Les Obscures
de Chantal Chawaf

critiqué par Camarata, le 14 décembre 2009
( - 73 ans)


La note:  étoiles
Origines
Lise fille naturelle et cachée d’un notable d’origine noble refuse le marchandage minable et mesquin que sa demi sœur légitime lui propose, en échange de son renoncement à la filiation et au nom. Ce rejet des origines a pour conséquence le délitement de son identité. C’est dans un état de dépersonnalisation, de confusion identitaire qu’elle livre par dépit et dégoût d’un milieu familial rapace, sa vie à un homme, l’homme nourricier, le mâle ancestral Mahmoud nommé par Lise, Justinien.
En se liant à lui elle accepte et fait sienne sa culture, son milieu social et son habitat. Le récit se déroule dans une banlieue déshéritée attenante à un site industriel classé Seveso. Un étang marécageux empli de batraciens est le lieu central du récit car il est la métaphore de l’origine, de l’organique féminité.
Un jour, Justinien -Mahmoud emmène dans l’appartement où Lise vit cloîtrée mentalement, sa fille Yashar, une jeune fille caucasienne, sauvage et rétive .
Lise se trouve confrontée à l’autre femme, la femme des origines, de la tradition et de la civilisation patriarcale, entre ces deux femmes débute une relation très forte, où se développent alternativement, l’amour, le combat, l’alliance, la folie.
Elles se lancent dans des vagabondages homériques au sein de la nature qui encercle la cité. Yashar retrouve ainsi la liberté de sa tribu nomade, mais pour combien de temps ?
Cet univers onirique déconcertant, échevelé, pose plusieurs questions en même temps, la féminité, l’origine, la transmission, la tradition, l’appartenance sociale. Il est un peu à l’image de l’étang, bouillon de culture d’où sortira peut-être la réponse si l’oxygène ne vient pas à manquer. On ressent fortement un sentiment de solitude et d’enfermement