La double vie d'Anna Song
de Minh Tran Huy

critiqué par CC.RIDER, le 28 novembre 2009
( - 66 ans)


La note:  étoiles
Un roman pour mélomanes
A 8 ans, Paul Desroches rencontre Anna une petite vietnamienne du même âge que lui. Les deux enfants sont élevés par leurs grands-mères respectives. Paul admire le talent d’Anna qui joue du piano avec un talent fou. Quand elle part en Amérique, elle lui écrit tous les jours, puis tous les mois, puis… plus du tout. Malgré cela, Paul continue de lui garder une admiration qui, peu à peu, s’est transformée en amour. Et voilà qu’au décès de sa grand-mère, Anna revient et accepte de l'épouser. Malheureusement le bonheur ne dure pas. Gravement atteinte d’un cancer, Anna ne peut plus jouer en concert, alors elle se contente d’enregistrer en studio. Lorsqu’elle décède, c’est la gloire posthume. Les enregistrements font l’admiration de tous jusqu’au jour où… un admirateur découvre la supercherie. Ces bandes proviennent d'artistes confirmés mais inconnus. C’est le scandale. Et la fin est complètement surprenante.
C'est un fascinant jeu de miroirs dont joue Minh Tran Huy dans ce deuxième roman qui confirme l'avènement d'un univers d'une impressionnante cohérence. Le lecteur retrouve l'omniprésente absence du pays d'origine de l'héroïne, le Viêtnam, dont la réalité magnifiée par le temps et l'éloignement s'enracine dans un silence peuplé de contes. Une petite musique envoûtante qui évoque irrésistiblement les eaux calmes d'un lac, sous lesquelles se jouent - et demeurent - les plus violentes tragédies. Tombeau du premier, du grand, de l'unique amour, entre ode et plaidoyer, ce livre dépeint merveilleusement la folie d'aimer, mais aussi le droit à inventer les vies qui vont avec. Un roman très prenant. A conseiller aux mélomanes...
UNE IMPOSTURE POUR UN AMOUR 8 étoiles

Peut-on mettre au point une imposture médiatique et artistique par amour ? C’est la question que l’on se pose dès la lecture des premières pages du très beau roman de Minh Tran Huy.

Anna Song, pianiste, dont la carrière semble prometteuse, voit sa notoriété sensiblement augmenter par des enregistrements inédits que Paul Desroches, son mari, livre aux criques musicaux . Victime de paralysie partielle des muscles aux doigts, Anna Song s’éteint d’un cancer des ovaires.

Son enfance dans le Viêtnam colonial est décrite avec beaucoup de délicatesse, certains événements tels que la construction par son grand-père d’une maison qui cristallise beaucoup de ses rêves, la fuite du pays, racontée par sa grand-mère, le retour difficile car la maison familiale a été détruite.
Pour se venger d’un sort estimé trop cruel, le mari d’Anna Song lui fait cadeau d’une réputation de virtuose par le biais d’enregistrements truqués et contrefaits, empruntés à d’autres exécutants et attribués à elle.

La description de l’univers musical est très fidèle, celui des critiques, de la presse musicale . Cette affaire est inspirée d’une histoire vraie, celle de la pianiste Joyce Hatto. Ce roman pose très bien la question des limites entre la vérité et le mensonge, l’illusion et la réalité.
L’une des réflexions intérieures du narrateur l’illustre fort bien : « Aux yeux d’Anna, mieux valait un mensonge qui vous apporte la paix qu’une vérité qui vous détruit. Elle ne désirait rien d’autre pour celle qui l’avait élevée qu’une mort sereine-quel qu’en fût le prix –et puisque cela avait été le cas, tout était bien. »
Roman à découvrir.

TRIEB - BOULOGNE-BILLANCOURT - 73 ans - 23 mai 2012


Une plume séduisante 7 étoiles

L'histoire commence par un article de presse publié juste après la mort d'Anna Song pianiste de renom, emportée par un cancer. Elle laisse une oeuvre musicale importante que la presse spécialisée encense grâce aux nombreux enregistrements que son mari Paul Desroches envoie étant son producteur. Paul tient un journal où il raconte son enfance meurtrie par le décès tragique de ses parents, sa vie chez sa grand-mère qui lui fait rencontrer Anna Song d'origine vietnamienne, leur complicité et son amour grandissant pour cette fille promise à une carrière de pianiste internationale, son désarroi quand elle s'en va vivre aux Etats-Unis avec ses parents. A un moment, tout bascule. La presse émet des doutes quand à l'origine des enregistrements, il y a trop de similitudes avec d'autres, le scandale s'installe. Paul continue d'évoquer avec nostalgie sa vie avec Anna Song qui revient en France... Une grande part est donnée aux origines de l'auteur, le Vietnam, ce qui permet de s'évader d'une ambiance un peu fermée. N'étant pas mélomane pour deux sous, je n'ai pas attaché grande importance aux oeuvres musicales et compositeurs cités. L'auteur s'est Inspiré de l'histoire vraie de la pianiste Joyce Hatto. Cette histoire d'amour fou, sur fond d'impostures séduit, intrigue et questionne, le tout dans un style d'écriture soutenu agréable.

Oops - Bordeaux - 58 ans - 20 octobre 2011


Pathétique et ennuyeux 4 étoiles

J’ai eu le sentiment de tourner en rond dans ce roman dont la structure était pourtant prometteuse, exposant un récit linéaire de la vie du héros, Paul Desroches, depuis son enfance jusqu’à l’âge adulte, récit régulièrement interrompu, par des chapitres rédigés en italique sous la forme d’articles de presse, lesquels apportaient de manière rétrospective, des éléments surprenants quant à sa relation amoureuse avec Anna Song, pianiste éminente, trop tôt disparue.

Après que le roman se soit terminé par un rebondissement assez confus, le lecteur est en droit de se demander si cet ouvrage n’est pas plutôt prétexte pour l’auteure à nous décrire son beau pays, le Vietnam, ses paysages, son art culinaire, son culte des ancêtres, ses bouleversements politiques.

En conclusion, nous sommes ici confrontés à un ouvrage de moins de 200 pages que l’on peine pourtant à terminer tant sont nombreuses les redondances relatives aux références musicales, et aux difficultés d’Anna Song, aux prises avec le syndrome de la crampe du pianiste.

Ori - Kraainem - 89 ans - 30 novembre 2009