Un soupçon légitime
de Stefan Zweig

critiqué par Veneziano, le 16 décembre 2009
(Paris - 46 ans)


La note:  étoiles
Crescendo d'un drame diffus
Un couple d'âge mûr de la campagne anglaise fait connaissance avec leurs nouveaux voisins dont le mari, sorte d'expansif bûcheron naïf, exhibe sa bonhomie, sa bonne humeur et son enthousiasme presque niais, sans y voir aucunement à mal. Pour occuper ce cher homme aussi aimable qu'envahissant, la narratrice, vieille dame sensible, presque perfide et avare de son confort, lui offre un bébé bouledogue, qui devient instantanément la coqueluche de son nouveau propriétaire, au point qu'il s'avilisse totalement devant lui.
La narratrice et son mari, pour sauver leur voisin du plus haut ridicule dans lequel ils l'ont plongé, essaient de l'en extirper. Ils y arrivent peu ou prou, mais pas sans conséquence.

Dans cette nouvelle, une trame dramatique est esquissée dès les premières lignes et le drame apparaît en suspens. La tension monte tout au long de ces quelques dizaines de pages pour atteindre un paroxysme, et la bulle explose, au point qu'on est tenté de se dire "C'était inévitable, prévisible". Pourtant, rien n'arrive de manière certaine, vu qu'il reste des zones d'ombres sur les circonstances exactes du drame, bien que l'hypothèse soumise par la narratrice retienne inévitablement l'attention.
Zweig nous livre un nouveau bijou, noir, un joyau de psychologie dont il a l'habitude. Il a l'art de nous tenir en haleine.
wouah wouah… 10 étoiles

Stefan Zweig, le peintre inimitable des passions, s’est intéressé, dans cette nouvelle restée curieusement inédite longtemps après sa mort tragique, aux passions dont peuvent être victimes nos amis les animaux, et leurs maîtres par la même occasion. Inutile de déflorer l’histoire, surprenante à bien des égards mais témoignant de la remarquable faculté d’observation de l’auteur de "Amok" et "Lettre d’une inconnue". Comme dans toutes ses autres nouvelles, le trait est incisif, sans fioritures inutiles, et le récit nous remue au plus profond du cœur…

Jfp - La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans - 17 août 2019


Se méfier des extrêmes... 10 étoiles

Stefan Zweig renoue ici sur le fond avec l’un de ses thèmes favoris : les ravages de la passion, qu’elle soit amoureuse, ou non.

Ici, John, bêtifiant à l’extrême avec son chien, Ponto « Le plus beau, le plus intelligent de tous les chiens de la terre » va passer à une complète indifférence à son égard, lorsqu’on lui annonce qu’il va être enfin Papa ; toute son énergie est désormais consacrée, d’abord à l’état de sa jeune femme et, ensuite, à la venue inespérée de ce bébé qui va capter désormais toute son attention.

Le chien ne comprend pas ce retournement de situation, malgré tous les artifices qu’il utilise pour attirer l’attention sur lui en faisant semblant de boiter, refusant de s’alimenter etc…
D'ailleurs « Toute une journée et toute une nuit Ponto demeura introuvable ; s’il s’était agi d’un être humain, j’aurais craint un suicide ». Un thème décidément récurrent chez cet auteur si polymorphe, même à propos d'un animal !

Stefan Zweig fait montre une fois encore de ses talents en matière d’analyse psychologique, en pointant les effets délétères de la monomanie car, précise-t-il, ce père était aussi excessif à l’égard de son fils, qu’il l’avait été à l’égard de son chien : ainsi il « s’agenouillait devant le petit landau de son enfant, comme dans les tableaux des anciens maîtres italiens, les trois mages devant la crèche »

Une étude, tout en finesse, doublée d’un suspense magistral, même si l’on pressent quelque peu la fin. A dévorer sans modération !

Isis - Chaville - 79 ans - 7 novembre 2017


Superbe drame 9 étoiles

C'est le deuxième Stefan Zweig que je lis et je suis tout bonnement conquise!
L'intrigue est bonne et m'a particulièrement touchée ayant moi même eu un chien "roi" devenu agressif et dont j'ai dû me séparer... L'auteur a l'art et la manière de nous brosser des caractères en peu de mots et son talent littéraire pour la finesse psychologique est remarquable. Avec en plus dans cette nouvelle une certaine excentricité: celle de dépeindre la psychologie du chien aussi soigneusement que celle des humains... On s'attache tout particulièrement à ce bon bougre de Lympley!
Il faut ajouter à cela un style d'écriture fort élégant et soigné.
Un grand écrivain qu'il ne faut pas manquer!

Junos2005 - - 34 ans - 12 novembre 2013


Nouvelle effrayante 8 étoiles

Stefan Zweig décrit encore de façon remarquable les sentiments humains mais aussi des animaux qui sont eux aussi jaloux tout comme on peut l'être! Effrayant mais sublime. Stefan Zweig a un don pour décrire les ressentis des êtres vivants, il est un maître dans le domaine et je suis assurément devenu un des ses plus grands fans. Il a été très prolifique et je suis très heureux, je vais pouvoir encore en lire beaucoup d'autres!

Gregou - - 38 ans - 10 mai 2013


un classique 6 étoiles

Comme dans toutes les nouvelles de l'auteur, l'écriture est équilibrée, juste et pensée. La psychologie des protagonistes ressort clairement malgré le peu de volume de l'ouvrage. Un Zweig de bonne facture qui fait monter crescendo la tension dramatique de l'intrigue.

Seb - - 47 ans - 22 mai 2011


La superbe écriture de Stefan Zweig! 8 étoiles

On se laisse littéralement porter par les mots de cet écrivain à l'immense talent.

Cette nouvelle qui raconte comment la venue d'un chien pas comme les autres dans la vie d'un couple est originale, drôle, attendrissante et tragique.

J'apprécie vraiment cet auteur qu'il faut lire sans aucune hésitation.

Lalie2548 - - 39 ans - 23 janvier 2011


Encore une perle zweigienne 8 étoiles

Eh oui, on a eu beau pleurer sur la lettre d'une inconnue, frissonner pendant 24 heures de la vie d'une femme, trembler devant le joueur d'échec, Zweig réussit encore à nous bouleverser...

Zweig décortique une fois de plus la psychologie humaine avec une précision, une justesse, une acuité incroyables. Deux heures de lecture, deux heures de vrai bonheur littéraire !

Araknyl - Fontenay sous Bois - 54 ans - 15 janvier 2010