Geluck se lâche. Textes et dessins impolis
de Philippe Geluck

critiqué par Mieke Maaike, le 26 décembre 2009
(Bruxelles - 51 ans)


La note:  étoiles
Geluck se lâche... mais nous fait moins rire
J'ai eu des fous-rires à l'époque du Docteur G. J'adore les jeux de mots et traits d'esprit du Chat. C'est donc avec beaucoup d'enthousiasme que je me suis plongée dans le dernier Geluck, en espérant trouver dans ses « textes et dessins impolis » une verve et un humour plus sombre tout aussi hilarants. Je dois avouer avoir été quelque peu déçue.

Si ses dessins diffèrent de son style habituel par une note plus osée, parfois méchante, qu'un contexte surréaliste et décalé rend percutants, l'essentiel du recueil est composé de textes souvent peu inspirés et de qualité inégale. A chaque nouvelle page, j'espérais un éclat de rire, une jubilation, une bousculade propre à l'humour. Je suis malheureusement restée sur ma faim.

Allez, j'avoue que j'ai bien souri quelques fois, je ne veux pas non plus être de mauvaise langue. Mais les thèmes se voulant mordants et politiquement incorrects n'atteignent pas un haut niveau de subversion. Ses mots impolis, parfois faussement grossiers, ne rivalisent pas avec un humour noir jouissif. Et certaines de ses courtes nouvelles contiennent non seulement d'inutiles longueurs, mais sont en plus dépourvues d'une chute déclenchant l'hilarité.

Geluck, en se lâchant, se voulait iconoclaste. Au vu du résultat, je préférerais qu'il se tienne. Qu'il s'en tienne à son registre habituel, nettement plus spirituel.
Drôle... ou pas! 4 étoiles

Plus qu'un livre drôle, c'est plutôt un recueil de réflexions. Réflexions plus ou moins intéressantes, et je dois le reconnaître, même si je suis une grande « fan » du Chat, plutôt moins. (Comme Télémaque, je garde et regarde mon éphéméride du Chat!)
Si certains dessins et de rares textes tirent leur épingle du jeu, on peut s'interroger sur l'intérêt de nombreuses listes comme « J'aime, j'aime pas » remplies de lieux communs.
J'ai quand même (heureusement) souri, quand il égratigne Alain Delon par exemple, quand il parle du sexe de l'escargot....
Et on ne peut qu'adhérer à ses questionnements écologiques « Et quand je vois que pour divulguer les coucheries de la princesse Machinchose ou les frasques du footballeur Machintruc, on abat quotidiennement des arbres, il m'arrive de soupirer... » ou au chapitre "Yes we Kent" sur les campagnes de prévention contre le tabac, l'alcool...

Mais peut-être ma préférence ira-t-elle au chapitre consacré aux cons... « être con ou être un con, ce n'est pas du tout la même chose. Ce qui expliquerait que des tas de cons sont loin d'être cons, mais que celui qui est con, comme le disait Brassens, est résolument con. »
Ce livre que j'avais offert sur le seul nom de l'auteur, me conforte dans l'idée qu'il vaut mieux, en règle générale, offrir des livres que l'on a déjà lus... et aimés!

Marvic - Normandie - 66 ans - 8 janvier 2013


Bien différent du Chat mais toujours aussi troublant. 8 étoiles

L'inventeur du Chat présente un ouvrage de textes et de dessins mordants, touchants aux problèmes actuels. Par de petits textes, il attaque les institutions politiques, culturelles et religieuses. Sur le ton de l'humour noir et de l'ironie il arrive à toucher au plus près. En partant toujours d'un élément insignifiant il transmet ses idées et ses utopies sur une société que l'on voudrait plus vivable.
Ainsi les médecins devraient être payés en pourboires pour n'annoncer que des bonnes nouvelles ; il vaut mieux mourir dans un crash aérien, on parlera de vous ; il est préférable d'éviter les amateurs de chocolat qui vous gâchent votre carré de chocolat au lait.
Toutes les tranches de la société capitaliste en prennent un coup. Ce livre est toujours dans l'ironie mais touche au but, à savoir une critique profonde des grandes et petites actions qui nous pourrissent la vie. Geluck nous fait rire jaune.

Zenith - - 36 ans - 17 mars 2010