L'affaire de Road Hill House
de Kate Summerscale

critiqué par Aaro-Benjamin G., le 21 décembre 2009
(Montréal - 54 ans)


La note:  étoiles
La fièvre détective
Cette affaire est l’un des premiers faits divers du XIXe siècle. Son mystère a fasciné les foules et inspiré les écrivains qui ont fait naître la littérature policière ; Edgar Allan Poe et Wilkie Collins entre autres.

Tout se passe dans une maison de la bourgeoisie victorienne. Un matin, le petit Saville Kent, trois ans, est retrouvé égorgé dans les latrines extérieures. L’enquêteur de Scotland Yard chargé du cas relève très peu d’indices et il se convainc rapidement que seul un membre de la proche famille peut être responsable du crime ignoble…

Exhaustivement documenté, ce récit historique revisite dans les menus détails les événements et les acteurs entourant l’affaire. (Les 70 pages de notes et de photographies attestent d’un boulot colossal.) Bien que l’auteure se garde de nous révéler le coupable, il ne s’agit pas d’un roman policier du style de ceux d’Anne Perry. La structure est celle d’un essai bénéficiant du recul des années pour mieux attaquer tous les angles de l’affaire.

C’est un livre incontournable pour les amateurs du genre. Étonnement, pour un document abordant les origines du polar, les conclusions sont paradoxales, puisqu’elles mettent en évidence les lacunes du métier de fin limier.


(Livre de l’année – British Book Awards)
Une histoire vraie ! 9 étoiles

Etonnant et déconcertant dans sa facture, ce livre est une véritable analyse d'une époque.
Un bébé assassiné, une famille reconstituée, des personnages fouillés dans ce qu'ils sont et une police qui fait ce qu'elle peut ........... sans être caricaturalement inefficace.
1860, une famille modèle ! Mais quand même un enfant de trois ans assassiné .....
Qui ? On ne le saura jamais vraiment, le livre nous entraine dans une approche de la notion de "famille" de l'époque.
Et c'est là, un vrai plaisir de découvertes relationnelles au sein d'un groupe constitué et de la société elle même (journalisme et monde du travail)
Pourquoi ? Comment ?
On saura un bout du comment, jamais vraiment le pourquoi et ce n'est pas le plus important, la personne qui va payer sera , à la sortie de sa peine, réintégrée par le groupe familial (?)
Etrange et déconcertant comme l'être humain !
A lire !

DE GOUGE - Nantes - 67 ans - 2 novembre 2011


Un vrai polar 6 étoiles

Le petit Saville, âgé de trois ans, est retrouvé mort dans les latrines de la grande demeure familiale des Kent au matin du 30 juin 1860. Toutes les issues de la maison étant fermées, à l'exception d'une fenêtre, il est évident que le meurtre n'a pu être commis que par un membre de la famille ou par l'un des domestiques qui y logent. Les rumeurs les plus folles se mettent alors à enfler et parcourent bientôt la ville, avant de s'étendre à l'Angleterre toute entière. Car c'est un enfant de la haute société qui a été assassiné, et qui plus est dans le cercle le plus intime qui soit.
Ce fait divers tragique passionne tout un chacun, du citoyen lambda aux auteurs de renom tels Charles Dickens et Wilkie Collins. Tout le monde a une idée sur ce qui s'est passé et sur le nom du coupable, et l'inspecteur de Scotland Yard dépêché sur place aura bien du mal à mener sereinement son enquête.

Ce livre est le récit minutieux du meurtre qui est à l'origine du développement de la littérature policière. Les romanciers d'alors et de plus tard se sont en effet passionnés pour cette histoire, et Kate Summerscale montre à quel point elle a été source d'inspiration pour les romans postérieurs à cette tragédie. Wilkie Collins, Charles Dickens, Arthur Conan Doyle et même Agatha Christie ont tous puisé dans ce fait divers qui bouleversa le pays.
Il est saisissant de voir à quel point l'homme qui mena brillamment l'enquête à l'époque fut pourtant livré à la vindicte publique. Il l'est tout autant de constater que tout citoyen anglais se permit alors d'écrire à la police ou à la justice pour donner sa version des faits et livrer le nom de celui ou celle qu'il croyait coupable.

Sur la base notamment des auditions des témoins et des articles de presse de l'époque, Kate Sommerscale a construit une trame très documentée qui plonge le lecteur dans l'Angleterre de l'époque, et surtout dans les travers les moins reluisants de l'être humain. Ce travail, qui fut certainement de fourmi, aboutit à un livre qui se dévore comme un roman policier bien qu'il n'en soit pas un.

Aliénor - - 56 ans - 31 mars 2011