Le soleil de minuit
de Pierre Benoit

critiqué par Antinea, le 28 décembre 2009
(anefera@laposte.net - 45 ans)


La note:  étoiles
Selon que vous serez...
Schmidt et son supérieur, M. Mauconseil, devisent sur l’arrivée d’un nouveau collègue, Forestier, ancien camarade de promotion de Schmidt. C’est que le personnage n’a pas la réputation de boire beaucoup d’eau ce qui, pour le poste d’Ingénieur en armement qu’il vient prendre ici, à l’arsenal de Moukden, Chine, n’est pas des plus rassurants.
Mais Forestier, petit homme chauve et mélancolique, se montre travailleur et sobre. Sur son bureau il conserve une photo de sa femme et de ses enfants pour qui il économise sa triste paie.
Un soir cependant, alors que Schmidt aspire à passer une soirée de grande liberté avec le Général Matsui, Mauconseil s’incruste et avec lui Forestier qu’il se propose de ramener plus tard à son appartement. Mais la nuit se prolonge, le bar succède au restaurant et les pérégrinations des quatre hommes s’achèvent au « Soleil de Minuit », un dancing un peu libertin des bas-fonds de la ville. Là, l’alcool pleut et la défense de Forestier succombe. La présence d’une jeune femme parmi les danseuses n’est pas sans responsabilité dans cette déchéance.
Le lendemain, Schmidt reçoit les confidences inattendues de son ami, l’aveu d’une vie de restriction et de sa révolte.

Le Soleil de minuit ne m’a pas paru d’un grand intérêt dans la bibliographie de Pierre Benoît. C’est un roman très conventionnel, avec ce format confession qu’utilise beaucoup l’auteur. On y retrouve surtout une vision bien masculine des choses de la vie, avec cette idée que le jeune homme de bonne famille n’a pas à se marier pour avoir son sou de plaisirs. A contrario le modeste devra sacrifier sa vie à un mariage précoce pour accéder à ces ravissements et souffrir une fidélité bien peu compatible avec les besoins naturels d’un homme. La femme objet est ici le cœur du problème, et il faut dire que l’héroïne a bien compris la condition de ses consœurs. A lire pour l’écrit agréable de l’auteur.
Histoire captivante mais réaliste et pertinente. 10 étoiles

L'histoire narrée par Pierre BENOIT est cette fois sans appel. Outre qu'elle reste comme toujours agrémentée d'un merveilleux vocabulaire, elle nous conduit en ces temps troublés et désespérants de la révolution russe; des luttes fratricides perdues d'avance par des troupes blanches de moins en moins soutenues au fil des mois au profit de rouges épaulés tout d'abord par l'empire allemand puis par un certain capitalisme "ante-mondialiste".
Les descriptions géographiques des lointaines contrées enneigées de l'orient sibérien et les personnages nous plongent dans un univers digne d'un Soljenitsyne voire d'un Dostoievky.
Le fond de l'histoire est celui cher à Benoit, la femme fatale qui perd l'homme; ou pour laquelle l'homme se perd. Terrible plaisir destructeur qui submerge celui qui y a goûté. C'est désespérant mais c'est ainsi, le pauvre mâle souvent naïf et désarmé chute sans pouvoir se libérer des griffes destructrices de la créature qu'il cherche en vain à aimer. Ce caractère féminin pernicieux ne pourrait être écrit aujourd'hui car le politiquement correct ambiant annihilerait son édition. ADAM est toujours la victime de l'EVE destructrice !

Angel54 - - 70 ans - 20 janvier 2012