Hacker
de Mario Cyr

critiqué par Calepin, le 4 décembre 2009
(Québec - 42 ans)


La note:  étoiles
Rude douceur
4e de couverture : « Sans mouvement, sans air. Ni lumière. Une panne du coeur, un arrêt du cerveau. Un circuit qui déconne. Une résistance qui saute. Non ! Non ! Si j'étais sur le point de mourir, c'est mon passé qui resurgirait. Pas celui d'un autre. Pas celui de cet enfant au regard noir. Rester calme. Me concentrer. Il n'y a pas de menace. Je ne suis pas à l'article de la mort. Malaise passager. Engourdissement. Patience. Tout va s'arranger. Que s'est-il passé ? J'ai peut-être reçu un coup sur la tête qui me prive de sensations, de mobilité et de vue. »

Histoire de deux êtres. L'un se tord de désespoir en voyant son corps lui échapper. L'autre ne demande qu'à se délivrer du sien et de la convoitise qu'il inspire. Sont-ils tous deux la proie de ces cauchemars dont on ne se réveille pas ?

Mon avis : Cyr a le don de retenir la tension qui vibre chez ses personnages, nous faire sentir leur désespoir vécu à coup de phrases coup de poing. Des phrases qui crient. Des phrases qui font mal. Des phrases qui décrivent l'instant vécu, comme une suite de photos qu'on découvre.

C'est le personnage du garçon que j'ai le plus aimé. Abusé par ses proches et les divers connaissances au cours de sa vie, c'est celui qui est le plus en quête de sens. Qui ne comprend pas depuis le début ce qui se passe en lui, n'arrive pas à le dire en mots. S'y mélange également une homosexualité latente qui, au lieu de lui apporter du plaisir, l'emporte plutôt plus loin dans son incompréhension. À l'opposé de l'autre personnage qui a vécu, sans avoir appris à aimer. Et au bout du compte, comment ces deux êtres vont se lier.
La Part du corps 7 étoiles

Un hacker s'est introduit dans la maison d'un individu qui mène une vie bourgeoise. L'arrivée impromptue de ce dernier pousse le jeune voyou à l'attaquer pour s'en libérer. Il en résulte une commotion cérébrale sévère causant un coma chez ce besogneux sans histoire. Le canevas met en relief les préoccupations des penseurs de la Renaissance, qui se sont demandé à quoi pouvait bien servir ce corps que d'aucuns entravaient surtout à l'ère glorieux de l'esclavage. Chez le personnage adulte, il a été réglé au quart de tour pour satisfaire un quotidien sans attaches affectives. Quant au jeune hacker, le moribond imagine que cet ado refuse le sien parce qu'il le sent asservi à la concupiscence qui provoque les abus sexuels. Dans ce contexte, l'auteur invite à repenser l'existence pour que la mort ne devienne pas seulement la libération d'une enveloppe charnelle prisonnière d'autrui et des contingences. La thématique est développée avec une plume qui se caractérise par sa précision chirurgicale.

Libris québécis - Montréal - 82 ans - 6 mai 2014


Croisée des chemins 9 étoiles

J’ai lu ce roman il y’a quelques années. J’avais apprécié cette rencontre entre deux êtres malheureux, trahis par leurs corps en quelque sorte. La prose était tranchante et sans concession. Je garde surtout en mémoire la fin tragique et belle à en pleurer.

Aaro-Benjamin G. - Montréal - 54 ans - 4 décembre 2009