Le dernier protocole
de François-Xavier Heynen

critiqué par Adebran, le 2 janvier 2002
(Namur - 53 ans)


La note:  étoiles
La Quête interdite continue...
La Guerre des Lutins est terminée. Les soldats ont cherché à travers tout le continent, mais sans succès, les Lutins, ces êtres mythiques d'une beauté inouïe et qui possèderaient les Clefs Innombrables. Lassé, le Roi a fini par renoncer. Aujourd'hui, le mot Lutin est proscrit et les vétérans ont renié leur ancienne Quête.
Après son abjuration, Adebran, officier des forces spéciales, est affecté à l'université de Mirwale où il est chargé de la répression des activités subversives. Comment va réagir cet ancien combattant d'élite, formé à traquer les Lutins, lorsqu'un étudiant va prétendre en avoir vu une? Va-t-il couper la langue au jeune homme comme le prévoit la Nouvelle Loi? Ou va-t-il entamer le fameux, mais désormais prohibé, Protocole de Reconnaissance?
L'histoire, développée autour d'une triple quête, est plus une allégorie qu'une véritable aventure, autour du renoncement à son idéal. Il plaira autant aux amateurs d’heroic fantasy que de véritables contes.
Voyage en fantastique 9 étoiles

Le dernier protocole ne se lit pas, il se dévore. Inutile de résister à la quête de “celle que l’on ne peut pas nommerî: les personnages nous entraînent à leurs côtés. On s’enivre au vin de Feuges avec Daidran qui prend la décision douloureuse de tout quitter pour suivre son ami Adébran. On frémit, auprès de Jeanne, aux paroles de Roland transgressant la loi. Les contes indicibles du mage, racontés pour les beaux yeux de Lacice, nous transportent. Et c’est finalement sur l'épaule de la belle que l’on s'endort lorsque le feu apporte encore un peu de chaleur.
L’auteur, François-Xavier Heynen, nous décrit un monde fantastique, jalonné de repères géographiques, historiques et sociologiques propres, dans la grande tradition des fresques du genre. Mais, et c'est ce qui rend la lecture très agréable, l'auteur nous laisse en contact permanent avec les personnages. Ils sont au coeur de chaque page et chaque page est une avancée dans l’histoire et sa compréhension. Le rythme en est haletant.
Ce voyage en fantastique aborde des questions essentielles pour l’homme. Il interroge nos propres contradictions, notre fidélité à des idées, à un engagement, à des valeurs ou à l’amitié lorsque les pressions extérieures se font hostiles. Ainsi Adebran dit-il : " J’ai donc promis. mais quelle est la valeur d’une promesse lorsque la promesse elle-même consiste à nier une autre promesse. Comment puis-je encore promettre ? Oui je peux promettre ! Mais je ne peux pas croire en la promesse. C'est paradoxal : la promesse est multiple, déchirée, incompatible avec elle-même. "

Barabas - Auderghem - 48 ans - 1 février 2002