La comtesse de Cagliostro
de Maurice Leblanc

critiqué par Killeur.extreme, le 26 novembre 2009
(Genève - 42 ans)


La note:  étoiles
La première aventure d'Arsène Lupin, mais pas la première à lire.
En 1894, Raoul d’Andrésy, futur Arsène Lupin qui préfère le nom de sa mère "plus honorable" que celui de son père Lupin, ancien professeur de gymnastique et voleur, a 20 ans et il est amoureux de Clarisse d'Estrigues, mais il essuie un refus de la part du père de Clarisse. Pour se venger il décide de cambrioler son futur-beau-père et c'est là qu'il découvre que celui-ci et ses complices, ainsi que Baumagnan chef de la bande, prévoient de juger et de condamner Joséphine Balsamo Comtesse de Cagliostro, qui serait la fille du célèbre magnétiseur à qui Alexandre Dumas a consacré ses romans du cycle "Les mémoires d'un médecins", Raoul sauve la comtesse et par amour décide de l'aider à trouver un trésor avant Baumagnan et sa bande....

Comme d'autres auteurs, Simenon avec "La première enquête de Maigret" publié 10 ans après la création du personnage, Leblanc décide de raconter comment Raoul d'Andrésy est devenu Arsène Lupin et éclaire certains aspects du personnages, son insolence et son intelligence sont déjà présent.

Le roman se lit avec un plaisir évident, le mélange entre roman policier, mystère, chasse aux trésors rend vraiment Arsène Lupin unique. Deux points de critique, il faut quand même connaître le personnage pour lire ce roman, ce n'est pas le premier à lire si on veut le découvrir, le traitement de la Cagliostro m'a un peu surpris, l'inspiration générale est la Milady de Dumas, preuve une fois de plus que Leblanc a lu et aimé Dumas, mais la Cagliostro peut torturer froidement une femme sans faillir et se trouver mal la scène suivante. Par contre la relation amour-haine entre deux natures aussi impitoyables est un des enjeux majeur du roman.

Que dire de plus, je conseille la lecture bien sûr.
Incontestable réussite 9 étoiles

Après plusieurs livres en dents de scie, Leblanc nous offre, ici, clairement une des meilleures aventures de son fameux Arsène Lupin, sa meilleure depuis "813". Et ici, c'est tout simplement à une genèse du personnage que l'on assiste, on se demandait si c'était son vrai nom, et on découvre ici son identité véritable, Raoul d'Andrésy. Ici, le futur Lupin (le nom de son père) n'a que 18 ans, il va vivre sa première histoire d'amour véritable, et un peu compliquée celle-ci, car il tombe in love d'une jeune femme qu'il sauve d'une mort certaine, ayant surpris un complot contre elle : Joséphine Balsamo, alias la comtesse de Cagliostro, qui serait la fille du fameux Cagliostro, et aurait rien de moins que 106 ans, tout en ayant l'apparence d'une jeune femme. Qu'il y croie ou pas, Raoul/Lupin est subjugué, et va aider la belle à retrouver un trésor issu de l'Eglise française, caché pendant la Révolution. Mais se doute-t-il que la Cagliostro n'est vraiment pas ce qu'elle prétend être ?

Un excellent roman dont Leblanc donnera une suite une dizaine d'années plus tard.

Bookivore - MENUCOURT - 42 ans - 4 novembre 2024


A lire, à relire... on ne s'en lasse pas ! 9 étoiles

Ce roman de Maurice Leblanc est surprenant mais pas tant à cause de l’histoire elle-même – et nous prendrons le temps d’y revenir - qu’à cause de son positionnement dans la série. En effet, en terme chronologique, c’est celui qui ouvre la saga lupinesque, celui qu’il faut lire en premier – on dirait aujourd’hui qu’il s’agit de Lupin Origines – alors que dans l’ordre d’écriture par Maurice Leblanc il s’agit du douzième (1924).

Il faut dire qu’au départ, Maurice Leblanc ne savait pas qu’en inventant le personnage d’Arsène Lupin il en prenait pour tout le reste de sa vie. Il a bien fallu qu’il étoffe son personnage et c’est venu au fur et à mesure, à travers des bribes distillées dans un roman ou un autre à travers une discussion secondaire, une lettre retrouvée, un témoignage surprenant… Avec ce roman, La Comtesse de Cagliostro, nous allons trouver un jeune homme encore vierge de toute aventure, enfin, presque… N’exagérons quand même pas !

Je ne veux pas non plus tout vous révéler ici, juste vous donner envie de découvrir ce personnage emblématique de la littérature policière française. Tout d’abord, il s’agit d’un héros au sens le plus noble du terme. Certes, il est voleur – on ne peut pas le nier et vous aller découvrir qu’il n’a pas attendu trop longtemps pour faire son coup d’essai dans ce domaine – mais il ne tue jamais, il n’a pas confiance dans les armes à feu, il craint les alliances avec les mauvais truands et les gangsters de bas-chemins… Il est « classe », il se tient bien en société, il s’adapte à toutes les situations. Il peut, d’ailleurs, tenir le rang du plus grand prince d’Europe comme il peut casser une croûte avec un ouvrier de la voirie sur un coin de comptoir dans un bistro malfamé… Les jeunes d’aujourd’hui diraient qu’il est « trop », tout simplement !

Mais est-ce bien là de la littérature policière ? Pour moi, oui, c’est le cas sans aucun doute. En effet, la littérature policière est une sorte de jeu, une murder party, c'est-à-dire que l’on est face à un cadavre et on doit trouver qui a tué, comment et pourquoi ! Avec Lupin, on a souvent une énigme, un trésor à découvrir, un traitre à démasquer, un honneur à rétablir, un innocent à sauver, une belle à secourir… et il nous faut réaliser cette mission avant Lupin qui peut être considéré, sous l’angle du roman policier, comme l’enquêteur.

Il y a aussi, dans ces romans de Maurice Leblanc, un aspect politique. En effet, Lupin se bat contre un ordre moral établi, contre un système qui exploite trop les pauvres gens. Arsène Lupin a un petit côté nihiliste, même s’il ne faut pas transformer ces romans populaires – parus à l’époque en feuilletons – en ouvrages politico-philosophiques !

Quant à Maurice Leblanc, ne sous-estimons surtout pas sa prose, il a commencé par des textes assez littéraires, reconnus par la critique et certains de ses contemporains, et dans ses romans policiers il a toujours écrit avec talent, avec originalité et ce n’est pas étonnant de voir certains jeunes lecteurs échouer dans leurs tentatives de lecture : vocabulaire trop riche !

Alors, revenons à ce roman La comtesse de Cagliostro. Nous entrons dans le cœur lupinesque des aventures historiques. En effet, le but ultime d’Arsène Lupin est de s’approprier le trésor laissé par les rois et autres tenants de l’ancien régime. Pour cela il faut résoudre des énigmes, celle que Cagliostro prétendait pouvoir résoudre lui-aussi, à savoir :

In robore fortuna
La dalle des rois de Bohème
La fortune des rois de France
Le chandelier à sept branches

Un quatrain pour une fortune incommensurable et rien que cela fait rêver sans fin le jeune Raoul d’Andrésy… Oui, j’ai oublié de vous dire que ce personnage d’Arsène Lupin change très souvent de nom voire d’aspect physique…

Mais ce roman est aussi celui où Lupin va fréquenter une certaine jeune fille, la belle et douce Clarisse… Première belle histoire d’amour qui ne sera pas sans conséquences dans sa longue vie, mais c’est une toute autre histoire que vous découvrirez en temps voulu…

Reste à découvrir cette fascinante jeune femme qui porte le nom de comtesse de Cagliostro. Serait-elle la fille du fameux Cagliostro… mais, alors, quel âge aurait-elle vraiment ? Serait-elle en possession de la potion de la jeunesse éternelle ? Une sorcière incroyable se retrouverait-elle sur le chemin de Lupin ? Et si nous avons là une sorcière, qui va oser la brûler ? Lupin ?

Bien sûr, tout cela va être complexe à souhait avec de très nombreux personnages, des rebondissements incroyables et imprévisibles… J’avoue que j’aime beaucoup ce roman, que je viens de prendre encore beaucoup de plaisir à le relire et que je ne me lasse pas de ces romans d’aventures de Maurice Leblanc que l’on dit être le père français du roman policier d’aventures… ce qui est toujours un peu excessif et catégorique…

On peut tout à fait commencer la découverte d’Arsène Lupin par ce roman et on pourra poursuivre par l’Aiguille creuse qui s’intéresse de près à une autre partie du quatrain de la richesse absolue. Tout se tient !

Quant à ceux qui n’aiment pas Lupin, ne vous inquiétez pas, on peut aussi vivre sans… mais c’est seulement un petit moins pour vous !

Shelton - Chalon-sur-Saône - 68 ans - 15 mars 2014