Le petit Saville, âgé de trois ans, est retrouvé mort dans les latrines de la grande demeure familiale des Kent au matin du 30 juin 1860. Toutes les issues de la maison étant fermées, à l'exception d'une fenêtre, il est évident que le meurtre n'a pu être commis que par un membre de la famille ou par l'un des domestiques qui y logent. Les rumeurs les plus folles se mettent alors à enfler et parcourent bientôt la ville, avant de s'étendre à l'Angleterre toute entière. Car c'est un enfant de la haute société qui a été assassiné, et qui plus est dans le cercle le plus intime qui soit.
Ce fait divers tragique passionne tout un chacun, du citoyen lambda aux auteurs de renom tels Charles Dickens et Wilkie Collins. Tout le monde a une idée sur ce qui s'est passé et sur le nom du coupable, et l'inspecteur de Scotland Yard dépêché sur place aura bien du mal à mener sereinement son enquête.
Ce livre est le récit minutieux du meurtre qui est à l'origine du développement de la littérature policière. Les romanciers d'alors et de plus tard se sont en effet passionnés pour cette histoire, et Kate Summerscale montre à quel point elle a été source d'inspiration pour les romans postérieurs à cette tragédie. Wilkie Collins, Charles Dickens, Arthur Conan Doyle et même Agatha Christie ont tous puisé dans ce fait divers qui bouleversa le pays.
Il est saisissant de voir à quel point l'homme qui mena brillamment l'enquête à l'époque fut pourtant livré à la vindicte publique. Il l'est tout autant de constater que tout citoyen anglais se permit alors d'écrire à la police ou à la justice pour donner sa version des faits et livrer le nom de celui ou celle qu'il croyait coupable.
Sur la base notamment des auditions des témoins et des articles de presse de l'époque, Kate Sommerscale a construit une trame très documentée qui plonge le lecteur dans l'Angleterre de l'époque, et surtout dans les travers les moins reluisants de l'être humain. Ce travail, qui fut certainement de fourmi, aboutit à un livre qui se dévore comme un roman policier bien qu'il n'en soit pas un.
Aliénor - - 57 ans - 31 mars 2011 |