Terre-Neuvas
de Christophe Chabouté

critiqué par Dirlandaise, le 5 décembre 2009
(Québec - 69 ans)


La note:  étoiles
Un enfer flottant !
Enfin, j’ai lu la toute dernière bande dessinée de mon Chabouté que j’aime tant ! Je ne peux être tout à fait objective quand il s’agit de lui car j’ai un faible pour ses dessins et ses thèmes. Cette fois, mon petit Chabouté a choisi de situer son histoire sur un navire français, la Marie-Jeanne, qui file en direction de Terre-Neuve afin de remplir ses cales de morues. Nous sommes en février 1913. Le bateau est sous la gouverne d’un capitaine brutal et tyrannique qui a comme souffre-douleur un petit mousse. Il se défoule de ses frustrations sur le petit gars qui encaisse de multiples coups et bousculades. Mais, il y a aussi un nouveau en la personne d’un gars surnommé le Boueux et que personne ne connaît vraiment. Donc, la vie à bord est dure et les journées sont longues. La pêche à la morue est une activité dangereuse et épuisante. Il faut partir tôt le matin afin de lancer les lignes et ensuite, c’est le ramassage du poisson, le retour au bateau, le comptage et l’habillage de la morue qui est conservée dans le sel. Tout se passe comme d’habitude jusqu’à ce qu’une série de meurtres se produisent à bord. Dès lors, tout le monde devient suspect et en particulier, le nouveau…

Ai-je besoin de mentionner que les dessins de Chabouté sont remarquables. Les premières pages nous projettent directement au cœur de l’action. On voit une statue de la vierge sous différents angles et une lanterne qui se balance au rythme du roulis. Ensuite, c’est une mer démontée et des marins aux prises avec le mal de mer, la terreur se lisant dans leurs yeux. Jamais je n’ai vu une telle puissance, une telle force d’évocation des mouvements de l’eau et de la vie à bord d’un bateau de pêche de l’époque. Nul doute que l’auteur s’est très bien documenté sur le sujet car les nombreux détails sur le métier de pêcheur de morue et sur leur équipement sont tout à fait pertinents et instructifs. J’avais vraiment l’impression d’y être sur ce bateau et de vivre avec son équipage, signe que l’album est une réussite. Il faut voir aussi tous les détails de l’intérieur du bâtiment et les cordages et cette pluie diluvienne qui vient ajouter encore des difficultés aux pauvres marins accablés par leur tâche ingrate. Les dialogues, bien que fort succincts, sont sans doute très représentatifs du parler des marins de l’époque. Les personnages sont réalistes et les visages expressifs à souhait. Mais je connais le talent de Christophe Chabouté alors, je savais à quoi m’attendre et je ne suis nullement déçue par ce nouvel album bien au contraire. Je me demande pourquoi avoir choisi ce thème mais moi, les histoires de marins et de mer, cela me plaît alors j’ai lu avec avidité et un parfait bonheur cette dernière création de mon bédéiste préféré.

J’ai enlevé la moitié d’une étoile car je trouve l’histoire un peu tirée par les cheveux mais il reste que c’est un excellent album de grande qualité avec des dessins exceptionnels dont la contemplation suffit à nous projeter sur cette mer houleuse, si terrifiante par mauvais temps mais également, si magnifique et nourricière quand le beau temps est de la partie. Pas de couleurs, seulement du noir et blanc mais vraiment, un superbe travail. J’attends déjà le prochain Chabouté avec impatience…

« La mer est une garce et une salope, elle te cache le vent glacial qui tranche comme une lame… La tempête hurlante… la brume qui t’égare !! La déferlante sournoise ! Ici le Terre-Neuvas est un galérien !! Un forçat !! Un bagnard !! Sur les bancs, il n’y a qu’un seul mot !! Morue !! »

« Ici on laisse crever un mousse ou un homme pour des morues !! Une vie vaut moins cher que quelques poissons !! On n’est pas nés sous une bonne étoile. On n’a eu droit qu’à la mer et ses dangers… Trente ans que je n’ai pas vu un arbre en fleur. »
Vengeance en mer 9 étoiles

Le dessin gribouillé m’a agacé tout au long. Par contre, cette utilisation d’un trait grossier en noir et blanc était parfaite pour les scènes de brouillard. De même, pour évoquer les flots turbulents de la mer. Et en dépit de cet aspect « sale », les personnages sont bien définis. Plusieurs pages additionnelles auraient permis d’instaurer un suspense. Néanmoins, j’ai adoré le style et l’authenticité de cet univers viril et dangereux.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 55 ans - 5 août 2012


Mystères en haute mer. 8 étoiles

Février 1913. Des pêcheurs à bord de la Marie-Jeanne naviguent à destination des bancs de Terre-neuve. Chabouté raconte le dur labeur de ces hommes face aux intempéries et face aux remous. Le capitaine du navire est brutal et trouve dans l'alcool un refuge. Son autorité extrême lui fait tenir des propos injurieux et infliger des coups au jeune mousse. L'équipage reste concentré et ne pense qu'à remplir la cale de morues.

Je pensais m'ennuyer à la lecture de cette bande dessinée qui évoque le monde des pêcheurs, univers qui ne m'intéresse pas vraiment. En feuilletant la BD, les dessins ne m'ont pas séduit au premier abord et pourtant après lecture de cette oeuvre, je dois dire que j'ai été porté par la narration qui s'allie parfaitement aux dessins. Chabouté parvient à recréer une atmosphère et à conférer une authenticité à ces scènes.

De plus, le lecteur fait de fascinantes découvertes sur les personnages au fil des pages, ces pêcheurs indifférenciés au départ prennent consistance au fur et à mesure. Cette BD m'a rappelé le passage de l'ourque dans "L'Homme qui rit" de Victor Hugo, tout comme certaines révélations sur les personnages qui peuvent aussi rappeler certains passages du même roman. Je ne sais absolument pas s'il s'agit d'une coïncidence ou si c'est voulu.

Pucksimberg - Toulon - 44 ans - 2 avril 2012


La Marie-Jeanne 9 étoiles

Premier voyage avec Chabouté et pas le dernier!

" Avons quitté le port le 26 février 1913 à la marée du matin à destination des bancs de Terre-Neuve pour une nouvelle campagne de pêche".

Le départ est donné, le lecteur se trouve sur le bateau dès la première page.
Les dessins noirs et blancs rendent bien l'atmosphère qui devait régner.
La fin est très surprenante (sans pouvoir en dire plus).
A lire sans tarder!!

Koudoux - SART - 60 ans - 25 janvier 2012


Je ne suis pas fan mais il y a indéniablement quelque chose dans cette BD !!! 6 étoiles

Premier contact avec Chabouté car n'ayant pas beaucoup de background avec les bandes dessinées, je fais beaucoup de nouvelles rencontres à chaque fois!
L'histoire est banale et je n'y ai pas particulièrement accrochée. Il me semble que ce sont surtout les dessins qui permettent de donner à cette histoire de pêcheurs du relief, du volume, de l'intensité, du drame ... Je n'aime pas beaucoup les dessins mais je reconnais qu'on ne peut pas passer à côté. Les visages sont très réalistes, le noir et blanc (pas de gris...) accentue cet effet de dureté sous la plume du dessinateur.
Les images assez nombreuses sans texte rendent bien l'atmosphère et permet quelque respirations appréciées tout au long de la lecture qui finalement se passe bien (la bande dessinée fait tout de même quelques 108 pages!)

Voilà, une rencontre dans le cadre de la sélection CL 2012 qui ne fut pas vaine...

Mandarine - - 52 ans - 14 janvier 2012


Bien, mais ramassé vers la fin 6 étoiles

Une équipée va vers Terre-Neuve en navire pour pêcher la morue. La vie est dure, comme à l’accoutumer, sauf que cette fois-ci ça ne tourne pas comme d’habitude.

« Ici on n’a droit qu’à la mer et ses dangers, on danse tous les jours avec la mort, on est les laissés pour compte... ici on meurt, c’est tout !! Noyade, naufragé, phtisie, scorbut ... plus rarement poignardé dans son sommeil !! »

Quand j’ai commencé la bédé, je me suis sentie en terrain connu (c’est mon deuxième Chabouté, le premier étant Tout seul). Il y a peu de textes, les dessins sont très immersifs (aucune critique à ce sujet), j’étais dedans, les tournures étaient plutôt inattendues aussi, mais j’ai trouvé la finale un peu trop ramassée, chargée. À part peut-être pour le petit mousse, je ne me sentais pas personnellement touchée par le dénouement, trop de personnages qu’on n’a pas connu ou seulement survolé pour se sentir concerner.

J’ai aimé la partie de la vie de bateau, mais le récit de la vengeance a été moyennement bien mené. Je recommande tout de même la bande dessinée. Ce n’est peut-être pas la meilleure, mais elle a ses bons moments.

Nance - - - ans - 27 décembre 2011