) sont très minces, Ascano Sforza de Milan a dix voix assurées et Julien della Rovere de Naples peut compter sur huit autres…

A force de tractations, de comprommissions, d'assassinats et de promesses Rodrigo Borgia parvient à acheter 14 voix, il doit maintenant réussir à acheter la voix du vieux Cardinal Gherardi qui à 95 ans n’est plus qu’un vieillard qui ne veut et ne désire plus rien…

Cette série raconte donc de façon romancée les péripéties de la famille romaine des Borgia, de l’accession au trône de St. Pierre à leur décadence.
Bien que basé sur des évènements historiques ayant réellement eu lieu et des personnages ayant réellement existé, Alejandro JODOROWSKY semble ici s’en être donné à cœur joie, parfois, je le crains, en forçant un peu trop le trait au dépend de la réalité historique.
Ainsi, si les historiens s’accordent en effet à dire que tout ce que l’on reproche aux Borgia, et notamment à Lucrèce Borgia est probablement très exagéré… le scénariste lui pousse et exploite à fond le créneau des rumeurs… assassinats, trahisons, empoisonnements, inceste, viols, tortures, meurtres plus ou moins violents… sont ainsi légion dans cette BD!

Le dessin de Milo Manara, est lui, toujours égal à lui-même, tel qu’on le connaît, tel qu’il a fait sa réputation, beau, exagéré, excessif, précis, sensuel… avec des superbes envolées dans les paysages, les nus féminins et surtout les costumes de l’époque… mais aussi des scènes très peu réalistes, comme p. ex. les scènes de combat, qui franchement ne sont pas à la hauteur d’une telle fresque historique…

Reste que cette BD restitue très bien l’époque, avec les grandes peurs du peuple, comme la peste, la domination sans partage des hommes d’église… Au passage on apprend beaucoup de choses sur cette époque, car il faut le dire les auteurs ont fiat un très grand, et très poussé travail de recherches... même les plus infimes détails ne sont pas négligés, ainsi p. ex. après la mort d'Innocent VIII en 1492, lors du conclave pour l'élection d'un nouveau Pape, la voûte de la Chapelle Sixstine apparaît sans les fresques de Michelangelo... normal celle-ci ne furent réalisées qu'en 1508 sous le règne du Pape Jules II...

Attention cette superbe BD est uniquement pour un public averti!…
Une série pour public averti 5 étoiles

« Rome n’est plus une ville sainte mais un lupanar sans foi ni loi ! »

Le premier volet de cette série BD culmine avec l’ascension de Rodrigo Borgia comme pape (Alexandre VI), qui régna à la fin du quinzième siècle.

C’est toujours un peu cliché quand on pense à la famille Borgia (l’inceste, le poison, le pouvoir à tout prix, une famille qui s’entre-déchire...), ça fait partie de la légende, c’est ça qu’on veut, mais disons que dans cet ouvrage-ci on beurre épais. Plus que de se baser sur des potins, on est carrément dans la fantaisie, mais ça reste divertissant. Sur certains potins on est rigoureux, à d’autres moments c’est du n’importe quoi. Il y a parfois de la recherche pour bien restituer l’époque (ça compte aussi pour les illustrations) et je pense qu’on aurait pu aller dans le sensationnaliste tout en restant plus fidèle à l’histoire/Histoire. D’un autre côté, le scénario est écrit par un réalisateur culte connu pour ses films foufous, alors je n’étais pas en terrain inconnu même si c’était extravagant.

Fait important, c’est une bande dessinée pour adulte. Ça flirte plus avec le porno-gore que je pensais, je m’y attendais, mais pas à ce point-là. Je ne pensais pas que c’était aussi direct et visuel. C’est explicite.

Les illustrations expriment bien le côté trash et racoleur de l’histoire. On est très luxueux dans les détails, les costumes sont superbes, les personnages très distincts, reconnaissables, sauf qu’avec les tomes on va être inconstant dans la vitesse que les personnages ont de vieillir (les enfants vont vieillir d’un coup, certains personnages ne vont pas vraiment changer, le pape va vieillir de 10-20 ans à chaque tome alors qu’il n’a régné que 11 ans !).

C’est gros, gras et sale, peut-être un peu trop à mon goût personnel, mais je sais qu’il y a preneur.

Nance - - - ans - 2 octobre 2012


Good ;) 9 étoiles

Une très bonne BD ! Les dessins sont très beaux, fort détaillés, et l'histoire est aussi très bien, bien scénarisée. J'ai adoré cette BD qui m'a été conseillée par un ami libraire.

Par contre à ne pas faire lire à un enfant, beaucoup de scènes de nu, ou de scènes gore... C'est violent ! Mais c'est justement ça qui est bien niark niark ^^

Wiskiki - - 36 ans - 28 janvier 2010